Certes, il y a beaucoup plus grave que des histoires de Femen dans notre actualité française et internationale. Mais il vaut peut-être la peine quand même de dire un mot de la relaxe judiciaire dont les activistes ont bénéficié en dépit de leur intrusion provocatrice dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ce qui est tout de même en cause dans cette affaire, c’est le respect d’un lieu de culte. Respect sur lequel reposent la liberté de conscience et la liberté religieuse. Je sais bien que le tribunal correctionnel avait à déterminer si la responsabilité des Femen pouvait être établie dans la dégradation d’une des nouvelles cloches de Notre-Dame. Il a conclu à un manque de preuves. Cette indulgence contraste avec la sévérité symbolique qui a amené le même tribunal à condamner à des amendes avec sursis trois membres du service d’ordre qui avait dû s’opposer à l’intrusion violente des Femen.
Cette décision du tribunal a immédiatement provoqué de nombreuses réactions indignées. On le comprend aisément. D’ailleurs, le parquet a fait appel sur le champ. Les Femen relaxées n’en ont pas moins crié victoire et promis de poursuivre leur action contre l’Église catholique. J’ai déjà expliqué que j’avais une certaine pitié à l’égard de ces jeunes femmes dont le comportement est très significatif d’un malaise existentiel et de frustrations qui s’expliquent parfois par des raisons profondes, des injustices réelles. Leur style de révolte est néanmoins de type névrotique et peut conduire à de dangereuses dérives dont elles sont les premières victimes. Leur incompréhension totale, du moins apparente, de la dimension religieuse, les déporte vers des manifestations qui marquent plus que de l’intolérance, une véritable haine destructrice.
D’ailleurs, il semble que les Femen soient elles-mêmes en crise, abandonnées par une partie de ceux qui les avaient soutenues dans leurs premières actions et qui les trouvent désormais incontrôlables, dangereuses pour elles-mêmes et pour les autres. Dès lors qu’on a placé son combat sous le signe de la violence, il est difficile d’échapper à la manipulation mentale et à l’enfermement sectaire. Puissent-elles en prendre conscience pour ne pas sombrer dans une consomption nihiliste.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 septembre 2014.