A propos du Courroux et de la Colère - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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A propos du Courroux et de la Colère

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Contrairement à ce que l’on pourrait penser, « colère » et « courroux », à les considérer attentivement, sont tous deux de bonnes choses. Les deux mots, toutefois, se réfèrent souvent à cette émotion naturelle quand elle est excessivement forte, et n’est pas guidée par la raison. La colère indique une forte réaction. Quand nos pères étaient en colère, nous le savions toujours
Le courroux dépeint quelque chose d’encore plus fort, la différence entre les deux est comparable à celle qui existe entre une pluie torrentielle, et un typhon. Le thème de la colère apparaît dans le livre IV des Ethiques d’Aristote.

C’est une de ces données en nous qui a besoin d’être gouvernée. Il nous faut nous fâcher au bon moment, au bon endroit, à un bon degré et suivant une orientation correcte. Cette émotion devient plus ou moins facilement hors de contrôle selon les personnes. Mais on peut être soit trop exagérément en colère, soit pas assez.

Dans les Ecritures, la colère et le courroux sont attribués à Dieu, en réaction au fait qu’Il n’aime pas ce que font les Hébreux. Il les aime, mais cela ne l’empêche pas de se fâcher contre eux. Yahweh a toujours une bonne raison, et l’une d’elles est qu’ils ont la nuque raide.

Le Psaume 88 dit : « Ton courroux m’a submergé ». Saint Paul dit aux Thessalonissiens : « Dieu ne nous a pas destinés à son courroux, mais au salut. » (1 Th. 5 :9) Cette remarque implique que le « courroux » pouvait être une option tout à fait légitime à cause de nos péchés. Mais le livre de Jonas nous dit que « un Dieu de tendresse et de pitié », est « lent à la colère ». (4 :2) Cette lenteur implique : « N’allons pas trop loin. »

Et dans Ephesiens (4 :26-27) nous lisons : « Si vous êtes en colère, que ce soit sans péché. Le soleil ne doit pas se coucher sur votre courroux ; ne donnez pas au démon une chance de travailler sur vous. » Nous trouvons ici deux types de colère, un avec péché, un sans péché. Mais « le courroux » dans ce contexte, semble quelque chose à quoi il faut faire attention, même s’il est justifié. Il peut mener à des problèmes beaucoup plus graves.

La capacité d’être en colère nous est donnée par la nature elle-même. Cela fait partie du « paquet » d’éléments interdépendants qui constituent ce-que-doit-être-un-être-humain. Sans lui, nous serions inférieurs à ce que nous sommes.

Nous serions boiteux, il nous manquerait quelque chose qui devrait être là. Dis-moi ce qui te fâche, et je te dirai qui tu es. On peut établir la même chose négativement. Dis-moi ce qui ne te fâche pas, et de la même façon, je te dirai qui tu es.

Dans la publicité récente sur la vente de morceaux d’embryons humains, par exemple, les gens étaient fâchés, et même furieux, en apprenant l’existence de ce commerce atroce. Pourtant, souvent, ces mêmes personnes n’étaient pas fâchées par le mal qu’est l’avortement lui-même. Je suppose que c’est quand même mieux que de n’être fâché par aucun des deux. Cela souligne encore le fait qu’une plus ou moins grande colère est proportionnelle à un mal plus ou moins grand.

Dans ma propre expérience dans l’enseignement, j’ai toujours expliqué qu’Aristote traitait de la même façon générale, dans le même livre, la colère et l’envie. L’envie m’a toujours frappé comme un vice beaucoup plus destructeur et courant que la gourmandise à laquelle elle est souvent comparée. La gourmandise est une habitude acquise de ne pas contrôler notre besoin de nourriture ou d’argent. L’envie, comme le dit Thomas d’Aquin, est « tristesse » devant le bien d’un autre que nous ne possédons pas nous-même. Cette définition est très perspicace. A la différence de l’ivrognerie ou de l’accumulation d’argent, cette « tristesse » n’est pas quelque chose de physique, quoique l’envie et la jalousie puisse changer l’expression de notre visage.

Comme l’orgueil, l’envie est plutôt quelque chose de spirituel. On n’y perd rien, on n’y gagne rien. C’est l’estimation intellectuelle des biens de quelqu’un d’autre, que nous ne possédons pas nous même. Le problème n’est pas le bien que l’autre possède vraiment, mais notre « tristesse » ou notre chagrin qu’il le possède. Alors qu’il mérite de l’avoir et que nous le savons.

L’orgueil, en tant que premier péché capital, est de même un désordre purement spirituel. On s’attribue tout à soi-même. Cet élément spirituel est la cause du fait que les anges comme les hommes peuvent souffrir de l’orgueil et de l’envie, alors que les anges ne peuvent pas être gourmands au sens strict du terme.

Et qu’en est-il du courroux et de la colère ? Ce qui maintenant me frappe, c’est que la colère aussi est quelque chose de spirituel. Cela aussi explique qu’on parle du « courroux »  de Dieu. Cela est plus parlant que l’envie. Cela indique le besoin d’une vraie et visible réponse au mal et au désordre, même si nous ne pouvons rien « faire » contre, à cause du libre arbitre et autres. La colère de Dieu n’éradique pas le libre arbitre qui est à l’origine du désordre contre lequel la colère est dirigée.

Voilà pourquoi nous pouvons comprendre que le courroux de Dieu soit dirigé contre notre monde et nos actions, tandis que nous, de notre côté, nous vivons des vies de désordres allégrement, et les encourageons comme des « droits » ou des « diversités ». Encore une fois, cette réaction divine explique le besoin théorique d’un jugement final sur nos péchés. Par lui, la « colère » de Dieu visite ceux qui, dans leur orgueil et leur envie, refusent de vivre dans un autre monde que le leur.

16 février 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/02/16/on-wrath-and-anger/

Tableau : La colère, (Les Sept Péchés capitaux de Jérôme Bosch, c. 1480 – Musée du Prado, Madrid.)