Adéquation à la mission de l'enseignement supérieur catholique - France Catholique
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Dieu face à l'État
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Adéquation à la mission de l’enseignement supérieur catholique

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Imaginez qu’une jeune femme prenne un poste de professeur de mathématiques dans une école juive Yeshivah. C’est un professeur de mathématique compétent, voire même excellent. Mais après quelques semaines d’enseignement, elle commence à médire de l’État d’Israël : cela dit, pas simplement de la politique actuelle de l’État d’Israël, mais de l’existence même d’Israël disant des choses telles que : « Israël n’aurait jamais dû être créé » et « La revendication de la totalité du territoire par les Palestiniens est légitime et ceux qui ne le reconnaissent pas ne sont que des fanatiques. » Combien de temps croyez-vous que cette jeune femme gardera son poste ?

Ou encore, imaginons un jeune homme qui obtient un poste de professeur d’économie dans une école musulmane. Une fois encore, il est parfaitement au courant des théories économiques modernes et il les enseigne très agréablement. La plupart des étudiants l’adorent. Mais maintenant, supposons que la direction de l’établissement découvre que ce professeur a dessiné Mahomet sur le tableau pour amuser les étudiants, qu’il a interdit aux jeunes musulmanes de porter leur voile pendant ses cours et critiqué l’interdiction que fait le Coran de l’usure. Qui s’attend à le voir garder longtemps son travail ?

Pour finir, imaginons qu’une jeune Américaine tout juste diplômée d’université accepte un poste de professeur de science dans une école hindouiste d’un quartier pauvre de Bombay. Bien qu’hyper compétente dans sa discipline et dévouée à ses étudiants, elle méprise ouvertement la notion de réincarnation, la désignant comme « une totale absurdité au regard de la science ». Elle a aussi déclaré aux enfants de la caste des brahmanes qu’ils devraient être « honteux des injustices que leurs ancêtres ont commises au détriment des membres des castes moins élevées. » De nouveau, combien de temps espéreriez-vous que cette jeune femme garde son poste ?
Bien plus, de nombreux Américains ne l’accuseraient-ils pas d’un manque très inconvenant de « sensibilité multi-culturelle » ?

Dans chaque cas, vous répondrez que l’enseignant en question serait immédiatement viré, sans doute possible. Et si vous supposez que quasiment personne ne s’attend à ce que l’établissement scolaire agisse différemment, alors pourquoi l’archevêque Cordileone de San Francisco a-t-il essuyé un tir de barrage pour avoir essayé d’assurer un minimum de fidélité à l’enseignement de l’Église Catholique dans les établissement d’enseignement supérieur de son diocèse ?

Comme de nombreux lecteurs l’apprendront, huit législateurs de l’État de Californie ont écrit récemment à l’archevêque pour se plaindre de sa nouvelle règle exigeant des enseignants qu’ils signent une promesse de soutenir l’enseignement de l’Église en classe. L’archevêque leur a répondu en faisant remarquer que premièrement, les « clauses morales » du nouveau contrat d’enseignant ne s’appliquent pas à la vie privée des professeurs mais concernent seulement leurs obligations publiques comme enseignants dans des écoles déclarées catholiques où ils ont été embauchés pour mener une mission éducative en accord avec les injonctions de l’encyclique sur l’éducation catholique Ex corde ecclesiae, de Jean-Paul II.

L’archevêque Cordileone a offert une seconde réponse dans le style de celles que j’ai proposées plus haut. Il demande aux huit démocrates membres du Congrès :

Est-ce que vous engageriez un directeur de campagne qui soutiendrait des politiques contraires à celles que vous prônez et qui se montrerait irrespectueux à votre égard et envers le Parti Démocrate en général ? D’un autre côté, si vous connaissiez un brillant directeur de campagne qui, bien que Républicain, serait désireux de travailler pour vous et accepterait de ne pas parler ou agir en public contre vous ou votre parti — engageriez-vous cette personne ? Si vous répondez non à la première question et oui à la deuxième, alors nous sommes d’accord sur le principal point débattu ici.

Maintenant, imaginons que ce directeur de campagne, malgré ses promesses, commence à critiquer votre parti et à porter aux nues votre adversaire, et que vous décidiez de le licencier. Le feriez-vous parce que vous détester carrément tous les Républicains, ou parce que cet individu, qui se trouve être Républicain, a trahi votre confiance et agi contrairement à sa mission ? Si c’est cette dernière hypothèse qui est vraie, alors nous sommes d’accord aussi sur ce principe.

Mon point de vue est : je respecte votre droit d’embaucher ou non qui vous voulez pour accomplir votre mission. Je vous demande seulement le même respect.

Comme nous le savons, eux et ceux du même acabit ne sont pas susceptibles de lui montrer le même respect — non seulement celui qu’ils attendraient pour eux-mêmes, mais même celui qu’ils témoigneraient à toute autre école religieuse.

Pourquoi ?

Il semble y avoir deux explications. La première est que les catholiques ne sont pas sectaires. Ils insistent pour que leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs œuvres d’adoption soient ouvertes à tous et pas uniquement aux catholiques. Quand la générosité d’une institution est d’une telle ampleur, les ingrats peuvent avoir l’idée que c’est un service public, et que comme les autres services publics, c’est une chose à laquelle ils ont droit — et cela selon leurs propres critères.

Les écoles catholiques ne sont pas des écoles publiques. Elles servent le bien public justement en n’étant pas des écoles publiques. Les parents qui scolarisent leurs enfants dans des écoles catholiques doivent savoir cela, sinon ils enverraient plutôt leurs enfants dans des écoles publiques, qui sont gratuites.

L’autre raison du problème est de celles que je peux identifier facilement, ayant grandi dans le protestantisme. C’est la sorte de sectarisme anti-catholique ignorant qui a longtemps caractérisé de nombreux tenants de la « religion civique » américaine. Beaucoup d’Américains n’ont jamais été à l’aise avec les écoles paroissiales, et ils ne le sont toujours pas. Ils ont longtemps adopté l’idée que toutes les écoles devraient être soumises à l’État et servir les buts de l’État.

Il y a des tas d’écoles publiques qui remplissent leur fonction. Il n’y a qu’un lieu où les enfants peuvent recevoir une éducation catholique. C’est une certaine forme d’intolérance fasciste – tout sous le contrôle de l’état, rien en dehors, rien contre le consensus libéral de l’état – de ne pas permettre à ces quelques écoles de rester ouvertes et libres de fournir le type d’éducation pour lequel elles ont été fondées.


Randall Smith est professeur de théologie (chaire Scanlan) à l’université Saint Thomas de Houston (Texas).

Photo : l’archevêque Salvatore Cordileone de San Francisco


http://www.thecatholicthing.org/2015/02/24/mission-fit-catholic-high-schools/