Après le Parvis des Gentils - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Après le Parvis des Gentils

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Il est trop tôt pour tirer toutes les leçons de cette grande « première » que Paris a vécue avec « le Parvis des Gentils ». La beauté du spectacle son et lumière de Bruno Seillier sur la façade de Notre-Dame — dont nous publions une photo sur notre couverture — a été en quelque sorte le symbole d’un événement culturel brillant et dont on peut être fier pour l’Église. J’attendrai cependant, pour ma part, la publication des différentes interventions faites à l’Unesco, à la Sorbonne, à l’Institut de France et au Collège des Bernardins, pour réagir plus avant sur ce passionnant dialogue commencé entre chrétiens et non-croyants. Quels sont les points sensibles de la discussion, quels sont ceux qui sont susceptibles d’approfondissement dans un avenir proche ? Du message de Benoît XVI retransmis sur le parvis de Notre-Dame, je me concentrerai, aujourd’hui, sur une unique proposition : « Les religions, a dit le Pape, ne peuvent avoir peur d’une juste laïcité, d’une laïcité ouverte, qui permet à chacun et chacune de vivre ce qu’il croit en conformité avec sa conscience. » Plus loin dans ce message, il est même question de la fraternité que permet une saine laïcité, une fraternité au-delà des convictions, mais qui reconnaît les différences.

Spontanément, j’ai rapproché ces propos du Pape de ceux du grand rabbin Gilles Bernheim, publiés il y a quelques jours dans Le Monde : « La laïcité, disait-il, n’est pas une doctrine, moins encore la religion de ceux qui n’ont pas de religion, mais un art de vivre ensemble. » Il me semble percevoir, qu’entre Benoît XVI et Gilles Bernheim, la convergence est totale et que la plupart des hommes et des femmes de bonne volonté peuvent aujourd’hui acquiescer à leur pensée commune. Mais il ne faut pas se cacher qu’une telle conception n’est pas née spontanément. Il a fallu pas mal de temps pour qu’on puisse s’accorder très largement sur une vision du vivre-ensemble, sur une sorte d’espace commun fraternel qui rend possible la coexistence des différences les plus profondes, sans jamais les cacher. La laïcité n’est pas une religion, ni même une philosophie. Elle est un art de vivre, une conception « prudentielle » de la vie en commun. à partir d’elle, beaucoup de choses sont possibles, y compris celle de dialoguer le plus loin possible et de rechercher ensemble la vérité de toute son âme.