Hâtivement décidée et annoncée brusquement, la mesure d’abaissement de la vitesse-limite de 90 à 80 km à l’heure sur le vaste réseau des routes nationales à deux voies et des départementales paraît d’une efficacité relative, sinon… limitée en matière de sécurité routière. En revanche, il est clair qu’elle produira des résultats financiers avantageux pour un Etat dont les caisses sont vides après les politiques désastreuses de plusieurs mandatures précédentes. Ceci avec le produit des amendes auxquelles on peut s’attendre, à l’encontre des automobilistes en cours d’apprivoisement… Mais cette mesure, imposée d’une façon très générale et assez théorique, ne semble pas aussi adaptée aux impératifs de la sécurité qu’on le déclare : elle ne tient guère compte de la diversité d’un réseau routier dont les dangers, les obstacles et la qualité d’entretien sont inégalement répartis, à travers notre pays au relief et aux climats locaux très variés.
Question : pourquoi ne pas avoir plutôt augmenté les zones limitées à 70 km/h, système déjà en vigueur, et qu’on pouvait faire respecter davantage ?
Autre question : pense-t-on aussi à lutter contre d’autres facteurs « accidentogènes » autrement plus redoutables que la simple vitesse ? par exemple, outre l’alcool au volant, la consommation de drogue, phénomène à laquelle on semble peu sensibilisé, le contrôle de la santé de certains conducteurs âgés aux réflexes émoussés, et plusieurs comportements à risque comme l’absence de respect des distances de sécurité entre véhicules, un vrai fléau, notamment sur les autoroutes, où il tourne à des modes de conduite criminels – foncer à plus de 130 sur la voiture qui précède – qui semblent aujourd’hui largement impunis, alors qu’ils sont au moins çà et là repérables et passibles de sanctions dissuasives, quitte à faire une campagne nationale de sensibilisation. On annonce un combat contre l’usage du téléphone au volant : très bien, mais quoi d’autre ?
Cependant, la logique de l’augmentation de la ponction financière des contraventions, s’ajoutant à l’augmentation des taxes sur les carburants et à celle des péages d’autoroute, est ici plus palpable. Mais elle n’est pas sans provoquer un certain trouble chez les usagers passablement désabusés.