Le bruit médiatique autour des primaires socialistes a mis au second plan le démantèlement de Dexia. A vrai dire, peu de Français savent que derrière ce sigle, aujourd’hui associé aux turpitudes bancaires, se cache un établissement dont le sort risque de peser lourdement sur leur quotidien.
Dexia n’est (ou plutôt n’était) pas seulement un gros établissement financier international, devenu leader mondial avec ses multiples filiales. Dexia fut aussi, surtout, le grand argentier des collectivités locales. C’est sans doute Dexia qui a financé en partie les équipements de votre commune, nouveaux bâtiments, piscine ou mobilier urbain grâce à des emprunts contractés en toute confiance par vos élus locaux de toute couleur politique. L’effondrement de Dexia pourrait bien avoir des conséquences douloureuses sur vos impôts locaux.
Peu de banques ont pourtant présenté à leur naissance autant de garanties. Dexia naît en 1996 de la fusion du Crédit local de France et du Crédit communal de Belgique. Le Crédit local de France, issu de la Caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales (CAECL, filiale de la Caisse des dépôts et consignations), est spécialisé dans les prêts aux collectivités locales, une activité qui s’envole avec les lois de décentralisation de 1982. A sa tête, puis à la tête de Dexia, on trouve Pierre Richard, un polytechnicien ayant passé la première partie de sa carrière dans la haute fonction publique. En somme, un marché solide (les collectivités locales font rarement faillite) et un dirigeant offrant toutes les garanties de sérieux : il est des banques nées sous de pires auspices.
Mais ce bel édifice n’aura duré qu’à peine une quinzaine d’années. Dès 2008, Pierre Richard doit démissionner à la suite de pertes colossales. Dexia s’est brûlé les ailes aux jeux dangereux de la finance, de titrisation en prêts toxiques, accumulant les pertes et obligeant les Etats à réinjecter toujours plus d’argent. Partie du secteur public, elle y retourne dans les pires conditions.
Vu du côté français, l’échec de Dexia est aussi celui d’un modèle économique, celui d’une institution passée trop rapidement d’une culture du service public à une privatisation incontrôlée.
La catastrophe de Dexia a été la plus voyante et la plus rapide. Mais peut-être est-il encore temps de prévenir d’autres catastrophes semblables, et non moins coûteuses pour le contribuable.