André Cuomo : Machiavélique gouverneur de New York - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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André Cuomo : Machiavélique gouverneur de New York

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Au cours de sa carrière politique, le gouverneur de New York Andrew Cuomo a été présenté par ses collègues en politique comme un « Prince des ténèbres » qui se complait à être un tueur à gages.

Il a mérité ce titre pour la première fois quand il travaillait pour son père, le gouverneur Mario Cuomo. Plus tard, comme ministre de la Justice et gouverneur, sa réputation de méchant cynique sans principes fondamentaux a continué à grandir.

Ces traits ont été particulièrement visibles dans ses relations avec l’Eglise catholique et ses membres.

Peu après avoir pris son poste en 2011, Cuomo, qui avait été baptisé catholique, a publiquement rejeté l’enseignement catholique selon lequel le mariage unit un homme et une femme, a fait passer en force « le mariage pour tous » à la législature de l’Etat, et a traité ses opposants de fanatiques.

En 2013, il s’en est pris de nouveau à l’Eglise quand il a proposé d’étendre les droits à l’avortement, alors même que New York est la capitale de la nation en matière d’avortements.

Enfin, en Janvier 2014, Cuomo a déclaré que les militants anti-avortement et les opposants au mariage homosexuel devraient quitter l’Etat. De telles personnes, a-t-il déclaré, sont des « conservateurs extrémistes » et «  n’ont pas leur place dans l’Etat de New York car ce n’est pas ce que sont les New Yorkais. »

En même temps qu’il condamnait les catholiques pratiquants, Cuomo a essayé de les apaiser en promettant une réduction d’impôt à l’investissement sur l’éducation pour aider le système scolaire catholique qui avait des problèmes financiers. En dépit de ses assurances au cardinal Thimotée Dolan, il a pris les catholiques comme boucs émissaires en supprimant du budget ce crédit d’impôt pour satisfaire les législateurs que le syndicats d’enseignants avait mis dans sa poche.

J’observe Cuomo depuis des années mais c’est seulement depuis quelques mois que j’ai fini par apprendre qui guidait sa conduite politique : Nicolas Machiavel.

Dans un essai intitulé Comment la philosophie d’un dirigeant affecte-t-elle directement la culture d’une organisation, Peter DeMarco a décrit une réunion à laquelle il avait assisté en 2007 au bureau du ministre de l’Urbanisme et du Logement : « Une des premières actions de Cuomo quand il est devenu ministre de l’urbanismme et du logement en 1997 a été de distribuer le livre de Nicolas Machiavel, Le Prince, à ses principaux collaborateurs…leur disant : « voilà ma philosophie du pouvoir ».

Les gens qui sont familiers de Machiavel (1469 – 1527) se souviennent de lui pour ses arguments qui disaient essentiellement : la fin justifie les moyens. Parmi d’autres enseignements, ceci a conduit le philosophe politique Leo Strauss à décrire Machiavel comme « le maître du mal ».

Le Prince de Machiavel est considéré comme le premier traité de science politique parce que son approche du gouvernement est basée exclusivement sur des observations empiriques, et non sur une ligne philosophique.

Machiavel a rejeté les méthodes de gestion de l’Etat d’Aristote et de Thomas d’Aquin, déclarant à la place que le prince devrait gouverner en vue d’obtenir le succès, et non selon des principes religieux ou moraux.

Machiavel a proclamé que pour gouverner efficacement, un dirigeant séculier devait « apprendre comment ne pas être bon, et utiliser ou non ce savoir, selon ce qu’exigeaient les circonstances ». Il doit être prêt à s’adapter « selon le vent, et comme le dictent les variations du sort, et… ne pas dévier de ce qui est bon, si possible, tout en étant capable de faire le mal s’il y est contraint ».

Un dirigeant « qui laisse tomber ce qui se fait en faveur de ce qui devrait être fait, provoquera sa propre ruine plutôt que sa conservation ».

Machiavel croyait que l’Etat devait agir selon sa propre logique du pouvoir et du contrôle, parce que les humains sont sujets à la violence, à l’égoïsme, à la couardise et à la vengeance. Un chef efficace doit profiter de la nature humaine pour imposer sa volonté. Machiavel méprisait l’Eglise. Il rejetait la priorité que l’Eglise accordait au salut des âmes et sa conviction que notre première loyauté doit s’adresser à Dieu, non à l’Etat. Il considérait l’Eglise come une organisation pour les faibles, où les défaillances des hommes sont considérées comme des vertus.

Dans les Discours, Machiavel déclarait :

La religion païenne ne divinisait que les hommes qui avaient atteint une grande gloire… alors que la nôtre (le catholicisme) glorifie davantage les hommes humbles et contemplatifs que les hommes d’action. De plus, notre religion (le catholicisme) place le bonheur suprême dans l’humilité, la solitude, et le mépris des choses de ce monde… Ces principes me semblent avoir rendu les hommes faibles et avoir fait d’eux une proie facile pour les hommes malveillants qui peuvent les contrôler plus sûrement, voyant que la grande masse des hommes, dans l’espoir d’aller au paradis, sont plus disposés à endurer les blessures qu’à s’en venger.

Nonobstant sa haine de l’Eglise, il a réalisé qu’elle pouvait être un instrument utile pour l’Etat pour tenir les masses. C’est pourquoi il argumentait que l’Eglise devait être contrôlée par le Prince et conformer son messages aux besoins de l’Etat. L’Eglise n’aurait qu’à prêcher une théologie civile officielle.

Au 20° siècle, les princes totalitaires ont adopté le même point de vue, bannissant la religion, déniant les droits qui venaient de la main de Dieu, et exterminant des millions d’humains innocents – le tout au nom du progrès.
Ce n’est pas une belle image. Pourtant, le gouverneur Cuomo, qui pourrait être prétendant à la présidence pour le parti démocrate en 2020, considère Le Prince comme sa « philosophie du pouvoir ».

Il est intéressant de savoir que le père du gouverneur, Mario, malgré des défauts politiques (dont le moindre n’est pas son acceptation égoïste des droits à l’avortement) avait pris saint Thomas More comme modèle d’homme d’Etat. En fait, il avait suspendu une copie du portrait de Thomas More par Holbein dans son bureau, et il l’a donnée à son fils quand celui-ci a repris la charge de diriger New York.

More et Machiavel étaient contemporains. Le Prince a été publié 3 ans avant l’Utopie de More. Beaucoup d’historiens ont affirmé qu’Utopie était la réponse de More au Prince. Un de ces spécialistes, André Gushurst-Moore, affirme que « l’Utopie de More exprime la raison et la loi naturelle, contre la ruse et l’astuce du Prince. » L’historien catholique Théodore Maynard a remarqué que «  More a su, bien avant sa mort, que c’était l’habileté politique du Prince, et non celle d’Utopie qui déciderait du destin de l’Angleterre ».

Et il a perdu la vie en 1535 parce qu’il était «  un bon serviteur de l’Etat, mais serviteur de Dieu en premier. »

Si André Cuomo a le portrait de More pendu sur son mur, il devrait par simple honnêteté, le dépendre et le remplacer par celui du premier « Prince des ténèbres » moderne – Machiavel.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/01/11/andrew-cuomo-nys-machiavellian-governor/

Photo : L’auteur et Mario Cuomo en 1993.