Actualité tragique et dialogue avec les non-croyants - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Actualité tragique et dialogue avec les non-croyants

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L’actualité tragique du Japon n’empêche pas la marche du monde, même s’il est vrai que, ces jours-ci, il n’est pas facile de vivre, chacun portant à sa façon le poids de la détresse commune. Nous sommes un peu pris à rebours par rapport à l’optimisme progressiste qui domine la modernité, avec une confiance peu mesurée dans la puissance de la science et de la technique. Nous nous trouvons déstabilisés dans nos certitudes, à un point tel que ce que Phillipe Muray appelait, non sans ironie, l’Empire du Bien, se trouve contredit ou mis en doute. Mis en doute par un mal qui le ronge et l’atteint profondément.

Le moment n’est-il pas venu de réfléchir plus sérieusement, plus intensément, à notre condition humaine, à notre fragilité, à notre contingence et à ce que signifie notre vie face aux grandes interrogations ? Ce n’était peut-être pas l’intention première des initiateurs du « parvis des gentils », cette manifestation qui doit se dérouler à Paris les 24 et 25 mars, afin de susciter la rencontre des chrétiens et des non-croyants. Il me semble pourtant difficile d’échapper à cette sollicitation brutale de l’événement. Face à la provocation terrible des éléments, à l’ambiguïté foncière de l’action humaine, les chrétiens sont mis en demeure de rendre compte de l’espérance qui est la leur. Et les non-croyants ne devraient pas être les derniers à les interroger, pour peu qu’ils aient la hantise des agnostiques et même des athées exigeants. Je pense à un Camus ou à un Malraux.

Le parvis des gentils renvoie à cette partie de l’esplanade du temple de Jérusalem, où les païens étaient admis. Benoît XVI en parle dans son livre sur Jésus, en insistant sur ce moment décisif où les païens sont appelés à partager la foi jusqu’ici dévolue au peuple choisi. Nous avons aujourd’hui à faire à un autre paganisme lié à ce qu’on appelle la sécularisation. Un mot à mon sens très ambigu. La sécularisation, c’est la rupture avec la chrétienté d’hier, mais c’est aussi un certain état de la culture marquée par le déni et l’oubli du message biblique et évangélique. Précisément, la dureté des temps ne rend-elle pas sa force de nouveauté à cet héritage qui n’est rien moins que le sel de la terre ?

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 17 mars 2011.