Avez-vous jamais pensé que vous aviez connu un saint? - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Avez-vous jamais pensé que vous aviez connu un saint?

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Ce matin, la messe de funérailles pour un prêtre nommé Arne Panula sera concélébrée par le cardinal Donald Wuerl avec d’autres prêtres, à la cathédrale Saint Matthieu dans le centre de Washington D.C. Il était à la tête de l’Opus Dei aux Etats Unis, est mort d’un cancer au début de cette semaine, et a été longtemps une des figures les plus influentes spirituellement dans la capitale du pays, et au dehors. Ce « Père Arne » comme l’appelaient ses nombreux amis et admirateurs, était un prêtre dans toute la force du terme. Son nom n’est pas – encore – très connu. Mais personne ne serait choqué, le connaissant, si cette obscurité relative devait un jour se dissiper.

En guise de hors d’œuvre, il y a son extraordinaire histoire, y compris le fait que les paradoxes apparents de sa vie se sont résolus un par un, en faveur de la beauté et de la sainteté. Il était un enfant prodige en maths et sciences, mais il a toutefois été diplômé en anglais, et a eu toute sa vie une dévotion pour Shakespeare et Keats ; son sens aigu de la langue qui en est résulté, s’est révélé un des instruments chirurgicaux de son kit de conversion. Elève de Harvard, et d’autres lieux laïcs, et environné d’amis mondains, il a toutefois joyeusement lancé sa vie vers Dieu, et il a été ordonné en 1973.

D’une beauté saisissante, il ressemblait étrangement au jeune Karol Wojtyla, il allait témoigner devant de nombreuses personnes – spécialement des jeunes – que leurs âmes dépendaient de leur beauté intérieure, non extérieure.

Considérons le travail missionnaire du père Arne, dans ce qui peut être considéré comme l’un des territoires les moins prometteurs du monde : la capitale du pays. Là, dans un quartier d’affaires, rempli de juristes et de lobbyistes, il présidait avec un élan contagieux le centre au nom banal de Centre d’information catholique – un centre social, intellectuel et spirituel puissant comme aucun autre, établi carrément sur la rue K, (D.C.), qui est notoirement louche.

Comme ses prédécesseurs le père C.J. McCloskey et Monseigneur William Stetson, et avec l’aide d’une équipe dévouée, menée par Mitchell Boersma, le Père Arne s’est assuré que des pèlerins de toutes sortes viendraient migrer à cet endroit : des sénateurs et des juges de la Cour suprême, des touristes et des amateurs de livres, des esprits troublés à la recherche d’un soutien, et autres errants. Certains sont attirés par la chapelle du CIC, le tabernacle le plus proche de la Maison Blanche. D’autres viennent à la recherche d’une camaraderie, ainsi qu’une vie sociale et conviviale. D’autres cherchent le confort intellectuel du CIC : l’extraordinaire collection de livres ; la bourse du Forum du Lion pour l’étude des classiques de la pensée sociale catholique ; les séries qu’on peut lire toute la vie ; les programmes de conférences du soir présentant des auteurs du monde entier.

Quelle que soit leur histoire individuelle, cette famille recomposée de convertis, de reconvertis, de catholiques depuis le berceau, de non catholiques – et même de quelques anticatholiques – se révèle la preuve vivante d’un fait spirituel audacieux à une époque marquée par la sécularisation : fortifié morceau par morceau, un cheval de Trois empaqueté pour la nouvelle évangélisation a été roulé dans le corridor de la ville réputée la plus puissante – et il va continuer son travail contre culturel en profondeur sous le successeur du Père Arne, le père Charles Trullols.

On doit aussi reconnaitre une autre rareté : la grâce avec laquelle le père Arne a mené sa vie tandis que le sablier se vidait. Pendant des mois il a continué son travail au CIC, et les médecins l’ont finalement envoyé en soins palliatifs au cours de l’hiver 2017 – juste avant le carême. Puis la Providence a envoyé une nouvelle balle courbe. Contrairement aux prédictions, le père Arne n’a pas seulement survécu quelques jours ou semaines, mais des mois plus longtemps que les algorithmes médicaux ne l’avaient prédit.

La manière dont il n’a pas succombé comme prévu, de même que sa vigueur, semblaient défier toute explication. « Je suis en train de mourir », disait-il en riant il y a quelques semaines, «  et je jouis de certaines des meilleures heures de ma vie. » Jusqu’à la cinquante neuvième minute de la onzième heure, il irradiait une vitalité difficile à accorder avec l’idée que des cellules de mort avaient explosé partout à l’intérieur. « Il nous apprend comment mourir » a fait observer un ami. «  Il se comporte comme un saint » disaient d’autres amis.

Des effets si dérangeant sur les passants – ce qui est une bonne chose – se répandaient. Quelques mois avant qu’il entre en soins palliatifs, certains amis ont commandé un portrait de lui à l’artiste maître Igor Babailov. Babailov, un des meilleurs portraitistes du monde, a peint de nombreuses personnalités d’influence, parmi lesquelles des titans de l’industrie, des chefs d’état, et trois papes. Le fait qu’il n’ait accepté de poser que pour un portrait au fusain est caractéristique de l’humilité du père Arne ; le moindre rendu de couleur, disait-il aurait pu paraître immodeste.

Igor Babailov a dit que lorsque ce prêtre avait posé, c’avait été l’une des deux expériences les plus émouvantes qu’il avait jamais vécue (l’autre, disait-il, était l’expérience du portrait de Jean Paul II.) En même temps que l’artiste travaillait sur ce portrait, sa femme Marie a raconté à des amis une autre histoire qui a vite fait le tour. « Je vais toujours au studio pour voir ce que fait Igor » dit-elle «  Il y a un portrait qu’il est en train de créer en ce moment, que je ne peux pas arrêter de regarder. Je n’ai jamais rencontré ce prêtre de DC qu’il est en train de dessiner. Mais je ne peux pas me débarrasser de l’impression que j’ai chaque fois que je le vois : Cet homme doit être un vrai saint. »

C’est une pensée qui pèse maintenant sur les esprits de ceux qui lui disent au revoir. Il y a quelques semaines, j’ai demandé au père Arne de partager ses souvenirs de Saint Josemaria Esteban, fondateur de l’Opus Dei, qu’il avait connu en Espagne avant de devenir prêtre. « Tous mes amis, et d’autres ont voulu savoir la même chose quand Josemaria a été canonisé », a dit le père Arne avec désinvolture. « Tout le monde m’a posé exactement la même question : ‘avez-vous jamais pensé que vous aviez connu un saint ?’ »

Témoins de quelques faits inexpliqués – La parade des convertis, la joie indubitable d’un homme en train de mourir tout au long de la dernière ligne droite, la foi contagieuse en un Dieu qui donne tout ce dont ses enfants ignorants ont besoin, et d’autres étrangetés – on peut comprendre pourquoi certains d’entre nous en tous cas, qui sommes encore en ce bas monde, nous nous posons la même question.

22 juillet 2017

Photo : Père Arne Panula.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/07/22/did-you-ever-think-youd-known-a-saint/