Joseph Addabbo Jr, Un homme politique « Catholique »: pro-choix, pro-mariage gay.
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Désormais chacun connait le rôle joué par le Gouverneur (Démocrate) Andrew Cuomo pour la légalisation du mariage gay dans l’État de New York. Cuomo donna la priorité à cette question, embobina les législateurs, et alla même jusqu’à courtiser les collecteurs de fonds Républicains.
On connaît moins le rôle du sénateur démocrate Joseph Addabbo Jr. Selon Michael Barbaro, du New York Times, Addabbo fit savoir à Cuomo que son suffrage lui serait acquis :
Persuader le sénateur Addabbo n’était pas commode. Les partisans du mariage gay l’avaient surnommé « le recenseur » après qu’il leur eût annoncé que son vote s’appuierait totalement sur le décompte des appels de ses électeurs pour ou contre le projet. À la mi-mai M. Addabbo fit savoir à M. Cuomo que le compte n’y était pas pour le mariage gay.
Jusqu’alors, les coalisés du mariage gay s’étaient volontairement abstenus d’inonder le bureau de M. Addabbo avec les messages de soutien au projet, craignant de le braquer et de l’offenser. Mais le cabinet du gouverneur leur passa le message : ouvrez les vannes. Brian Ellner, tête de file pour la campagne des Droits de l’Homme, appela le chef de son équipe qui avait établi un inventaire complet des partisans du mariage gay dans la circonscription de M. Addabbo. « Noyez-le sous le papier.» ordonna M. Ellner.
La stratégie de Cuomo fonctionna. Addabbo, retournant son opinion hostile au mariage gay en 2009, vota en faveur de la loi le 24 juin.
Toujours soucieux de précision, le New York Times omit une information: Cuomo et Addabbo ont des points communs en-dehors de leur rôle dans le bouleversement de la définition traditionnelle du mariage. Tous deux sont issus du lycée « Archbishop Molloy », un établissement mixte dirigé par des Maristes à Queens (Cuomo, 1975, Addabbo, 1982). Et tous deux sont cités dans la salle d’honneur du lycée.
Le site web du lycée « Archbishop Molloy » dit que ses élèves « reconnaissent leur propre personnalité, développant les valeurs d’une vie chrétienne, d’une pensée libre, de qualités de chef, et de service d’autrui.» Seuls les meilleurs d’entre eux ont leurs noms dans la salle d’honneur « Stanner » de l’école. (Avant de s’installer à Briarwood, Queens, l’école s’appelait Académie Sainte Anne, les élèves étant surnommés « St. Ann-ers », surnom qui se transforma en « Stanners »).
Parmi les anciens honorés dans cette salle se trouvent des prêtres, des prélats, des victimes de l’attentat du 11 septembre sur le « World Trade Center », et des officiels de l’Église tels que Richard Doerflinger (1971), co-directeur chargé des affaires pro-vie à la Conférence des Évêques des États-Unis.
Addabbo fut honoré lors d’une cérémonie à l’école en novembre dernier. Après avoir assisté à une messe célébrée dans le théatre « Ralph de Chiaro 31 », les anciens « Stanners » et leurs familles entendirent l’hommage prononcé par Dennis Vellucci, professeur d’Anglais, qui avait cité Addabbo. « Il a constamment fait preuve de la même intelligence, de l’esprit de décision, de l’honnêteté et de l’intégrité qu’il montrait déjà en classe de première.» (site web du lycée).
Les officiels du lycée « Archbishop Molloy » peuvent avoir alors ignoré la position de Cuomo et Addabbo sur le mariage gay. Savoir que tous deux étaient « pro-choix » n’aurait pourtant pas été difficile.
Le Centre d’information « pro-choix » de New York clama la victoire d’Addabbo lors de son élection au sénat de l’État en 2008. « Les sénateurs Caesar Trunzo et Serphin Maltese, titans du clan « pro-vie », furent battus par les « pro-choix » Brian Foley et Joseph Addabbo. C’est la première fois en quarante ans que nous gagnons la majorité « pro-choix » au sénat de l’État !» Quant à Cuomo, les officiels du lycée l’honorèrent après son échec de 2002 à l’élection de gouverneur, alors qu’il se présentait comme candidat favorable à la légalisation de l’avortement.
D’évidence le fait d’honorer Cuomo et Addabbo plaçait le lycée en porte à faux par rapport à l’évêché catholique. La Conférence des Évêques catholiques des États-Unis a publié en 2004 un document concernant les règles de relations avec les catholiques occupant des fonctions publiques. Les institutions et associations catholiques sont priés de ne pas « honorer ceux qui agissent en contradiction avec nos principes moraux fondamentaux. Il ne faut ni récompenser, ni honorer, ni accueillir à un tribune, ce qui laisserait entendre qu’on les approuve.
Après l’approbation de la loi relative au mariage gay, Mgr. Nicholas DiMarzio, évêque de Brooklyn et Queens a publié une vigoureuse déclaration au sujet du vote. Non seulement Mgr DiMarzio dénonce Cuomo pour l’ouverture d’une nouvelle offensive dans les conflits de culture qui déchirent le tissu de la nation mais encore il lance un avertissement semblable à celui émis par les évêques voici sept ans : « À la lumière de ces évènements préoccupants, et protestant contre cette décision, j’ai demandé à tous les établissements scolaires catholiques de refuser l’attribution cette année de distinctions ou honneurs au gouverneur ou aux législateurs qui ont apporté leurs voix à cette loi. De plus j’ai demandé au clergé et aux chefs d’établissements de ne pas inviter les législateurs de l’État à s’exprimer ou à participer à une célébration paroissiale ou scolaire. »
Les responsables du lycée « Archbishop Molloy » sont dans l’embarras. Vont-ils retirer leurs citations à Cuomo et à Addabbo ? Difficile à deviner. Aucune suite n’a été donnée aux messages téléphoniques.
Le lycée « Archbishop Molloy » n’est certes pas seul à courtiser les hommes politiques favorables à l’avortement et au mariage gay. Le lieu bien-aimé de mes études, le lycée des frères des écoles chrétiennes De La Salle, à Concord, en Californie, a élevé un buste en l’honneur d’un activiste homosexuel assassiné, Harvey Milk. Ne serait-ce que sur les côtes (atlantique ou pacifique) il n’est pas rare d’honorer des hommes publics catholiques dont les positions ne sont guère catholiques. Mais alors que le scandale enfle, que feront nos évêques pour empêcher ces écoles de courtiser des serviteurs de l’état tels que Cuomo et Addabbo ?
Mark Stricherz