L’Assemblée des évêques, qui va se réunir à Lourdes début novembre, sera marquée par une initiative inédite. En effet, chacun des évêques est invité à venir accompagné de deux « baptisés » de son diocèse, qui participeront, deux jours durant, aux débats de l’Assemblée sur le thème de « la transformation écologique ». L’intention qui préside à un tel choix a été résumée par le Conseil permanent. Les évêques « ont été rapidement convaincus que la transformation écologique était à la fois une mise en cause de nos habitudes de pensée et de vie, et une opportunité formidable de faire briller la Révélation de Dieu ». On souligne, à juste raison, que la pratique qui va être ainsi instaurée marquera une évolution considérable de l’Église en France, en faveur d’une plus grande synodalité.
Glissements idéologiques
Le mot de synodalité est singulièrement à la mode en milieu ecclésial, et le pape François n’est pas pour rien dans son usage. Sans doute peut-il se réclamer de la tradition la plus ancienne, qu’il conviendrait cependant de contextualiser pour ne pas abuser des analogies trompeuses. Il se produit parfois des glissements, comme celui vigoureusement dénoncé par le cardinal Lustiger à propos de la notion biblique de peuple de Dieu mise en valeur par Vatican II. La contamination idéologique trahit alors le sensus ecclesiæ, avec des conséquences fâcheuses. Mais ce n’est pas une raison pour renoncer à redonner leur saveur à des formules qui doivent être comprises dans leur véritable éclairage théologique.
L’apport de saint John Henry Newman
Et de ce point de vue, la canonisation, ce 13 octobre, du cardinal John Henry Newman est susceptible de mieux cerner la doctrine inhérente à la notion de synodalité. Pour le théologien, qui a incontestablement une dimension de docteur de la foi, il convenait de consulter les fidèles baptisés, même en matière de doctrine, car en vertu de leur baptême, ils ont reçu le sens de la foi. Newman, qui avait étudié très tôt la crise arienne, avait été frappé par l’attachement des fidèles à la doctrine de Nicée, au moment où une grande partie de l’épiscopat sombrait dans l’hérésie. Cela ne signifie pas une dénégation de l’autorité magistérielle, car celle-ci est elle-même subordonnée à la foi commune de l’Église.
Expression d’une foi enracinée
Si donc il y a renouveau de la synodalité dans l’Église en France, ce ne peut être comme écho du forum de toutes les confusions et de toutes les démagogies, mais comme expression même de la puissance transformatrice sacramentelle chez les disciples du Christ. C’est toute l’assemblée réunie qui doit porter témoignage, et rendre contagieuses ses convictions qui se déploient dans tous les aspects de l’existence qu’ils soient familiaux, sociaux ou politiques. L’assemblée synodale n’a de légitimité qu’à annoncer sa foi la plus enracinée.
Pour aller plus loin :
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Jean-Paul Hyvernat
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies