A propos du miracle pour la béatification de Jean-Paul II - France Catholique
Edit Template
Marie dans le plan de Dieu
Edit Template

A propos du miracle pour la béatification de Jean-Paul II

Beaucoup de journaux qui relatent le miracle admis par la congrégation pour les causes des saints en vue de la béatification de Dieu Jean-Paul II ne peuvent s’empêcher de donner la parole à des « spécialistes » sceptiques.
Copier le lien

Quand il s’agit de contester une guérison exceptionnelle, les arguments sont toujours les mêmes. Mon expérience de 11 années en charge du Bureau Médical de Lourdes fait que je les connais d’avance… Je voudrais, une fois encore, les reprendre pour apporter une réponse contradictoire parce qu’il n’y a pas de raison de se laisser marcher sur les pieds et, surtout, pour qu’il n’y ait pas le moindre doute.

La réaction la plus « touchante » est celle du médecin qui soutient naïvement : « Ce n’est pas possible de guérir du Parkinson, donc le miracle est impossible »… ! Pauvre confrère, qui croit tellement à sa science médicale (qui pourtant, on le sait, n’est pas une science exacte !) qu’il ne peut pas admettre la moindre entorse à ce qu’il croit être une vérité intangible. C’est beau cette croyance en la médecine ! Mais il n’a rien compris au miracle, notre bon médecin, parce que le miracle c’est, justement, l’impossible qui se réalise ! Sachez le : « Rien n’est impossible à Dieu ! ».

Et si on criait miracle pour la guérison d’une angine ou d’une grippe, vous ririez bien, cher confrère, et vous moqueriez de nous !

Mais ce qui revient le plus souvent, c’est de soutenir qu’on ne guérit jamais de cette maladie, en l’occurrence de la maladie de Parkinson, et donc que l’on s’était forcément trompé dans le diagnostic initial ! Là, ce n’est pas très confraternel ! Tout d’un coup, parce qu’il y a guérison d’une maladie incurable, on estime que les collègues n’ont pas bien fait leur métier !
Le procédé est non seulement peu élégant, mais surtout éculé : c’est l’argument le plus habituel pour rejeter une évidence, et il ne date pas d’aujourd’hui. En 1902, Alexis Carrel assistait à Lourdes en direct à la véritable résurrection d’une jeune fille mourante, Marie Bailly, atteinte d’une tuberculose généralisée. Il l’avait examinée avant de partir de Lyon en pèlerinage et avait affirmé devant témoins : « Si celle-la revient vivante, je me fais moine ! »

Eh bien, il l’a vue guérir devant la Grotte, se relever de son brancard en quelques instants ; il a consigné sur le champ les signes de guérison qu’il a observés (en particulier l’affaissement soudain de son ventre gonflé par l’ascite tuberculeuse) et en a fait aussitôt un compte rendu au Bureau des constatations. Seulement, de retour à Lyon, il est assailli par les journalistes (déjà !) : là, il perd pied et ne peut faire autrement que de se renier : « Oui, dit-il, j’ai bien assisté à la guérison de Marie Bailly, mais elle ne pouvait pas se remettre aussi brusquement d’une tuberculose : je m’étais bel et bien trompé de diagnostic ! » L’affaire est emballée.
Mais, tout de même intrigué, il reviendra plusieurs fois à Lourdes et n’acceptera ce miracle – car c’en était un véritable (que mon prédécesseur, le Dr Boissarie laissera de côté étant donné le revirement de Carrel…) – que sur la fin de sa vie, après un long combat personnel. Le miracle est signe de contradiction !

Pour revenir au cas de la sœur Marie-Simon-Pierre, à la suite de l’article dans Le Parisien, j’ai reçu un courriel d’un collègue neurologue que je cite : « J’ai été assez « affligé » par les commentaires du neurologue interrogé, avec le triste recours à l’erreur diagnostique. Une précision : les syndromes extrapyramidaux non parkinsoniens (postneuroleptiques par exemple), ne sont jamais unilatéraux. La description du tableau clinique de la patiente avec une atteinte hémicorporelle gauche est quasi pathognomonique d’une authentique maladie de Parkinson. » On ne peut mieux dire !

Et puis, autre argument fallacieux auquel j’ai eu droit en 2005 à l’époque où la sœur a guéri : « Ce n’était évidemment pas un Parkinson, puisqu’on n’en guérit pas, mais peut-être… une forme clinique spontanément curable… » Alors, là, j’aimerais qu’on me présente d’autres formes cliniques de maladie de Parkinson spontanément curables…

Malheureusement il n’y en pas dans toute la littérature médicale !
Enfin, autre argument particulièrement de mauvaise foi : « Tout ça, c’est de la supercherie, de l’hystérie : ce qui n’a rien d’étonnant venant d’une femme, qui plus est d’une « bonne sœur ».» Voilà ce que j’ai entendu aussi en 2005, je ne vous mens pas. Et le pire, c’est que ça ne venait même pas cette fois d’un médecin, mais d’un « écrivain catholique » ou qui se dit tel, dont je tairai le nom trop connu… Pardon, cher esprit critique, avez-vous seulement pris la peine d’entendre ou de lire le témoignage de la sœur ? Si tout le monde était aussi équilibré et paisible, la face du monde changerait ! Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur un si beau miracle, si pur, si juste. Tous les critères nécessaires pour reconnaître un miracle sont ici parfaitement rassemblés. Jean-Paul II méritait un aussi beau miracle !
Heureusement que l’Église tient aux miracles ! Vous ne trouvez pas que la vie serait bien triste et terne si on ne croyait pas aux miracles, spécialement aux miracles de guérison, ceux qui ont le plus de sens, ceux que le Christ a le plus opérés ? « Il n’y a plus de miracles, seulement des modes d’emploi », disait déjà Franz Kafka. à cette réflexion désabusée, je préfère la parole de notre cher pape Benoît XVI : « Le monde a besoin d’une guérison psychique et sociale mais encore plus spirituelle ! »
Comme j’essaye de le faire passer dans mon dernier livre, la guérison miraculeuse est le modèle, l’icône pourrait-on dire, de la guérison véritable, celle qui touche toute la personne, pas seulement dans son être psychosomatique mais aussi spirituel, au niveau du cœur profond, celui dont parle toute l’Écriture Sainte, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse. La guérison miraculeuse touche l’homme dans tout son être, corps, âme et esprit. Elle nous démontre que l’homme, malgré sa condition pécheresse et mortelle, est finalement, contre toute attente, guérissable, elle démontre que la vie est plus forte que la mort.

Les miraculés, qui vivent une véritable renaissance en faisant l’expérience tout émerveillée de la vie de l’esprit en eux, ne préfigurent-ils pas de façon resplendissante ce passage à une vie nouvelle, cette transfiguration que nous avons tous à vivre ?

Oui, nous sommes appelés à guérir : nous le savons, nous ressusciterons tous « un jour » dans toute la plénitude de notre histoire personnelle et communautaire et dans tout notre être. Nous le croyons : c’est la Bonne Nouvelle que, nous chrétiens, avons à proclamer à notre monde pour le sauver de la désespérance.

Les miracles ont initialement pour sens ultime de nous remettre dans cette certitude que nous vivons désormais dans ce monde nouveau inauguré par la Résurrection du Christ.

— –

* Ancien responsable du Bureau médical de Lourdes, auteur de Et si on parlait des miracles, Presses de la Renaissance, Renaissance, 131 p., 12 €, traduit en douze langues ; et de Lourdes : des miracles pour notre guérison, Presses de la Renaissance, 2003, 345 p. 19€.