Après le référendum irlandais - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Après le référendum irlandais

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Que conclure du résultat du référendum irlandais sur le mariage gay ? L’opinion générale des médias place en explication première la fin de l’emprise de l’Église catholique sur les mentalités. Ce n’est probablement pas faux, encore qu’il faudrait étudier sérieusement les coordonnées d’une mutation de fond. Par exemple, Emmanuel Todd n’a pas tort de rappeler la mutation de certaines régions françaises au XVIIIe siècle. Elle peut, sous certains rapports, expliquer comment toute une population décroche de ses convictions et de ses mœurs. Est-ce forcément au profit de plus d’autonomie et d’émancipation intellectuelle ? Ce n’est pas du tout évident. De nouveaux habitus mentaux et moraux peuvent se substituer aux anciens et imposer d’autres normes aussi contraignantes. C’est vrai aussi de notre civilisation dominée par une culture médiatique à laquelle il est malséant de vouloir se soustraire.

Autre remarque : l’Église ne peut pas ne pas tenir compte de ces évolutions de fond, par rapport auxquelles elle doit adapter sa stratégie pastorale. C’est d’ailleurs le sentiment de l’archevêque de Dublin qui reconnaît qu’une tâche considérable attend les catholiques. Est-ce à dire qu’il s’agit de se rallier purement et simplement à la pensée dominante ? Sûrement pas. Le temps est peut-être venu, au contraire, de revendiquer pleinement la liberté acquise, dès lors que l’institution ecclésiale ne s’identifie plus à l’appareil d’État et au consensus social. Liberté d’analyse, de proposition et d’action. Ce n’est pas toujours facile, dès lors que la nouvelle culture installée supporte mal la contestation et va même jusqu’à interdire ce qui ne lui convient pas, en le stigmatisant à l’aune des discriminations. C’est ainsi que l’homosexualité est devenu un sujet interdit, dès lors qu’il ne correspond pas à l’idéologie LGBT. D’où le courage d’un Philippe Ariño, qui sait pourtant de quoi il parle et qui désigne avec sagacité les blessures intimes d’une affectivité qui cherche péniblement dans une exigence de normalité la formule d’un apaisement voire d’une guérison. Une autre difficulté surgit alors, qui est précisément celle de l’intimité, que l’on ne saurait violenter, comme on l’a trop fait dans le passé, aussi bien en milieu ecclésial qu’en milieu rationaliste. Michel Foucault serait le dernier à le contester.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 mai 2015.