Agnès Thill : « Je suis prête à descendre dans la rue ! » - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Agnès Thill : « Je suis prête à descendre dans la rue ! »

Interview. Au lendemain de son exclusion de La République en Marche (LREM) en raison de propos sur l’ouverture de la PMA jugés « pernicieux », la députée de l’Oise revient sur les circonstances de cette décision, et sur ses projets. Au Palais Bourbon, et dans la rue s’il le faut, Agnès Thill veut demeurer une voix majeure de la contestation. Au nom de la pluralité démocratique.
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Agnès Thill dans l'hémicycle (DR)

Agnès Thill dans l'hémicycle (DR)

Quelles sont vos intentions au lendemain du verdict de la commission de discipline ? Allez-vous faire un recours ?

Je vais bien évidemment contester cette décision que rien ne peut expliquer. Le dossier est vide de tout élément qui pourrait la justifier. Je n’ai fait que répéter ce que le conseil d’Etat avait jugé, à savoir que les couples homosexuels et hétérosexuels relèvent de situations différentes au regard de la procréation. Et réaffirmer le caractère illégal de la GPA, comme l’avait affirmé le président de la République au cours de la campagne électorale de 2017.

A La République en Marche, on explique que c’est la forme de vos propos qui vous est reprochée, et non le fond…

Il s’agit là en réalité de la fausse excuse d’un parti sectaire qui se dit tolérant mais refuse la pluralité. S’il fallait exclure de LREM tous ceux qui ont tenu des propos blessants à l’encontre de tel ou tel groupe de citoyens, il n’y resterait plus grand monde. Rappelez-vous Christophe Castaner qui déclare que Notre-Dame de Paris n’est pas une cathédrale ! De quoi s’agit-il alors ? D’une salle de spectacle ? D’un gymnase ? Par ces propos, il a durement blessé les catholiques. Rappelez-vous Marlène Schiappa qui voit une « convergence idéologique » entre La Manif pour Tous et les terroristes islamistes ! Souvenez-vous de Gilles Le Gendre qui estimait que l’exécutif avait été « trop intelligent ». De Benjamin Griveaux, méprisant « les gars qui fument des clopes et roulent au diesel ». D’Aurélien Taché établissant une équivalence entre le voile islamique et le serre-tête des jeunes filles catholiques… On n’en aurait pas fini ! Et je passe sur les insultes dont j’ai été l’objet : j’ai été qualifiée d’homophobe, de réac, de Sainte-Bernadette…

Concrètement, si votre exclusion est confirmée, qu’allez-vous faire ?
A chaque jour suffit sa peine ! Je suis désormais une députée non-inscrite. C’est une position qui convient bien, sauf qu’elle me prive de toute possibilité de prendre la parole ou presque. Et à l’approche du débat sur la révision de la loi bioéthique, en septembre prochain, il est impensable que je ne puisse pas m’exprimer. Il va donc falloir que je rejoigne un groupe dans lequel je pourrai faire valoir ma position.

Pourriez vous rejoindre Les Républicains sur les bancs de l’Assemblée ?
Il est certain que depuis un an, depuis que je suis harcelée violemment par les miens, ce sont surtout des collègues de droite qui m’ont manifesté leur soutien ou me saluent dans les couloirs. Mais le débat sur la PMA est un sujet éthique qui dépasse largement les clivages traditionnels : nous allons faire des enfants sans père et dans trois ans, nous aurons la GPA ! J’ai pu entendre que j’allais être récupérée, mais je vous rassure : je suis infiniment libre et qui voudra se marier avec moi ne pourra le faire sans mon consentement !

Depuis votre exclusion, avez-vous déjà eu des remontées du terrain, et de votre circonscription en particulier ?
Mon attachée parlementaire croûle sous les messages de soutien ! Plusieurs de ceux qui avaient fait campagne avec moi ont déjà rendu leur carte d’adhérent à LREM. Il faut savoir qu’en territoire rural, pour beaucoup de gens, la procréation suppose un homme et une femme. Des enfants nés sans père, l’insémination post-mortem, le remboursement de ces pratiques, sont très loin d’y faire l’unanimité. Il s’agit là de préoccupations parisiennes. Malheureusement, il faut reconnaître que l’avènement d’une société hyper-individualiste, dans laquelle la consommation devient la préoccupation prioritaire, permet de faire adopter presque n’importe quel texte sans grande difficulté. J’y vois là l’amorce d’une dérive totalitaire extrêmement préoccupante.

Êtes-vous disposée à manifester en septembre prochain ?
Bien entendu, je suis prête à descendre dans la rue ! Je ne compte pas m’associer à La Manif pour Tous car c’est une organisation que je ne connais pas. Mais je marcherai volontiers avec des mouvements variés, à condition qu’ils ne soient pas portés par des extrêmes.