Alors que l'Avent se termine - France Catholique
Edit Template
Pâques. La foi des convertis
Edit Template

Alors que l’Avent se termine

Copier le lien

Les troubles de ce monde font souvent sérieusement obstacle à la célébration de Noël, tout spécialement pour ceux qui sont confrontés à la souffrance : les innocentes victimes des guerres, des famines, des crimes, des familles brisées et ainsi de suite. Vraiment, comment voulez-vous célébrer Noël, la naissance du Prince de la Paix, avec des bombes tombant autour de vous, ou avec des bandes de soldats rôdant, essayant de détruire votre village et de vous asservir, ou privé de nourriture pour vos enfants, parce que la famine ou la guerre a anéanti vos récoltes ? Beaucoup de gens font face à ces maux, et que peut signifier Noël pour eux au milieu de ces souffrances, même s’ils sont des chrétiens véritables, mettant toute leur confiance dans le Christ ?

Eh bien, nous pouvons espérer que ces chrétiens souffrants se remémorent que la naissance de Jésus a pris place dans un tel contexte de troubles et de souffrances. En vérité, le monde dans lequel il est né connaissait tous ces maux sous l’occupation romaine, à l’exception de nos modernes armes de destruction massive. Et nous devons nous rappeler que les circonstances mêmes de sa naissance ont été causes de beaucoup de souffrance. D’abord la grande souffrance morale causée par la diffamation, parce que Marie était enceinte sans pouvoir le justifier. Il y avait pareillement la souffrance de Joseph, qui ne comprenait pas lui-même comment cet enfant avait été conçu, bien qu’il n’ait jamais douté de la loyauté de Marie.

Il y a eu ensuite leurs souffrances au cours de ce voyage qu’ils ont dû entreprendre ensemble vers Bethléem en vue du recensement romain, avec Marie si avancée dans sa grossesse. Elle a subi ensuite l’indignité et la pauvreté de l’étable comme lieu de naissance pour son fils. Et au final il y a eu la fuite en Egypte, pour échapper à un roi cruel qui voulait tuer le Messie promis à Israël – et qui n’a pas hésité à massacrer des innocents pour conserver le pouvoir.

Que de maux et de tristesse tout cela a-t-il entraînés, et pourtant quelle joie a jailli en ce lieu au moment de sa naissance, la joie de Marie et de Joseph dont les yeux contemplaient pour la première fois le Rédempteur promis, la joie des anges annonçant la bonne nouvelle aux bergers, la joie des bergers qui ne connaissaient jusqu’alors que pauvreté et souffrance, et qui avaient enfin un sauveur né pour les sauver et voyaient leur attente patiente récompensée.

Quel monde étrange, où tant de maux et de souffrances sont mêlés de tant de bonté et de joie. C’est cela notre monde, le monde de l’homme, qui est soumis à ce mystère d’iniquité et de bonté, de souffrance et de joie, de désespoir et de félicité. C’est dans ce monde que l’enfant est venu, pour le sauver, pour rendre la joie possible au milieu de la tristesse, le bonheur au milieu de la souffrance, l’espoir au coeur du désespoir.

Rappelez-vous le psaume 8 :

« Qu’est-ce que l’homme que Tu en aies souci, le fils de l’homme pour que Tu en prennes soin ? Tu l’as fait un peu moindre qu’un dieu, et Tu l’as couronné de gloire et d’honneur. »

L’homme est l’objet de l’amour infini de Dieu, et Dieu nous a couronnés d’honneur et de gloire en devenant l’un de nous. Il connaît notre pauvreté parce qu’Il est né dans une étable ; Il connaît notre souffrance parce qu’Il a choisi de souffrir pour nos péchés ; et il sait combien le mal nous accable parce qu’Il est mort sur une croix pour nous racheter.

C’est tout cela qui fait de Noël, à toutes les époques, un événement joyeux pour les croyants, peu importe les circonstances dans lesquelles ils vivent. C’est précisément parce que Dieu comprenait nos souffrances qu’Il a souffert pour nous. C’est parce qu’Il comprenait comment le mal, commençant avec notre propre péché, menaçait de ruiner et de détruire nos vies qu’Il a choisi de mourir pour nous.

L’homme est l’architecte de sa propre situation dans ce monde. Alors que nous avons la capacité de faire beaucoup de bien, il est clair que nous avons aussi une inclination à faire beaucoup de mal. Une grande part des souffrances dans ce monde est causée par l’inhumanité de l’homme envers l’homme. Alors même que nous avons les outils et l’ingéniosité pour éliminer une grande part des souffrances de notre monde, nous n’avons pas la volonté de le faire, ni la faculté de surmonter nos propres péchés. C’est pourquoi Dieu décide d’intervenir dans notre monde. Et pourtant, même après son humble venue, son sacrifice, son offre de salut, nous continuons à créer un monde sans Dieu, ce qui signifie inéluctablement un monde empli d’une terrible souffrance.

Noël nous rappelle, si nous sommes de véritables croyants, qu’il y a toujours un espoir pour le monde. Un enfant nous est né qui peut changer le monde, si seulement nous lui permettons de nous changer nous-mêmes. Tout ce que nous avons à faire est de renoncer à notre fierté et à notre égocentrisme pour devenir ses fidèles disciples. Une grande lumière continue de briller dans l’obscurité de ce monde, une lumière qui s’est levée dans une grotte de Bethlehem il y a 2000 ans. Ceux qui suivent cette lumière découvrent une joie que le monde ne peut enlever, quelle que soit la manière dont il s’y prenne.

Comme l’Avent se termine, puissiez-vous être récompensés par cette extraordinaire joie de Noël, que votre joie soit parfaite quand vous verrez cette merveilleuse lumière rayonnant du visage du nourrisson de la crèche.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/as-advent-ends.html

— –

Le frère Mark A. Pilon, prêtre du diocèse d’Arlington, en Virginie, est titulaire d’un doctorat de théologie de l’université de la Sainte Croix à Rome.

— –

Illustration : La Nativité de nuit, par Gérard de Saint Jean, 1490