Le 4 octobre, le président de la République a présenté son projet de réforme de la Constitution devant le Conseil constitutionnel. Aux côtés de mesures intéressantes, comme la possibilité d’élargir le référendum aux sujets de société – ce qui permettrait par exemple de pouvoir sonder le peuple français sur les questions migratoires –, figure l’inscription de l’avortement dans la Constitution.
Vieille proposition de La France insoumise reprise à son compte par la majorité présidentielle, la constitutionnalisation de l’avortement pourrait déboucher sur la création d’un nouvel article 66-2 de la Constitution qui stipulerait que « nul ne peut être privé du droit à l’interruption volontaire de grossesse ». Cruelle ironie du sort quand on sait que cet article serait dès lors placé juste après celui qui interdit la peine de mort… C’est une mesure hautement symbolique pour Emmanuel Macron, peu intéressé par les questions sociétales, mais qui n’hésite pas à les utiliser afin de donner des gages à son aile gauche. En effet, cette disposition n’aura guère de portée pratique puisque le Conseil constitutionnel a déjà donné en 2017 une valeur constitutionnelle à la possibilité de recourir à l’IVG, en se fondant sur l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui évoque – de manière très générale – le droit à la liberté.
C’est donc une fuite en avant qui n’a rien de rationnel surtout quand on sait qu’aujourd’hui, personne – hélas ! – dans la classe politique, parmi les élus de premier plan, ne remet en cause le droit à l’avortement. Tout laisse à penser que celui-ci est devenu un nouveau dogme – et peut-être le premier d’entre eux – du catéchisme progressiste véhiculé depuis 50 ans.
« Ôtez le surnaturel, il ne reste plus que ce qui n’est pas naturel », affirmait prophétiquement Chesterton. De fait, la nature ayant horreur du vide, l’éviction du Décalogue comme principe de référence des sociétés occidentales s’accompagne logiquement de la déification des principes qui lui sont contraires.
Naguère une possibilité ouverte par la loi, l’avortement est devenu un droit fondamental idolâtré au point que sa contestation – même théorique – ne puisse être possible. Cette surenchère est dans la logique des choses : quand une loi est contraire à l’ordre naturel, il faut la promouvoir sans cesse toujours plus haut, sous peine que la nature reprenne ses droits, selon la formule du Père Popieluszko : « C’est le mensonge qui réclame du monde car il a toujours besoin d’être renouvelé, alimenté. » Au contraire de la vérité que l’on affirme paisiblement et qui, à la longue, aura toujours le dernier mot.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
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- A propos du projet de loi espagnol sur l’avortement
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