Hier encore, aux cérémonies du 11 novembre, le Président de la République a dénoncé, entre autres maux, contraires à l’esprit civique et à la concorde nationale, l’extrémisme et le racisme. Comment ne pas l’approuver, en déplorant de la façon la plus résolue tout ce qui est attentatoire à la dignité humaine, et le racisme constitue une abomination à l’égard de laquelle aucune indulgence n’est possible. Les parents ont, de ce point de vue, une responsabilité déterminante à l’égard de leurs enfants, dont ils doivent exiger pour toute personne, quelle que soit son origine, sa couleur, sa différence, le plus scrupuleux respect. J’ajouterai que le racisme n’est pas seul en cause. Il peut y avoir dans les cours de récréation des injures extraordinairement blessantes envers des garçons ou des filles qui deviennent les souffre-douleur de tout un groupe coalisé dans une même méchanceté.
On a beaucoup parlé de ce qu s’était passé à Angers, où une adolescente de douze ans avait insulté Christiane Taubira de la façon la plus grossière. J’espère qu’elle a été sévèrement admonestée par son entourage, mais je ne me permettrais pas d’incriminer ses parents, faute de savoir si on peut réellement leur imputer l’initiative indigne de leur fille. Il faut faire très attention dans ce domaine. Les enfants ont leur univers, pas forcément familier aux adultes. Par ailleurs, il ne faut pas être naïf. Une affaire comme celle d’Angers peut être instrumentalisée à l’excès. Elle peut même devenir une véritable arme de guerre contre un adversaire que l’on veut anéantir moralement. Or, de ce point de vue, rien de plus efficace que l’accusation de racisme pour carboniser quelqu’un.
À partir de cet incident, qu’il fallait bien sûr stigmatiser, toute une campagne s’est développée autour d’une prétendue expansion du racisme, qui pourrait d’autant mieux se développer que les digues morales auraient sauté. On interroge sur le sujet de soi-disant experts qui en rajoutent. Sous-entendu : suivez mon regard. C’est la Manif pour tous qui serait coupable de ce climat délétère. Il y a quelques mois, on voulait qu’elle soit une force menaçante contre la paix civile. Je n’entends pas qu’il n’y ait pas ici ou là des phénomènes pervers et pernicieux. Mais se servir d’eux pour déshonorer son adversaire n’est pas admissible ; l’instrumentalisation du racisme (ou de l’anti-racisme) est tout aussi condamnable que l’insulte raciste.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 12 novembre 2013.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Le Gender pour tous et les droits des parents
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Famille et société