Le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a défini la venue de Benoît XVI au Liban comme « un acte de grand courage et d’espoir ». La situation du Proche-Orient s’est dégradée depuis que la décision du Pape de se rendre à Beyrouth a été prise. La Syrie, si étroitement associée au Liban, est en pleine guerre civile, tandis qu’on s’interroge sur une prochaine intervention armée d’Israël sur l’Iran, dont les dirigeants sont eux-mêmes liés au président Bachar el-Assad. Plus que jamais le déséquilibre de cette région stratégique met en péril la paix, et les espoirs mis dans les Printemps arabes se trouvent compromis par des impasses politiques et des dérives fondamentalistes. Et que dire de la situation des chrétiens ? La question de leur disparition pure et simple de cette région est posée pour le proche avenir.
Le Pape doit remettre sur place aux évêques l’exhortation apostolique, issue des travaux du Synode des évêques d’octobre 2010, qui concernait précisément les chrétiens au Moyen Orient. Loin d’être dépassée par la gravité des événements, l’exhortation se trouve plus que jamais pertinente dans sa définition des objectifs de l’Église, compte tenu de la diversité des communautés d’appartenance. Les relations avec l’islam constituent la première des priorités, à l’heure où les divisions confessionnelles compromettent les relations entre États et au sein des États. La question d’Israël demeure comme un défi et les progrès réalisés dans le dialogue entre christianisme et judaïsme ne peuvent malheureusement se prolonger efficacement dans de nouveaux rapports interreligieux à l’échelle du monde arabe. Les quelques lueurs d’espoir mises en évidence par le Vatican, telle la récente déclaration de l’université égyptienne d’Al-Azhar, ne concernent encore que d’infimes minorités.
Dans ce contexte périlleux, le Saint-Père fera tout pour conforter la population chrétienne d’un Liban qui demeure une exception par rapport aux autres pays de la région. C’est la solidarité de toutes les Églises qui s’affirmera par la voix de l’évêque de Rome. On se souvient du beau succès de la visite de Jean-Paul II, qui avait réconforté après les malheurs d’une éprouvante guerre civile. Son successeur vient lui aussi apporter un message de confiance au moment où les chrétiens ont besoin de tout leur courage et la population entière d’une ouverture à la réconciliation.