Amour interdit se terminant en tragédie - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Amour interdit se terminant en tragédie

Information traduite et transmise par Mario Bard, journaliste à AED
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L’amour entre deux jeunes Pakistanais de religions différentes s’est soldé par l’incendie d’une église, de deux maisons de familles chrétiennes, ainsi que la mort du jeune homme impliqué. Catholiques et protestants en appellent maintenant à une enquête impartiale et réitèrent leurs demandes : abolir les lois pakistanaises sur le blasphème.

Le point de départ : une histoire d’amour entre deux compagnons de classe, une jeune musulmane de 18 ans et un jeune chrétien de 19 ans. Celle-ci a tourné à la tragédie ces derniers jours, dans le village de Jethki, situé dans la province du Punjab (nord-est du Pakistan), de l’archidiocèse de Lahore.

Selon ce qui a été rapporté par les autorités catholiques locales à l’Aide à l’Église en Détresse (AED), la mère de la jeune fille a découvert la relation amoureuse qui durait depuis trois ans. Furieuse, elle a décidé de la briser en faisant accuser le jeune homme de blasphème. Selon toute vraisemblance, elle aurait déchiré la page d’un livre contenant des versets du Coran, et aurait été vue en train de la lancer à la porte de la résidence du jeune homme, Robert Fanish. Selon les informations, elle a ensuite couru auprès des autorités musulmanes locales, pour y accuser le jeune homme d’avoir désacralisé le Coran, un geste passible de la prison à vie d’après l’article 295 B du Code pénal pakistanais.

Les autorités musulmanes auraient alors orchestré la violence qui a suivi, le 11 septembre dernier, comme acte de revanche. Une foule en colère, armée de pierres, de briques et de bâtons, a mis le feu à l’église du village, la rendant complètement inutilisable, alors que les deux maisons voisines, où habitaient des chrétiens, ont également été incendiées. In extremis, les habitants chrétiens du village ont dû fuir dans les villes et villages des alentours afin de sauver leurs vies.

Par la suite, le jeune homme a été emprisonné. Tout d’abord rassurées par le fait qu’en prison, sa vie serait sauve, les autorités catholiques locales ont vite déchanté. Il y aurait été torturé et battu à mort par les policiers. Le corps du jeune homme, remis à la famille pour qu’elle procède à son inhumation, portait des marques sur son torse et ses bras, démontrant qu’il aurait été battu, et ce, contrairement à ce que les policiers ont affirmé, à savoir que Monsieur Fanish se serait pendu. Les résultats complets de l’autopsie seront disponibles dans quelques jours.

La Conférence des évêques catholiques du Pakistan, ainsi que sa contrepartie protestante de l’Église du Pakistan, ont demandé une enquête équitable concernant la mort du jeune homme. Cette demande a été envoyée au président pakistanais Asif Zardari, le premier ministre Syed Gilani, ainsi qu’au ministre en chef du Punjab, Shahbaz Sharif, frère de l’ancien premier ministre Nawar Sharif.

Une loi utilisée pour régler ses comptes

Les funérailles du jeune homme, qui se sont déroulées mardi le 15 septembre, ont attiré plus de 3 000 personnes. Elles se sont transformées en manifestation de colère à cause de la mort du jeune homme. Les policiers ont dû disperser la foule avec des gaz lacrymogènes.

« Chacun de nous est furieux à propos de ce qui est arrivé à Robert », a indiqué en entrevue à l’AED le Vicaire général de l’archidiocèse de Lahore, le père Andrew Nisari. « Pour nous, il est clair que les policiers ont utilisé les lois sur le blasphème pour le tuer ».

C’est la quatrième fois en trois mois que des actes de violence, provoqués par les allégations reliées aux lois sur le blasphème, visent directement les chrétiens. Les plus violents se sont déroulés au début du mois d’août à Gojra, toujours dans la province du Punjab, y faisant neuf morts. Des enfants y ont été accusés d’avoir fait des confettis pour un mariage, à partir de pages où se trouvaient des versets du Coran, une accusation qui s’est finalement révélée fausse.

« La situation pour nous devient de plus en plus mauvaise », indique encore le père Nisari, qui estime que la population « utilise n’importe quelle opportunité afin de mettre de la pression sur les chrétiens. » Non seulement les minorités chrétiennes sont-elles touchées par les lois sur le blasphème, mais également des musulmans — qui représentent 97 % de la population pakistanaise. Dans plusieurs cas, ces lois servent à régler ses comptes. « La loi arme [la population] d’une épée invisible, leur donnant la capacité de se venger sur n’importe qui », estime d’ailleurs le père Nisari.
D’où l’appel lancé le mois dernier par la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, et appuyé par l’AED, afin d’abolir ces lois qui ont dévié de leur objectif d’origine : protéger les religions contre toute action blasphématoire. Une pétition circule d’ailleurs à cet effet depuis le mois dernier.

« Je presse les chrétiens du monde entier à prier pour nous qui sommes persécutés au Pakistan », insiste en terminant le père Nisari. « Nous avons besoin de vos prières tout de suite! »