Le climat actuel n’est pas propice aux attitudes toujours réfléchies. Scandales, indignations, révoltes, incompréhensions exposent à une sorte de surchauffe de l’opinion, qui n’est pas forcément injustifiée mais qui peut conduire à des excès dommageables aux meilleures causes. La colère peut être mauvaise conseillère lorsqu’elle brouille le jugement, envenime la polémique et conduit à des réactions inconsidérées. Cela est vrai dans l’ordre politique avec la désignation éventuelle de coupables sans preuve, ou avec des campagnes venimeuses qui pourraient affaiblir nos institutions, sans les purger de leurs défauts. C’est vrai aussi en ce qui concerne la grande bataille que nous menons ici avec tant de partenaires, en faveur de la sauvegarde de la famille. Un certain glissement des esprits en faveur d’attitudes extrêmes risque de compromettre la belle unité du mouvement qui s’était affirmée dans des manifestations dont le gigantisme n’empêchait pas la bonne tenue dans la discipline et un rare tonus psychologique et moral.
Bien sûr, le 24 mars a marqué par rapport au 13 janvier une nette évolution vers un durcissement de la contestation, qui s’explique par la surdité du pouvoir. L’exaspération est à la mesure du blocage absolu qui s’exprime d’abord à l’Élysée. Le ton a forcément monté du côté de la Manif pour tous, avec des comités d’accueil destinés à François Hollande et à ses ministres, pour les rappeler à la réalité. Mais ce qui a été décidé, réalisé et contrôlé à l’initiative de l’état-major constitué autour de Ludovine de La Rochère, de Frigide Barjot, de Tugdual Derville et de leurs amis l’a toujours été dans un esprit avisé et sans faute politique. Ce n’est visiblement pas compris par certains qui sont tentés de monter des opérations chocs, qui peuvent avoir leur effet dans l’opinion grâce aux médias, mais en créant des effets dommageables en retour. Le ciblage sur les organisations homosexuelles ranime l’accusation d’homophobie et joue dans le sens d’une victimisation très dangereuse pour une opinion qui risque de se crisper, alors qu’il faudrait concentrer l’effort pour l’informer sur les véritables dangers d’une subversion du droit de la famille et de la filiation. De même, les appels à dépasser les consignes de sécurité, en déconsidérant les dirigeants de la Manif pour tous, sont proprement insensés. Plus que jamais, le grand mouvement qui s’est levé en France a besoin d’unité, de cohérence et de discipline pour vaincre.
