Nous en sommes cette année au troisième Congrès Mission. Quelles sont les raisons qui ont décidé de ces rencontres ?
Raphaël : Le Congrès repose sur une conviction simple : l’annonce de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle du Salut doit devenir la priorité partout où les amis du Christ se retrouvent. Nous ne pouvons pas garder le Christ pour nous. En plus d’être prioritaire, ce devoir d’annonce devient de plus en plus urgent. Les personnes qui nous entourent attendent un langage de vérité, une parole qui sauve au milieu d’un chaos de mots souvent vidés de leur sens. Nous traversons, non pas une crise politique ou religieuse, nous sommes en plein dans une crise mystique. Croyons-nous encore que le Dieu Un et Trine bouleverse l’Histoire et nos histoires ?
Qui s’est retrouvé lors de ces rencontres ? En fonction de quelles affinités, de quelles expériences missionnaires ou ecclésiales ?
Des prêtres, des laïcs, des religieux, des évêques qui tous comprennent que des appels missionnaires sont suscités par l’Esprit-Saint partout en France. Ces appels missionnaires attendent une réponse. Le Congrès Mission a pour vocation d’être un lieu pour concrétiser ces appels en apportant des clés concrètes et spirituelles pour devenir davantage des missionnaires de l’Amour de Dieu. Le Congrès Mission est aujourd’hui un lieu unique où se rencontrent dans un esprit de dialogue et de fraternité des sensibilités différentes de l’Église en France partageant le souci de l’annonce.
Qu’est-ce qu’ont apporté les deux premières rencontres ? Avant de commencer la troisième, est-il possible de dresser un petit bilan d’étape ?
Les deux premières éditions ont apporté la confirmation que l’intérêt de nombreux catholiques français pour la mission est bien là. Nous étions 700 il y a deux ans, 1 400 l’an dernier et nous attendons cette année plus de 2 000 personnes venues de toute la France. Le soutien de nombreux diocèses est de plus en plus manifeste, Mgr Benoît de Sinety, vicaire général du diocèse de Paris, nous apporte conseils et soutien bienveillants.
Qu’est-ce qu’a déterminé le programme de cette année ? Y a-t-il eu des remontées de la base ?
Nous avons choisi de continuer à nous poser la question de l’évangélisation à travers l’éducation et l’enseignement, thème qui demandait un approfondissement après le précédent Congrès. Le Congrès sera aussi cette année encore plus missionnaire que les années précédentes, nous voulons profiter de ce rassemblement pour goûter concrètement la joie d’annoncer le Christ que ce soit en musique, dans la rue, sur le Web, à travers la liturgie… Nous renouvelons notre proposition de réfléchir aux moyens d’évangéliser les musulmans, cela nous semble capital. Plusieurs ateliers permettront de trouver des pistes pour être missionnaire lorsque l’on est marié. Nous avons aussi mis en place cette année une école de prière afin qu’au cœur du Congrès chacun puisse se laisser rejoindre par la communion d’amour du Père et du Fils !
S’il fallait définir les obstacles concrets à l’évangélisation aujourd’hui ? Que pourrait-on dire ?
L’obstacle principal à l’évangélisation réside dans notre difficulté à cultiver une vie intérieure profonde, une vie d’intimité avec le Christ. Cette difficulté touche tous les membres de l’Église y compris ses pasteurs. Il y a urgence à ce que les laïcs prient pour que les prêtres prient ! Sans cela c’est la sève de l’évangélisation qui se fige.
Nous devons aussi regarder avec lucidité nos structures ecclésiales : sont-elles au service d’un patrimoine à conserver ou d’un peuple à enrichir de nouveaux baptisés ?
Est-ce qu’on peut avoir le sentiment que les sujets discutés lors de ces journées se réfèrent à une interrogation ecclésiale générale ? Est-ce que ce sont des questions propres aux communautés rassemblées lors du Congrès ou des questions qui peuvent se poser dans l’ensemble du maillage paroissial dans sa diversité ?
Les sujets abordés au Congrès sont au cœur de ce que doit être l’interrogation de l’Église puisqu’elle est « par nature » missionnaire : tout l’enjeu consiste à savoir comment le peuple de Dieu révèle cette nature. Je constate que partout où la question de l’annonce de la foi est prise à bras le corps, les chrétiens rayonnent davantage, les paroisses et les communautés s’ouvrent et grandissent. La mission n’est pas réservée à certaines communautés ou certains aspects de la pastorale !
Prenons un exemple concret : la préparation au mariage qui chaque année touche des personnes éloignées de la foi doit se réinventer pour que la proposition de la foi soit explicite puisqu’elle est intimement liée à ce sacrement. Il en va de même pour la préparation au baptême des jeunes enfants.
Le message pastoral du pape François avec ses accents particuliers a-t-il modifié certaines orientations missionnaires ?
Le message de François vient confirmer que nous devons, selon ses mots, « être en état permanent de mission » ! Nous sommes très attentifs à ce que dit le Saint-Père, or depuis le début de son pontificat il ne cesse de nous appeler à quitter notre confort, « à sortir de nos canapés ».
J’invite chacun à faire l’expérience de (re)lire les Actes des apôtres, cela prend deux heures montre en main, pour constater à quel point les apôtres vont en priorité vers les païens, ceux qui croient en plusieurs dieux. Les païens d’aujourd’hui sont ceux pour qui Dieu n’est même plus une question. Il faut aller vers eux par tous les moyens pour leur annoncer cette folie : Dieu existe et les aime infiniment…
