Joseph Ratzinger était encore jeune séminariste lorsqu’il a découvert, en 1946, L’Esprit de la liturgie, ouvrage publié par le théologien Romano Guardini un quart de siècle plus tôt. C’était l’ouvrage de référence du Mouvement liturgique qui s’est développé depuis les années 1920 en Allemagne, en Belgique et en France. Il reconsidérait la liturgie comme prière de l’Église, qui rend à nouveau le Christ présent et agissant. Le cardinal Ratzinger publiera en 2000 un ouvrage au titre similaire qui ne répétait pas celui de Guardini et qui prenait en compte l’évolution de la liturgie depuis le concile Vatican II.
La messe, source et sommet
Sans remettre en cause la Constitution conciliaire sur la liturgie et la « nouvelle messe » qui en est issue, le cardinal Ratzinger constatait que dans de nombreuses églises – au moins dans certains pays – les célébrations liturgiques ont connu des déviations et des abus. Qu’un esprit de désacralisation s’est répandu. Que la créativité l’a parfois emporté sur la célébration des Mystères sacrés. La « divine liturgie », qui est « le lieu de la descente de Dieu dans notre monde », a été remplacée, en bien des endroits, par une sorte d’« auto-célébration ».
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