Amnesty - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Amnesty

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Il y a quelques semaines, le Président du Conseil Pontifical « Justice et Paix », le Cardinal Martino, demandait aux catholiques d’interrompre tout soutien financier à Amnesty International « après le volte-face pro-avortement de l’organisation de promotion et de défense des droits de l’homme », selon les termes du communiqué.

Que voulait dire le Cardinal : Certainement rappeler la position de l’Église qui veille à défendre la vie à tout prix et refuse l’avortement. Or, que préconise, depuis toujours, Amnesty International ? La défense du faible et de celui qui est menacé dans sa propre vie. L’organisation lutte pour l’abolition de la torture et de la peine de mort. Récemment, elle a dû faire face à un phénomène nouveau et dramatique apparu dans les derniers conflits : le viol organisé des femmes, dans le but de les asservir, de les humilier, de briser leur dignité morale et ainsi, de détruire les liens familiaux et sociaux des victimes.

Amnesty International ne mène pas campagne pour l’interruption volontaire de grossesse en général, mais a pris position en faveur de sa dépénalisation (et non de sa légalisation) dans des cas extrêmement précis : viol programmé, inceste, ou risque pour la vie et la santé des femmes.

Même ainsi circonscrit, ce positionnement d’Amnesty International peut certes être légitimement questionné. Mais cet enjeu aussi important que difficile, en raison même de sa complexité et des situations dramatiques auxquelles il renvoie, mérite que chacun puisse exprimer son point de vue dans une attitude de dialogue constructif et respectueux.

En exprimant sa position, le Cardinal Martino a-t-il mesuré qu’il disqualifiait de façon abrupte Amnesty International et qu’il mettait en péril son engagement humanitaire difficile, en appelant les catholiques au boycott financier ? Le légitime rappel de la position de l’Église catholique peut-il appeler à la conscience et au débat éthique, sans pour autant jeter l’opprobe sur une organisation qui a témoigné sans relâche de son souci de la dignité et de l’intégrité de la personne humaine ? Cet engagement est le sien depuis plus de 40 ans. Son action a été pionnière et prophétique dans bien des domaines. Peter Benenson et Sean Mac-Bride, les deux fondateurs d’Amnesty, étaient catholiques, et de nombreux chrétiens, protestants et orthodoxes, ont trouvé dans cette ONG un engagement fort, se reconnaissant naturellement en elle. De même que tous ceux qui la financent (à titre individuel car Amnesty ne recueille que des dons individuels), les catholiques militants de l’organisation, sont profondément meurtris par cette prise de position.

Nous ne pouvons que déplorer la fragilisation d’Amnesty International qui pourrait résulter de cette déclaration. Les premiers à en subir directement les conséquences désastreuses seraient les victimes des violations de droits de l’homme elles-mêmes. En privant l’association de moyens financiers et de militants, ce sont en outre toutes les actions visant à prévenir ces situations extrêmes qui, paradoxalement, seraient affaiblies : la lutte pour l’abolition de la torture et de la peine de mort, le travail pour libérer les prisonniers d’opinion, les recherches menées au sein de l’observatoire de l’usage du viol comme tactique de guerre, le combat en faveur du contrôle du commerce des armes…

Par tous ces engagements, les chrétiens se sont sentis concernés et ont rejoint, nombreux, Amnesty International. Ces mêmes engagements, à « Justice et Paix-France », nous les avons toujours compris et soutenus, avec la tacite compréhension du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix.

S’il y a eu divergence de point de vue sur le soutien à apporter aux femmes systématiquement violées dans les conflits, il ne saurait pour autant y avoir cessation de collaboration avec Amnesty International. Débattons certes, mais ne cessons pas d’agir ensemble !

Justice et Paix – France