Assassins de la mémoire ? - France Catholique
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Assassins de la mémoire ?

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Il n’est pas trop tard pour parler de la surprenante résolution adoptée par l’UNESCO le 18 octobre dernier et qui nie tout lien entre la ville de Jérusalem et le peuple juif. Cette initiative, d’évidence politique et idéologique, a une portée symbolique meurtrière. Il s’agit tout simplement d’assassiner la mémoire, en effaçant l’historicité des lieux saints du judaïsme. Par voie de conséquence, c’est aussi la mémoire chrétienne qui est atteinte, dans son évidente solidarité avec le passé du peuple de la Bible, mais aussi avec le souvenir de la présence de Jésus dans la ville sainte, de sa Passion et de sa Résurrection. Plusieurs pays islamiques sont à l’origine de la déclaration à laquelle l’autorité palestinienne a donné tout son appui. Ce faisant, cette dernière atteint la confiance de tous ceux qui ont toujours défendu la cause de la paix, avec la nécessaire réconciliation entre Israéliens et Palestiniens. Il est gravissime de s’emparer ainsi des armes du déni d’existence historique de l’Autre.

Pourtant, la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, avait fait entendre la voix de la raison et de la justice par son rappel solennel : « Le patrimoine de Jérusalem est indivisible, et chacune de ses communautés a droit à la reconnaissance explicite de son lien avec la ville. Nier, occulter ou vouloir effacer l’une ou l’autre des traditions, juive, chrétienne et musulmane, revient à mettre en péril l’intégrité du site. » Est-il vrai, comme l’affirme Gilles-William Goldnadel dans Le Figaro, que cette protestation lui a valu des menaces de mort ? Mais ce qui est encore choquant, c’est que la France se soit abstenue dans le vote de l’assemblée, laissant aux États-Unis, à la Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, à la Lituanie et à l’Estonie l’honneur de s’opposer à cette infamie.

On parle beaucoup en ce moment chez nous d’identité, et certains s’en disent scandalisés. Mais il faut une affaire comme celle-là pour comprendre que les enjeux identitaires ne sont pas forcément médiocres et qu’ils déterminent au contraire ce qu’il y a de plus profond dans un attachement parfaitement légitime au patrimoine culturel et spirituel, qui nous a façonnés et sans lequel notre destinée historique serait vide.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 octobre 2016.

P.S. : Des amis m’ont fait remarquer que j’avais adopté un peu vite la position israélienne sur un sujet beaucoup plus complexe. Après relecture de la déclaration adoptée par l’UNESCO, il apparaît, en effet, que l’objet de la querelle n’est pas directement symbolique. Il concerne d’abord la gestion technique des lieux saints par Israël, sommé de respecter les accords internationaux. La déclaration met en cause cette gestion, notamment pour les fouilles archéologiques telles qu’elles sont pratiquées et qui ne seraient pas conformes à ces accords. Cela dit les termes choisis pour désigner les lieux saints n’est pas innocent.

Et le Premier ministre Netanyahou en tire argument pour affirmer que c’est la légitimité historique de son pays qui se trouve affectée.

Voir ci-dessous le communiqué du Conseil national des évangéliques de France, qui va dans le sens des Israéliens :

http://lecnef.org/images/CNEF_communique_decision_unesco_jerusalem_161027.pdf

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La plus ancienne mention connue de Jérusalem en caractères hébraïques sur un papyrus (en dehors de la Bible) date de 700 ans avant Jésus-Christ :

http://www.lepoint.fr/monde/israel-un-papyrus-du-viie-siecle-avant-jc-mentionnant-jerusalem-devoile-26-10-2016-2078823_24.php

Israël: l’authenticité d’un papyrus ancien mentionnant Jérusalem contestée

http://www.lorientlejour.com/article/1015284/israel-lauthenticite-dun-papyrus-ancien-mentionnant-jerusalem-contestee.html