Alors, de quoi avoir peur ? - France Catholique
Edit Template
« Ô Marie conçue sans péché »
Edit Template

Alors, de quoi avoir peur ?

Copier le lien
messe_berlinoise.jpg

Beaucoup de gens ont été déconcertés par le Synode sur la Synodalité – le « marcher ensemble » qui semble enthousiasmer certaines personnalités du Vatican (et leurs alliés immédiats), mais presque personne d’autre. De nombreux cardinaux venus de tous les continents réunis en consistoire il y a un mois au Vatican se demandaient même encore ce que signifie « synodalité », après plus d’un an de consultations « nationales ». Nous pouvons maintenant avoir quelques réponses dans les remarques de deux cardinaux très différents.

Le cardinal Mario Grech – secrétaire général du Synode des Evêques – a récemment expliqué à la Table ronde des dirigeants de l’Église que, lorsqu’il s’agit de controverses telles que l’octroi de la communion aux catholiques divorcés et remariés ou la bénédiction des couples de même sexe, l’Église n’a rien à craindre : « Qu’est-ce que l’Église a à craindre si ces deux groupes de fidèles ont la possibilité d’exprimer leur sens intime des réalités spirituelles dont ils font l’expérience ? Ne serait-ce pas là une occasion pour l’Église d’écouter l’Esprit Saint parler à travers eux aussi ? »

Il a également déclaré que, qu’il s’agisse des fidèles de la messe en latin ou des LGBTQ+, « tout le monde doit être écouté » et « personne n’est exclu ».

Bien sûr, comme le montre clairement cette tentative de paraître juste et équilibré, tout le monde n’est pas vraiment « écouté ». Les catholiques qui assistent à la messe traditionnelle en latin – et qui sont réellement fidèles – ont été maltraités, certains pourraient même dire exclus. Les « catholiques » LGBTQ+, quant à eux, ont été traités avec des gants de soie et – pour être (sans brutalité) franc – ne peuvent être considérés comme « fidèles » que par un abus de langage.

Le Cardinal s’est, en outre, mis dans une position périlleuse. Il serait avisé d’être très prudent avant même de suggérer que le Saint-Esprit pourrait « parler », surtout lorsqu’il semble soudainement avoir changé de cap. Il n’a peut-être pas voulu dire ce qu’Il a dit au début de l’histoire, à savoir « il les créa homme et femme ». (Plus tôt cette année, le Cardinal Jean-Claude Hollerich, nommé par le Pape François pour être le Relateur Général pour le Synode sur la Synodalité, a déclaré à propos de l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité, « Je pense qu’il est temps que nous fassions ici une révision fondamentale de la doctrine »).

Il est bon de répéter que si toute la tradition judéo-chrétienne s’est trompée sur l’une des plus anciennes déclarations bibliques concernant ce que nous sommes en tant qu’êtres humains – des personnalités éminentes comme le Père James Martin S.J. ont évoqué cette possibilité – presque tout est alors remis en question, y compris la question de savoir si Dieu a parlé dans l’Écriture et la Tradition. Malheureusement, et par conséquent, cela a même conduit de nos jours de nombreuses personnes, qui trouvent leur identité dans la sexualité, à se demander si Dieu existe vraiment.

Il était donc très encourageant que le Cardinal Gerhard Mueller, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi – le bureau doctrinal du Vatican – ait mis en garde la semaine dernière contre une « prise de contrôle hostile » en cours au sein de l’Eglise elle-même, à laquelle il faut résister.

Le cardinal Mueller est un théologien de poids et, contrairement à beaucoup – à l’intérieur et à l’extérieur de la Foi – qui voudraient laisser les obsessions contemporaines remodeler l’Église, il insiste sur le fait que l’« écoute » qui doit toujours avoir lieu en premier lieu est celle de Dieu, en particulier tel qu’il s’est révélé en Jésus-Christ.

« En revanche, dit-il, l’approche adoptée par le cardinal Grech et d’autres présente un modèle familier dans l’histoire de l’Église : Il s’agit d’une herméneutique [manière d’interpréter] de l’ancien protestantisme culturel ; et … du modernisme : c’est-à-dire le positionnement de l’expérience individuelle au même niveau que la révélation objective de Dieu. Et Dieu n’est qu’un mur pour vous, [sur] lequel vous pouvez projeter vos [propres] idées, et faire un certain populisme dans l’Église…. Mais il est évident que cela est absolument contraire à la doctrine catholique. Nous avons la Révélation de Dieu en Jésus-Christ. Et elle est définitivement close et achevée en Jésus-Christ. C’est absolument clair : Jésus a parlé de l’indissolubilité du mariage. Et comment est-il possible que le Cardinal Grech soit plus intelligent que Jésus-Christ, où il prend son autorité pour relativiser, pour subvertir [ce qui est] de Dieu ? »

C’est là tout le nœud du problème, et pas seulement pour le cardinal Grech. L' »écoute » synodale est présentée comme une démarche pastorale d' »accompagnement » des « fidèles ». Mais comme nous le savons par l’histoire récente dans des contextes laïques, tout cela est en réalité un prélude à la capitulation. Les dissidents ne se sentent pas « entendus », et ne se modèrent pas, par le « dialogue ». Comme cela a été prouvé à maintes reprises, cela ne fait que les enhardir.

Dans l’interview, Raymond Arroyo a posé une question directe et difficile au cardinal : Pourquoi pensez-vous que le pape permet cela ? Je ne peux pas le comprendre.

Je dois le dire ouvertement, parce que la définition du pape, basée sur le Concile du Vatican et sur l’histoire de la théologie catholique, est qu’il doit garantir la vérité de l’Évangile et l’unité de tous les évêques, et dans l’Église, dans la vérité révélée.

Les papes doivent aussi, bien sûr, tenir compte de ce qui se passe à tout moment dans le monde.

Mais la réponse du cardinal exprime la compréhension fondamentale – en termes simples et concrets – de ce que notre théologie et Vatican II lui-même ont défini comme le rôle du pape.

En revanche, nous avons le cardinal Grech – un juriste canonique, pas un théologien – qui délivre cette rodomontade : « Une réception correcte de l’ecclésiologie du concile active des processus si fructueux qu’ils ouvrent des scénarios que même le concile n’avait pas imaginés, et dans lesquels les actions de l’Esprit qui guide l’Eglise sont rendues manifestes ».

Mais qu’y a-t-il à craindre ?

Il n’est pas difficile pour nous, presque soixante ans après le Concile, d’imaginer où conduira « l’activation » de ces « scénarios » et « processus fructueux ».

Le cardinal Mueller a le dernier mot sur ce que les dirigeants du « processus synodal » ont créé : « Ils ont l’intention de substituer leurs propres idées subjectives à la réalité révélée de Jésus-Christ. … le [chemin vers] la destruction de l’Église catholique. »