Est-il nécessaire de rappeler l’histoire du petit Alfie Evans, décédé samedi à Liverpool en Angleterre, à la suite d’une longue bataille judiciaire ? Les parents du petit garçon, âgé de 23 mois, se seront battus en vain pour que l’enfant survive en dépit de son lourd handicap : « Notre bébé a déployé ses ailes cette nuit à 2h30. Nous avons le cœur brisé. Merci à tous pour votre soutien. » Cette déclaration du père et de la mère exprime leur souffrance, mais aussi le regret de ne pas avoir été entendus aussi bien de l’équipe médicale qui soignait Alfie que de la justice britannique qui avait refusé la possibilité qu’on le soigne en Italie. En effet, l’hôpital pédiatrique Bambino Gesù de Rome était prêt à le recevoir et le gouvernement italien lui avait même octroyé la nationalité italienne pour passer outre aux arguments juridiques qui s’opposaient à tout transfert à l’étranger.
À plusieurs reprises, le pape François avait manifesté sa solidarité aux parents. Le 23 avril, il déclarait : « Ému par les prières et la grande solidarité en faveur du petit Alfie Evans je renouvelle mon appel afin que la souffrance de ses parents soit entendue et que leur souhait d’accéder à de nouvelles possibilités de traitement soit exaucé. » François s’est également exprimé après la mort du petit garçon : « Je suis profondément touché par la mort du petit Alfie. Aujourd’hui, je prie spécialement pour ses parents, alors que Dieu l’accueille tendrement dans ses bras. » Ainsi l’appui du Pape, l’émotion d’une partie de l’opinion anglaise, les manifestations de soutien à l’étranger, jusqu’en Pologne et aux États-Unis, auront été impuissants à fléchir les justices britanniques et européennes.
Voilà qui pose de sérieuses questions éthiques mais aussi politiques. La volonté des parents ne compte donc pour rien, face à une médecine et à une justice qui ont désormais droit de vie et de mort sur leurs enfants ! Nous avons, chez nous, le cas Vincent Lambert, dont les parents ont aussi obtenu l’appui du Pape. Lequel insiste sur « un grand respect pour la vie » et la nécessité de respecter la volonté de la famille. Lorsque la transgression du commandement « Tu ne tueras pas » est inscrite dans la loi ou s’apprête à l’être, il faut s’attendre à la multiplication de drames familiaux comme celui d’Alfie.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 avril 2018.
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