Adieu à Stéphanos II Ghattas, patriarche d'Alexandrie - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Adieu à Stéphanos II Ghattas, patriarche d’Alexandrie

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L’ADIEU DE LA MISSION COPTE CATHOLIQUE DE PARIS
A
STEPHANOS II GHATTAS
PATRIARCHE D’ALEXANDRIE
ET
CARDINAL DE L’EGLISE UNIVERSELLE

Le 20 janvier 2009, le Seigneur a rappelé à Lui Sa Béatitude Stéphanos II GHATTAS, Patriarche émérite d’Alexandrie et Cardinal de l’Eglise Universelle. Sa mort est une déchirure pour la Communauté Copte Catholique. Elle est aussi l’occasion de rendre grâce pour les fruits de sa mission au service de l’Eglise.

UN CHEMIN, UNE VIE

Quand certains se cherchent longuement et de tours en détours perdent un temps précieux, Andraos Ghattas sut, très tôt, que le Christ serait son chemin et sa vie.

Les années de formation

Andraos Ghattas est né le 16 janvier 1920 dans une famille profondément chrétienne de Haute-Egypte. Ses années de formation, au Petit Séminaire du Caire où il entra en 1929, puis au collège jésuite de la Sainte-Famille, le firent grandir dans l’intimité du Seigneur. Son parcours romain lui permit d’approfondir sa vocation. Envoyé en 1938 au Collège « De Propaganda Fide », il y obtint une licence en philosophie et théologie.

Le Prêtre lazariste 

Le 25 mars 1944 Andraos Ghattas fut ordonné prêtre à Rome. De retour en Egypte, il enseigna la philosophie et la théologie dogmatique au Grand Séminaire de Tahta puis de Tanta.

En 1952, touché par le charisme de Saint Vincent de Paul, il entra dans la congrégation des Pères Lazaristes et vint faire son noviciat à Paris.
Après six ans d’apostolat au Liban, il devint l’économe puis le supérieur des lazaristes d’Alexandrie. Ce fut pour la communauté une période d’intense rayonnement intellectuel et spirituel.

L’Evêque de Thèbes-Louxor 

Le 6 juin 1967, le père Andraos Ghattas fut élu par le Synode Copte Catholique évêque de Thèbes-Louxor. Durant dix-sept ans, il anima et administra le plus ancien évêché d’Egypte qu’il prépara à l’avenir en y initiant de grands travaux.

Le Patriarche d’Alexandrie

Après avoir été deux années durant Administrateur Apostolique du Patriarcat, Monseigneur Andraos Ghattas fut élu le 9 juin 1986 patriarche d’Alexandrie. Pour témoigner de son affection envers son prédécesseur et s’inscrire dans la continuité, il prit le nom de Stéphanos II Ghattas.

Le Cardinal de l’Eglise Universelle 

le 21 février 2001, un an après la visite historique du Pape Jean-Paul II en Egypte, Sa Béatitude Stéphanos II Ghattas fut créé Cardinal de l’Eglise Universelle.

Les années de retraite 

Affaibli par l’âge, Sa Béatitude démissionna le 11 mars 2006, heureux de voir Monseigneur Antonios Naguib lui succéder à la tête de l’Eglise Copte Catholique. Il passa ses dernières années au foyer Saint-Etienne des prêtres âgés qu’il avait fait construire au Caire, dans le quartier de Méadi, avec l’aide de l’Œuvre d’Orient.

COMME UN PORTRAIT ECLATE

Pour vous faire toucher la foi fervente qui habitait Sa Béatitude, je voudrais, après avoir évoqué les grands rendez-vous de son existence, vous présenter comme un portrait éclaté de ce qu’il fut pour nous, les Coptes Catholiques.


Un pasteur rayonnant de bonté

Sa Béatitude était certes dotée de qualités intellectuelles hors pair mais ce qui frappait d’abord, c’était son extrême simplicité. Il avait cette manière unique d’effacer toute distance avec ses interlocuteurs et d’instaurer avec eux des relations empreintes de douceur et de confiance. Je l’éprouvai à chacune de nos rencontres, tout enfant au Petit Séminaire et plus tard, alors qu’à Montréal puis à Paris j’exerçais ma mission au service de la diaspora..
Cette bienveillance était sans nul doute un trait de son caractère mais aussi sa façon de vivre l’Evangile et d’obéir au premier des commandements en honorant Dieu en chacun de ses frères.
Comme son maître Saint Vincent de Paul, il pratiquait une charité active. Ses évêques, ses prêtres et ses fidèles savaient pouvoir compter sur lui. Il aimait les visiter, les accompagner personnellement dans les étapes décisives de leurs vies si bien que, par son extraordinaire proximité, il devint véritablement leur père très aimé.


