Agir en ministres, non en maîtres - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Agir en ministres, non en maîtres

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Quand nous réfléchissons au mystère de la Sainte Trinité, nous en venons à prendre conscience que c’est une des révélations les plus utiles de l’arsenal catholique car étayant notre relation avec Dieu et avec la vie que Dieu nous donne. Convenablement comprise, la Trinité montre comment et pourquoi nous sommes les ministres de la vie, et non les maîtres de la vie.

Dieu le Père est révélé dans l’Ancien Testament comme le Dieu unique et Créateur. Il intervient dans l’histoire après la Chute d’Adam pour conduire le Peuple Elu dans ses pérégrinations.

Jésus est la Parole du Père et il accomplit Sa volonté ; Il sauve et rachète l’homme pécheur.

A la Pentecôte, l’Esprit-Saint est définitivement révélé comme le lien d’amour divin lors de sa descente sur Marie et les disciples.

Il y a une union d’amour d’une infinie perfection au sein de la Sainte Trinité : un Dieu unique mais mystérieusement trois Personnes distinctes, une distinction marquée des personnes qui accompagne la perfection de l’amour divin.

Mais la Sainte Trinité n’est pas statique. Mystérieusement, alors même qu’il y a l’absolue perfection de l’amour au sein de la Sainte Trinité, Dieu crée, partageant Son amour. Dieu n’a pas besoin de l’amour de ses créatures, pourtant Il crée. La communion d’amour de Dieu se répand dans la création. Bien que n’ayant pas besoin de notre amour, Il désire notre amour.

Depuis le point de vue de la Pentecôte, nous pouvons revisiter le récit de la Création dans le Livre de la Genèse. La nature de l’amour de la Sainte Trinité inclut un mystérieux amour désintéressé révélé par la création de l’homme. Un amour aussi désintéressé préfigure le sacrifice du Christ sur la Croix : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15:13)

Avec l’empreinte divine de la Sainte Trinité dans le cœur de chaque homme, nous pouvons commencer à expliquer des penchants et des comportements autrement inexplicables. Parce que l’homme est créé à l’image de Dieu, l’empreinte divine définit et dirige notre nature. Cela aide à expliquer l’amour désintéressé d’un soldat qui donne sa vie par amour pour ses camarades. Un athée peut admirer un tel amour désintéressé mais il n’en connaît pas la source. L’empreinte mystérieuse de la Sainte Trinité dans nos cœurs nous incite à participer à la communion de Son amour et à partager de la même manière son amour au monde.

Ces deux éléments, communion et création, sont identifiables dans la Genèse. Quand Adam aperçoit sa bien-aimée Eve, il s’exclame : « voici enfin l’os de mes os et la chair de ma chair. » (Genèse 2:23) L’amour fait ses délices dans la personne aimée. Et le Seigneur les envoie pour être Ses co-créateurs : « soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. » (Genèse 1:28)

Sur ordre de Dieu, mâle et femelle deviennent les bons intendants et ministres de la vie nouvelle. Un bébé nouvellement conçu n’appartient pas à ses parents. Un nouveau-né appartient à Dieu. Le père et la mère ont le privilège et le devoir incontournable d’être les intendants aimants du don de Dieu. Dieu est le maître de la vie ; en participant à son amour, nous sommes les ministres de la vie qu’Il nous a octroyée comme un don.

Curieusement, la majeure partie des amours humaines dévorent l’objet aimé. Si quelqu’un aime les hamburgers, il faut préalablement qu’une vache meure pour qu’on puisse lui servir son repas. Mais l’amour entre les personnes ne consume pas l’objet aimé, même les athées en tomberont d’accord. Quand les êtres humains s’aiment les uns les autres, l’amour n’est pas destructeur.

Il n’y a pas de relation maître/esclave, même au sein des familles – même avec Jésus Lui-même : « je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » (Jean 15:15) L’amour pour l’autre est un ministère. Les époux sont d’une manière spéciale les ministres de la vie, participant à la vie intérieure de la Trinité.

C’est sûr, l’amour sincère peut être douloureux, surtout quand il appelle à la repentance des péchés. Un amour humain véritable, qui participe à l’amour de la Trinité n’est jamais destructeur des autres. Appeler un enfant ou un conjoint bien-aimé à la repentance respecte – ou devrait respecter – la dignité de l’être aimé.

Dans le mariage, au lieu de dire « communion et création », nous pourrions dire « liens affectifs et bébés ». Conséquemment, tout véritable mariage devient une image de l’amour de la Saint Trinité quand il est fidèle et ouvert à la venue des enfants. L’ouverture à la vie avec le désir d’être ministres de la vie nouvelle est une nécessité belle et naturelle du lien du mariage.

Certains ne sont pas d’accord, prétendant que les médicaments contraceptifs améliorent l’amour humain en nous libérant de la crainte d’avoir des bébés. Mais sans l’ouverture à une vie nouvelle, sans le sens du mystère, sans un abandon confiant à la providence divine et sans un engagement à servir, nous nions notre nature encline à la communion et à la création.

Un acte contraceptif suppose la maîtrise de la vie. Ce n’est pas seulement un obstacle au plan de Dieu pour la création, cela réduit le lien marital à une simple auto-satisfaction mutuelle. Et supposer avoir la maîtrise de la vie a des conséquences terribles.

Tout comme le péché d’Adam a apporté la souffrance et la mort dans le monde, le recours à la contraception détruit la chasteté, avilit les mariages, défigure les cultures et ruine même les nations. De plus en plus, des nations modernes avec des populations en déclin ont recours à l’immigration sans limite pour résoudre des problèmes de pénurie de main d’œuvre plutôt que d’oser s’opposer à la racine du mal : la mentalité contraceptive.

Certains suggèrent que la pratique de la contraception n’est que la violation d’une règle ecclésiale écrite par de vieux clercs chenus et que les règles peuvent changer avec suffisamment de pression politique. Au contraire, la contraception met en péril l’unité de l’homme et de la femme et offense directement l’amour créateur de la Sainte Trinité. Les actes contraceptifs violent notre nature d’êtres humains.

Mais en choisissant la vie et l’amour de la Sainte Trinité, nous mettons en concordance nos esprits et nos cœurs et devenons de véritables ministres de la vie. Donc, choisissons la vie, au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit.

Le père Jerry J. Pokorsky est un prêtre du diocèse d’Arlington (Virginie). Il est le curé de la paroisse Sainte Catherine de Sienne à Great Falls.

Illustration : « La Trinité » par Luca Rossetti da Orta [église Saint Gaudens à Ivrea – Italie]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/05/31/ministers-not-masters/