Les locaux neufs de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, dans le XXe arrondissement de Paris, ont été détruits dans la nuit du 1er au 2 novembre par un jet de cocktail molotov, la veille de la sortie d’un numéro rebaptisé « Charia Hebdo » et qui traitait à sa manière caustique, de l’évolution islamique des révolutions tunisienne et libyenne… Tout le matériel a brûlé mais personne n’a été blessé. La police n’écarte aucune piste, mais celle d’activistes islamistes, choqués qu’on ait pu « se moquer du visage du Prophète », paraît logique. D’autant plus que, la même nuit, des hackers turcs pirataient le site Internet du journal, affichant une photo de La Mecque en lieu et place de sa page d’accueil.1 Des membres de l’équipe de Charlie n’excluent pourtant pas l’hypothèse de ces « jeunes c… encapuchonnés », tels qu’il y en a beaucoup dans ce quartier et qui aiment à marquer leur territoire par des destructions aussi diverses que coûteuses pour le contribuable.
Les déclarations d’indignation et de soutien se sont multipliées, comme il est normal. Le maire de Paris Bertrand Delanoë et le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand 2 ont cependant fait, comme beaucoup d’autres personnalités médiatiques, le même amalgame avec les manifestations à Paris de jeunes catholiques contre la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci, qui s’est jouée dans deux établissements municipaux (Théâtre de la Ville et 104). Ainsi les assassins potentiels qui font brûler des locaux au risque de tuer, et les jeunes gens qui interrompent une pièce, fut-ce en jetant — a-t-on dit pour l’un d’entre eux — de l’huile de vidange sur quelques spectateurs et ceux qui, plus nombreux, ont décidé de prier à genoux sur la place du Châtelet en face du théâtre où se jouait cette pièce qu’ils jugeaient blasphématoire, sont-ils qualifiés d’intégristes ou de fondamentalistes — mots qui désignent à l’opprobre et permettent d’amalgamer tous les croyants sur le mode accusatoire.
Certes, les manifestants, issus de l’Action française ou du mouvement Civitas (proche de la Fraternité Saint-Pie X), qui se font tabasser par la police et garder à vue longuement, ont bien cherché cet amalgame dont ils sont, de fait, coresponsables. Mgr Podevin, porte-parole des évêques de France, dont nous avons reproduit un communiqué ici la semaine dernière, indique combien ces manifestations de catholiques indignés sont maladroites et d’autant plus mal ajustées qu’elles se prêtent à des tentatives de récupération politique… Ce militantisme débridé désarme plutôt l’Église qu’autre chose, comme tant d’expériences passées l’ont montré et comme on va le voir sans doute avec un prochain spectacle autrement plus choquant paraît-il, Golgotha picnic, qui met en scène les sept dernières paroles du Christ sur la croix. Ce n’est pas une raison pour tout confondre. Un attentat d’un côté, une manifestation sur la voie publique ou un chahut dans un théâtre, ce n’est pas la même logique. Les représentants de la République, qui ont en charge la paix civile, ne peuvent pas dire n’importe quoi au nom d’une liberté d’expression qui irait à sens unique. Donner dans le panneau des amalgames et de la surenchère verbale ne servira personne.
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François H était présent au théâtre 104 lors de la protestationdu 4 novembre. Il étudie à sa manière les réactions de la presse catholique, et celles de l’épiscopat français. (6/11/2011)
http://benoit-et-moi.fr/2011-III/0455009f700cc020c/0455009f950767c01.html
http://www.radionotredame.net/emission/lavoixestlibre/2011-11-04
http://catholique-rennes.cef.fr/?Sur-le-concept-du-visage-du-fils
http://francejeunessecivitas.hautetfort.com/archive/2011/11/03/riposte-chretienne-contre-la-christianophobie-l-hypocrisie-d.html
http://francejeunessecivitas.hautetfort.com/archive/2011/11/03/il-n-est-pas-normal-que-dans-le-monde-de-la-television-du-ci.html
http://ab2t.blogspot.com/2011/11/leveque-le-ministre-le-journaliste-et.html
Le commentaire de Massimo Introvigne
http://benoit-et-moi.fr/2011-III/0455009f700cc020c/0455009f9409de902.html
A Rennes le 10 novembre :
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Sur Canal +
La Provoc habituelle :
- Un des serveurs Internet du Vatican subissait exactement le même piratage au même moment, mais presque personne n’en a parlé.
- On peut lire au Journal Officiel ces déclarations du ministre en réponse à une question sur l’attentat contre Charlie-hebdo : « Pour l’intolérance et le non-respect d’un principe essentiel de notre République, les fondamentalistes se rejoignent. Ainsi, des groupuscules se revendiquant de la foi chrétienne perturbent actuellement les représentations du théâtre de la Ville. J’ai veillé personnellement à ce que leurs agissements soient empêchés, dès lors qu’ils risquaient de remettre en cause les programmes du théâtre. On notera qu’ils ont d’ailleurs été rejoints par des groupes salafistes, au prétexte que le Christ aussi était un prophète de la religion musulmane. Salman Rushdie et Taslima Nasreen seront toujours protégés dans le pays de la liberté. C’est bien de cela qu’il s’agit. »