Un bâtisseur

Porté par sa foi et soutenu pas son espérance, Sa Béatitude ne se laissa jamais paralyser par un contexte politique et économique peu favorable aux chrétiens d’Egypte. Avec détermination, il réunit les fonds et força les autorisations pour doter son patriarcat d’églises, de presbytères, de centres de catéchèse et de dispensaires où transmettre la Parole, célébrer la liturgie et pratiquer la charité. Il fit en outre élever l’évêché de Louxor et deux cathédrales, l’une à Alexandrie et l’autre au Caire. C’est dans la seconde, consacrée à la vierge Marie pour laquelle il avait une dévotion toute particulière, qu’il repose désormais.

Un apôtre enraciné dans sa terre natale 

Apôtre infatigable, il arpentait en tous sens son territoire- qu’il fût paroisse, évêché ou patriarcat – animé par la passion de transmettre l’Evangile. Il était viscéralement attaché à sa terre natale. Son amour pour l’Egypte le rendit sensible à la douleur des émigrés et l’amena à fonder l’Eglise de la diaspora. En France, en Italie, au Canada, aux USA et aussi en Australie, il créa des Missions. Dans les si beaux messages qu’il adressait à ses fidèles exilés et que j’eus la joie de leur transmettre, il les exhortait à « aimer l’Egypte plus que tout », à se souvenir qu’ils avaient « bu l’eau du Nil » et « à demeurer attachés à la tradition de leur Eglise Copte Catholique ».

Un pèlerin de l’Eglise Universelle 

Ce lien, très étroit, qu’il se plaisait à souligner entre une terre particulière et son Eglise, ne l’empêchait pas de se sentir membre et hiérarque de l’Eglise Universelle.
Aussi facilement que, d’Assouan à Alexandrie, il voyageait à travers l’Egypte, il prit l’habitude d’aller de par le monde à la rencontre de ses enfants dispersés.


Un ami de la France

Stéphanos II Ghattas vivait en Egyptien mais pensait en français, qui fut la langue de ses études puis de son noviciat chez les lazaristes. Une langue qu’il maîtrisait à merveille et qui, avec lui, se faisait délicieusement fleurie et chantante. Il entretenait ainsi des relations privilégiées avec la Fille aînée de l’Eglise romaine et aimait venir à Paris où il avait ses habitudes. Il résidait rue de Sèvres chez ses frères de Saint Vincent de Paul ; allait se recueillir rue du Bac, à la Chapelle de la Médaille Miraculeuse ; s’arrêtait rue de Babylone, à l’Ordinariat des catholiques des Eglises orientales résidant en France; poussait jusqu’à la rue du Regard pour trouver, auprès de l’Œuvre d’Orient, un soutien à ses innombrables projets ; et bien sûr allait jusqu’à Notre Dame pour y rencontrer son Cardinal. S’il était chez lui Rive Gauche, ceci ne l’empêchait pas de traverser la Seine pour venir célébrer la Sainte Messe dans la petite chapelle du 10ème arrondissement qui accueille Notre Dame d’Egypte, ni même de franchir le périphérique pour répondre aux nombreuses invitations de la communauté copte d’Ile-de France.

Patriarche d’une Eglise minoritaire et souffrante, il sut, avec beaucoup de finesse, dialoguer avec le pouvoir, l’islam et les autres Eglises chrétiennes. Ce sens aigu de la diplomatie rendit possible la venue en Egypte du pape Jean-Paul II et le rassemblement œcuménique dans la Cathédrale « Notre Dame d’Egypte » du Caire le 25 février 2000.
Il entretint aussi avec le pape Chenouda III, chef de l’Eglise Copte Orthodoxe, des relations d’amitié.
Il n’eut de cesse, enfin, d’inviter ses fidèles et leurs frères musulmans à partager le pain et cultiver la convivialité.
Par sa bonté et sa simplicité, par son indéfectible fidélité à son Seigneur, son Eglise et sa terre, sa Béatitude Stéphanos II Ghattas a incarné saintement la figure du patriarche. Que le Seigneur l’accueille en sa demeure et qu’Il nous rende digne des fruits semés par lui à profusion !

Mgr Michel Chafik
Recteur de la Mission copte catholique de Paris
« Notre Dame d’Egypte »