« Avec la grâce de Dieu » - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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« Avec la grâce de Dieu »

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Avant mon ordination en 1990, lorsqu’on me demandait quand je serai ordonné, je répondais (comme les autres candidats aux sacrements de l’Ordre) : « En mai prochain, si Dieu le veut. » A cette époque-là, je pensais que c’était une phrase parfaitement humble et pieuse, recommandant mon avenir à la providence de Dieu.

Mais un examen plus poussé de la phrase révèle un orgueil potentiel. Jusqu’à l’ordination, en utilisant la même logique, je pouvais conclure que le fait de mon ordination à la prêtrise était certainement la volonté sacrée de Dieu.

Mais peut-être ne l’était-ce pas. Peut-être était-ce ma propre volonté, peut-être une erreur de l’évêque.

Le danger de présumer de la volonté de Dieu est illustré à l’extrême par la transcription glaçante d’une conversation interceptée entre des terroristes islamistes. L’appel fut enregistré pendant les attaques de 2008 à Bombay. Au moins 173 personnes furent tuées et 308 blessées.

Appelant : « Garde à l’esprit que les otages ne sont utiles que tant que tu ne te trouves pas sous le feu à cause de leur sécurité. Si tu es toujours menacé, ne t’accable pas du fardeau des otages, tue-les immédiatement. »

Appelé : « Oui, nous ferons comme ça, si Dieu le veut. »

Appelant : « L’armée déclare avoir fait le travail sans qu’aucun otage n’ait été blessé. Autre chose : Israël a émis une requête par les canaux diplomatiques pour sauver les otages. Si les otages sont tués, cela gâtera les relations entre l’Inde et Israël. »

Appelé : « Ainsi soit-il, si Dieu le veut. »

« Si Dieu le veut ? » Quelle présomption à couper le souffle !

Dans les années quatre-vingt-dix, le cardinal Ratzinger a parlé de la volonté de Dieu et de l’action de l’Esprit Saint lorsque l’Église choisit les papes.

Interrogé par la télévision bavaroise sur le fait que le Saint-Esprit est ou non responsable de l’élection d’un pape, il disait :

« Je ne dirais pas cela ainsi, au sens où le Saint-Esprit choisit le pape… Je dirais que l’Esprit ne prend pas exactement l’affaire sous contrôle, mais plutôt, comme un bon éducateur, Il nous laisse beaucoup de place, beaucoup de liberté, sans nous abandonner complètement. Donc, le rôle de l’Esprit doit être compris dans un sens beaucoup plus élastique, pas dans celui où Il dicterait le candidat pour qui l’on doit voter. La seule assurance qu’Il offre probablement est que la chose ne peut être totalement ruinée. Il y a trop d’exemples contraires de papes que le Saint-Esprit n’aurait à l’évidence pas choisis ! »

Même un pape n’est pas nécessairement le « choix » du Saint-Esprit. Mais Sa Grâce protège néanmoins l’Église : « Je te le dis : tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre Elle. » (Mt, 16, 18).

Jusqu’à l’ordination, Dieu peut avoir d’autres plans sur moi, avec des attirances de la grâce dans telle ou telle direction. Ainsi, mon ordination – ou si j’avais refusé l’ordination – peut avoir été la volonté permissive de Dieu.
Mais après l’ordination, par le moyen de la grâce du sacrement, Dieu ratifie la volonté de Son instrument humain. Lors de l’ordination, Il me donne la grâce suffisante provenant de Son Corps mystique pour que je remplisse mes tâches de prêtre et que je célèbre validement les sacrements.

Quelque chose de similaire peut être dit à propos du mariage. Dieu, en un sens, ratifie notre choix d’entrer dans un mariage valide même si la décision peut avoir été, selon des points de vue variés, imprudente. « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » (Mc 20, 9)

Tel est le mystère de l’interaction entre la volonté de Dieu et de Son Église, et notre libre réponse « avec Sa grâce ».

Cependant, il est saint et bon de s’efforcer de faire la volonté de Dieu. Le psaume 119 est particulièrement profitable pour la prière. Mais notez l’humilité du psalmiste dans cet extrait : « Apprends-moi à bien saisir, à bien juger : je me fie à Tes volontés. Avant d’avoir souffert, je m’égarais ; maintenant, j’observe Tes ordres. Tu es bon, Tu fais du bien, apprends-moi Tes commandements. » (Ps 119, 67-68)

Le psalmiste ne présume pas qu’il est facile de discerner la volonté de Dieu et il dépend de la grâce de Dieu pour apprendre et choisir Ses commandements.
Bien sûr, lorsque nous ne respectons pas l’un des dix commandements, ou les préceptes de l’Église, nous pouvons facilement dire que nous avons « échoué à faire la volonté de Dieu. » Mais dans les choix de tous les jours qui concernent la prudence et la vocation de chacun, la volonté de Dieu est plus difficile à discerner.

Et il peut être quelque peu présomptueux d’affirmer avec assurance que nous avons « accompli la volonté de Dieu », sauf peut-être bien après les faits, après avoir beaucoup prié et médité, lorsque chaque chose semble sensée, avec la grâce de Dieu. Nous sommes alors capables de sentir avec confiance si nous sommes sur le chemin de Son plan, ou si nous avons déraillé et avons besoin de recalibrer nos vies, avec Sa grâce.

Par conséquent, dans leur manière habituelle de parler de Dieu, les catholiques devraient être (et sont généralement) plus enclins à dire : « Avec la grâce de Dieu » plutôt que « Plaise à Dieu ». La grâce n’est rien d’autre que la présence et l’action du Saint Esprit dans et sur nos âmes.

Et la source de grâce la plus fiable est l’Église et les sacrements. Lorsque nous invoquons Sa grâce et prions pour Son assistance, nous ne présumons pas que Sa volonté sera faite. Nous espérons que Sa volonté sera accomplie à travers nous malgré notre faiblesse, si nous sommes réactifs à Sa grâce.
Jésus respecte toujours le cadeau de la liberté. Il ne Se force jamais Lui-même ou son Esprit, sur nous. C’est la raison pour laquelle cette magnifique et brève prière de demande, « avec la grâce de Dieu », devrait être fréquemment sur nos lèvres et dans nos cœurs. Nous ne pouvons rien faire qui ait valeur éternelle sans Lui.

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Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/06/15/with-gods-grace/

Grâce divine et œuvres humaines par Ludwig Seitz, c. 1900 [Musée du Vatican]

Le père Jerry J. Pokorsky est prêtre du diocèse d’Arlington. Il est curé de la paroisse Sainte Catherine de Sienne à Great Falls, Virginie.