Né à Mardine (actuellement préfecture de la province du même nom au sud-est de la Turquie, à 20 km de la frontière syrienne) en 1858, Flavien Michel Melki avait vu sa mère assassinée la même année, lors de massacres de chrétiens par les Ottomans.
Évêque de Mardine à partir de 1913, il connaîtra le génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens en 1915. Refusant de s’exiler il décide de mourir dans son diocèse au milieu des siens. Perpétrés essentiellement par des tribus kurdes, encouragés par le gouvernement jeune-turc d’alors, les massacres feront 75 000 morts parmi les chrétiens de cette région (le génocide a fait au total plus de 1 200 000 victimes chrétiennes).
Comme le raconte le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, « il est arrêté le 28 août aux côtés de l’évêque chaldéen Jacques Abraham, et les deux religieux sont exhortés à se convertir à l’islam. Ils refusent : Mgr Abraham est tué d’un coup de fusil tandis que Mgr Melki, alors âgé de 57 ans, est frappé jusqu’à ce qu’il perde connaissance, avant d’être décapité. Son corps sera jeté dans le Tigre. […] Le nouveau bienheureux est le second évêque oriental à être reconnu par le Vatican comme martyr « in odium fidei » (en haine de la foi). En 2001, Jean-Paul II avait béatifié dans les mêmes conditions Mgr Ignace Maloyan, archevêque arménien-catholique de Mardine. »
Les meurtriers n’appartenaient pas à Daesch, mais ne valaient pas mieux et obéissaient à une idéologie islamique tout à fait comparable, utilisant exactement les mêmes méthodes que les terroristes d’aujourd’hui…
Comme le dit encore le quotidien libanais : « La cérémonie s’est tenue en présence des trois patriarches maronite, grec-melkite catholique et arménien-orthodoxe, Béchara Raï, Grégoire III et Aram Ier, de représentants de tous les patriarches orientaux ainsi que des nonces apostoliques au Liban et en Syrie, Gabriele Caccia et Mario Zenari. C’est le préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal Angelo Amato, qui a lu la bulle papale conférant à l’évêque martyr le titre de bienheureux. »
Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient était présent et a lu un message d’amitié de Mgr Georges Pontier président de la Conférence des évêques de France.
Le patriarche Ignace Youssef III Younan des syro-catholiques, qui présidait la cérémonie, a, lui, prononcé un discours vigoureux rappelant les Occidentaux à leur devoir de soutien et d’hospitalité à l’égard des réfugiés et les chrétiens libanais à cesser de bloquer, par leurs divisions politiques, l’élection d’un président dont le Liban n’a jamais eu autant besoin.
Le lendemain, à Rome, le Pape a déclaré : « Il y a plus de martyrs aujourd’hui que dans les premiers siècles. Que la béatification de cet évêque martyr répande dans le cœur de nos frères persécutés consolation, courage et espérance. »