Entre la Pologne et la Russie, la Biélorussie (ou Bélarus) est le dernier pays d’Europe à subir une dictature communiste. Le président Loukachenko a été une nouvelle fois réélu (en 2006) avec 84% des voix. Entaché d’irrégularités, le scrutin n’a laissé aucune chance à l’opposition, dont beaucoup de membres ont été jetés en prison.
Durant la période soviétique, la population de Biélorussie a été privée de sa propre histoire, la religion mise hors la loi. Des églises ont été dynamitées, des prêtres internés, les croyants persécutés. De plus, le pays a été l’un des principaux champs de bataille de la deuxième guerre mondiale. Les destructions et les pertes humaines y ont été massives. Les populations juives ont été éradiquées.
Aujourd’hui, après dix-sept ans d’indépendance, le pays a du mal à trouver une souveraineté. Le grand frère russe, redoutant une évolution politique « à l’ukrainienne », et espérant toujours plus ou moins une réunification, s’accommode des foucades du fantasque président Loukachenko.
Selon le Conseil de l’Europe, il y a lieu d’être sérieusement inquiet pour les droits de l’homme en Biélorussie. Le taux d’incarcération est l’un des plus élevés du monde et c’est le seul pays d’Europe où l’on procède encore à des exécutions capitales.
Pourtant, à la différence de l’époque soviétique, les Églises jouissent d’une relative liberté. Elles sont un lieu d’espérance pour un monde figé dans son passé et contraint à l’immobilisme.
La Biélorussie compte près de 10 millions d’habitants dont la moitié sont orthodoxes (et près de 20 % catholiques). Parmi les grandes figures de l’Église catholique, le cardinal Kazimierz Swiatek, archevêque de Minsk, n’a renoncé à sa charge pastorale qu’il y a deux ans, âgé alors de 92 ans, et n’a été remplacé qu’en septembre dernier par Mgr Tadeusz Kondrusiewicz, jusqu’alors archevêque de Moscou. Ayant échappé miraculeusement à la mort à plusieurs reprises, il a été le témoin du martyre de son Église pendant la persécution nazie et soviétique et a lui-même passé dix ans au goulag.
Nommé évêque en 1991 par Jean-Paul II puis fait cardinal en 1994, il a été l’un des principaux acteurs de la renaissance de l’Église catholique en Biélorussie. Il y a quelque temps, il confiait à ‘l’Aide à l’Église en détresse’ sa joie de voir renaître son Église : « la persécution des chrétiens a pris fin… la propagande athée et antireligieuse a disparu. Au moins une liberté de culte relative règne… ».
Le Cardinal Swiatek pouvait se féliciter de la construction de nouvelles églises, de la renaissance d’une structure ecclésiastique avec 14 diocèses, de l’augmentation du nombre de prêtres, d’une centaine de séminaristes en formation… De plus le président Loukachenko a fait transmettre, par le cardinal Bertone, qu’il recevait en juin dernier, une invitation au Pape Benoît XVI à se rendre en Biélorussie. Une telle invitation, qui peut être mal prise par le patriarcat de Moscou, est un signe difficile à interpréter en termes d’œcuménisme et de relations internationales. Du moins peut-on espérer qu’elle prélude à une interprétation plus libérale de la loi d’octobre 2002 qui, sous prétexte de restreindre l’activité des sectes, contraignait les prêtres étrangers à renouveler leur visa tous les trois mois et avait été la cause de nombreuses expulsions de prêtres catholiques ou de pasteurs protestants.