Actes de résilience : Schall et Esolen - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Actes de résilience : Schall et Esolen

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Nous ne cesserons pas d’explorer

Et la fin de toute notre exploration

et nous connaîtrons l’endroit pour la première fois. –

T.S. Eliot,

Quatre Quatuors

Deux contributeurs de longue date à The Catholic Thing viennent de publier des livres sur la résilience. Naturellement pas sur le processus à la mode par lequel des hommes et des femmes surmontent une sorte de dépendance ou une autre, mais sur la récupération plus radicale de ce qui est le plus important : nos âmes et notre civisme.

Les deux valent la peine d’être sauvés.

Out of the Ashes : Rebuilding American Culture/ Hors des cendres  la reconstruction de la culture américaine d’Antony Esolen: est une jérémiade dans le meilleur sens possible du terme. C’est « une lamentation accusatrice » au sujet de l’agression séculière de la gauche sur la réalité, mais une protestation imprégnée de l’esprit du grand « prophète pleureur » lui-même.

Il faut répandre des larmes, non seulement pour les péchés manifestes commis par l’Amérique officielle, mais pour le péché à la base de tous : le faux témoignage. L’orgueil est, dans l’ordre, le premier des péchés, mais, selon l’Ecriture (Proverbes 6), il est suivi par « une langue mensongère. »

Satan est le père des mensonges, et si on lit Out of the Ashes/Hors des cendres on voit clairement l’influence du démon dans la vie moderne. Je ne connais aucun autre écrivain qui puisse présenter ses arguments avec un tel feu et une telle glace. Esolen brûle de passion pour la vérité, même quand il présente froidement son cas contre le mensonge. (Je crains que si j’avais été soumis aux choses que Tony a dû récemment souffrir à l’université Providence, je serais enfermé dans une prison ou dans un asile d’aliénés.)

Comme l’écrit le professeur Esolen : « Le mensonge se précipite pour combler le vide laissé par la vérité qui bat en retraite. » Et ce qui le remplit est une trinité impie, un « dieu trois fois empoisonné » : le moi, le sexe, et l’état. Il y aura des gens – eh bien, il y en aura probablement beaucoup – qui accuseront Esolen d’être extrêmement nostalgique, de languir pour un monde perdu de simplicité et de bonté, qui ne reviendra jamais et qui n’a probablement jamais existé. Ah, mais il sait cela et l’anticipe et le réfute, comme dans sa récitation de questions auxquelles de nombreux jeunes gens du 19e siècle pourraient, bien sûr, répondre.

Quelle est cette étoile rouge et brillante dans le ciel nocturne qui ne reste pas à la même place parmi les constellations ? Si vous vouliez trouver Jupiter dans le ciel, où regarderiez-vous généralement? …Pourquoi les jours sont-ils si courts en hiver ? Si vous vouliez faire des briques, où auriez-vous des chances de trouver une bonne fosse d’argile  ?

Une fois, j’ai interviewé l’historien David McCullough, et après avoir parlé des talents des Pères Fondateurs, hommes capables de construire une nation et une maison, il m’a demandé : « Avez-vous une de ces compétences ? » Je lui ai dit que quand j’avais demandé à mon père professeur de m’enseigner les outils, il m’a conduit au téléphone et m’a remis les pages jaunes.

C’est amusant, n’est-ce pas ? Non. Nous ne sommes ni intelligents ni expérimentés simplement parce que nous savons consulter des références en ligne. Nous bricolons ; nous sirotons. Esolen cite le couplet paradoxal d’Alexandre Pope qui dit qu’un peu de savoir est dangereux : « Car une seule gorgée intoxique le cerveau,/ Mais une bonne boisson nous rend sobres de nouveau. »

Il faut qu’un homme soit sobre pour apprécier l’importance de la beauté, d’une éducation véritablement libérale, de la virilité, de la chasteté, du jeu et du foyer. Les séductions d’une culture de mensonges sont à la fois culturelles et personnelles, ce qui rend essentiel de recouvrer le sentiment que nous sommes des pèlerins, et ne devons jamais oublier l’avertissement du grand prophète : « Mais voyez, vous vous fiez à des paroles trompeuses qui n’ont pas de valeur. » (Jer 7 :8)

Les essais entremêlés (dont plusieurs ont d’abord paru ici dans The Catholic Thing) dans A Line Through the Human Heart : On Sinning & Being Forgiven/Une ligne à travers le cœur de l’homme : du péché et du pardon du Père Schall sont des méditations sur les manières multiples dont nous tombons et de l’amour qui nous relève.

Certaines personnes – en fait, il y en a beaucoup – s’opposent à l’idée de péché parce que cela leur semble suggérer une divinité malveillante, un créateur qui nous donne une existence temporelle seulement, dans certains cas, pour nous condamner à des souffrances éternelles. Mais comme l’écrit le Père Schall :

L’alternative à un monde pécheur, dans lequel nous pouvons pourtant décider ce que nous devons être, n’est probablement pas un monde sans péché. Ce n’est pas un monde du tout.

En ce moment nous sommes dans une période où de nombreux actes autrefois considérés comme des péchés ont été travestis en droits. Vous n’avez pas besoin d’absolution quand vous exercez vos droits. Dans l’un des nombreux aphorismes mémorables qui viennent de l’esprit catholique de Schall : « L’alternative à un monde dans lequel le pardon est possible est, comme nous l’apprenons rapidement, un monde dans lequel il ne l’est pas. »
Nous sommes dans Narnia avant le retour d’Aslani : c’est toujours l’hiver mais jamais Noël.

La lecture de Schall est une éducation. A Line Through the Human Heart met en relation des esprits aussi différents qu’Aristote et Voegelin, Leon Kass et Benoît XVI, Aquin et Nietzsche. Cette dernière source peut paraître incongrue ; elle ne l’est pas. Dans Nietzsche se trouve la source du mécontentement moderniste : le christianisme n’a pas réussi à nous rendre bons, alors allons au-delà du bien et du mal. Ce que Nietzsche – et ses disciples – n’ont pas compris, c’est la rédemption que le Christ apporte.
Le résultat de cet échec est que les gens se comportent sur terre comme s’ils étaient en enfer. Schall :

C’est pourquoi nous sommes les figures les plus intéressantes du cosmos. Nous sommes les êtres de l’univers qui peuvent rejeter ce que nous sommes.

Il y a vingt-cinq chapitres dans ce merveilleux livre. Je suggérerais de lire un chapitre tous les soirs pendant vingt quatre jours plus un, ce qui enrichira votre esprit et nourrira vos rêves.

Le Père Schall termine par un appendice : « Quinze mensonges à la base de notre culture, » ce qui s’inscrit dans la discussion du professeur Esolen dans Out of the Ashes. Je n’ai rendu justice ici ni à l’un ni à l’autre livre, mais, faites-moi confiance ; il faut que vous les lisiez tous les deux.