Triste nouvelle, et préoccupante, tant cette exclusion donne une curieuse idée de la conception que les dirigeants de la « République en Marche » se font des débats internes à leur parti : selon eux, un débat ne serait-il acceptable que s’il n’y a pas d’opposant ? Un débat sans opposant, ce ne peut être qu’un simulacre, au mieux dérisoire, au pire scandaleux.
On nous permettra de faire référence au père fondateur d’une des grandes démocraties de la planète, Abraham Lincoln, qui écrivit un jour ces mots : « Le silence devient un péché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation ».
Progressisme monolithique
Un « débat » unilatéral pour un discours « progressiste » monolithique, dans une fuite en avant utopique aux conséquences incertaines, voilà qui appelle des réminiscences d’époques déjà condamnées par l’Histoire.
Quant au fond, sur une question aussi capitale, aux enjeux aussi graves que celle de l’élargissement de la PMA – mesure qui fatalement porte en germe l’introduction et la légalisation de la « Gestation pour autrui » périlleuse et asservissante – n’est-il donc plus possible à un élu, à une élue du peuple français, comme ici Agnès Thill, d’exprimer une opposition de principe pour des raisons de conscience ?
Petits Créon
Précisément, n’a-t-on plus droit à l’objection de conscience en France, au sein du parti politique du Président de la République ? Si cela devait se confirmer, ce serait d’une gravité sans précédent.
Mais les petits Créon d’aujourd’hui n’auront pas toujours raison des Antigone qui leur résistent. Car les lois non écrites, elles, sont éternelles.