A propos de « Les gars dans la barque » - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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A propos de « Les gars dans la barque »

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David Brooks (« la prochaine guerre culturelle », article du New York Times du 10 juin) mentionnait que la chrétienté décline rapidement ou sera éliminée. La phrase de Brooks pour ce qui subsiste – « les conservateurs sociaux » – est malencontreuse. Comme Chesterton l’a vu il y a plus d’un siècle, de telles personnes « oubliées » seront les seuls « hérétiques » restant. Eux seuls affirmeront que l’herbe est verte (le mariage est le mariage) mais non pas ce que nous choisissons qu’elle soit, selon notre perception volontariste de la réalité : « La révolution sexuelle ne sera pas annulée avant longtemps. La lutte la plus pragmatique est de réparer une société rendue atomisée, impitoyable et inhospitalière. » Cet avertissement a mystérieusement les accents des paroles du pape François.

Après Brooks, j’ai fini le livre de Daniel James Brown « Les gars dans la barque », un récit sur l’équipe de 8 hommes qui a gagné la médaille d’or [d’aviron] aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Dans une note d’auteur, Brown a écrit : « Finalement, de bien des manières, ce livre raconte le long voyage d’un jeune homme qui rentre dans ce qu’il appelle son foyer ; écrire son histoire m’a remis maintes fois en mémoire à quel point personne n’est davantage béni dans son foyer que je le suis. » Brown est marié et a deux filles.

Ceci n’est pas une analyse de cet excellent livre. Un club littéraire du Maryland souhaite que chaque citoyen le lise. Excellent conseil. Ce livre, quel que soit l’angle par lequel vous l’abordez, est franchement contre-culturel. J’hésite à le mentionner, de peur de dissuader certains de le lire.

Brown fait particulièrement attention à la vie de famille de Joe Rantz, le héros du livre, et aux autres équipiers, ainsi qu’à ce qui leur arrive jusqu’à leur mort. Tous se marient sauf un, ils ont des enfants, un foyer, des souvenirs. Le livre est basé sur les souvenirs de la fille de Rantz. Il parle d’hommes, de braves jeunes gens qui, comme bien des touristes, sont tentés de boire trop de bière lors de leur premier voyage en Allemagne. Pourtant, de bien des manières, le livre parle d’épouses, de filles, de sœurs, de mères, dont aucune ne pratique l’aviron. Ce livre comprend le mariage et la façon dont il est relié au sexe, aux enfants, aux pères et mères. Les relations peuvent bien parfois être difficiles, aucun doute n’est laissé sur ce qu’elles devraient être.

Un Anglais du nom de George Pocock est le protagoniste philosophique du livre. Chaque chapitre commence avec une remarque de Pocock sur la majesté de l’aviron. Pocock fabrique les meilleures rames en bois de cèdre pour l’aviron en équipe de huit. C’est aussi un personnage important au QG de l’équipe, à l’université de Washington, où il construit et équipe ses bateaux. L’action du livre tourne autour de Joe Rantz, le barreur de l’équipe. Sa vie de famille a été désorganisée par la mort de sa mère et le remariage de son père, qui lui a donné quatre demi-frères et sœurs. Ses talentueux marâtre et père l’ont délaissé alors qu’il était encore enfant.

En analysant la psychologie de Joe, son insertion dans l’équipe, Pocock comprend ce qui ennuie Joe. C’est sa relation compromise avec son père qui, comme Joe, est pauvre comme Job. Le passage suivant est au cœur du livre :

Que la propre mère de Pocock soit décédée quand il avait six mois a été d’une grande aide. La seconde femme de son père est morte peu d’années plus tard, avant que George n’ait de souvenirs. Il savait ce que c’était que de grandir dans un foyer sans mère, et le gouffre que cela creuse dans le cœur d’un garçon. Il connaissait le combat incessant pour se construire entier, et le manque brûlant qui ne finit jamais. Un peu à la fois, il a commencé à cerner l’essence de Joe Rantz.

Quelle étrange doctrine avons-nous là ? Un garçon a besoin d’une mère, de sa mère ?

Joe Rantz a eu une seule petite amie durant sa jeunesse. Il l’a épousée le jour où tous deux ont été diplômés de l’université de Washington. Durant toutes ces années, Joyce n’a jamais oublié ce que Joe avait subi durant son enfance et elle ne s’est jamais écartée de la promesse qu’elle s’était faite au début de leur relation : arrive ce qui arrive, elle s’assurerait qu’il ne connaîtrait jamais à nouveau une telle épreuve, qu’il ne serait jamais de nouveau abandonné, qu’il aurait toujours un foyer chaud et aimant.

Joyce est décédée avant Joe. Durant sa vieillesse et jusqu’à sa mort, les enfants de Joe ont pris soin de lui.

« La prochaine guerre culturelle ? » L’homme, la femme, les promesses, le travail, les enfants, le foyer, la gloire – ce sont toutes ces choses que nous avons détruites, les choses qu’hommes, femmes, enfants désirent le plus, s’ils veulent vraiment quelque chose, à l’exception d’une seule autre. Pourquoi, s’interrogeait Chesterton, « avons nous la nostalgie du foyer chez nous ? » Si « les gars dans la barque » nous apprend quelque chose, c’est à être ce que nous sommes, nous devons savoir, d’expérience ou d’espérance, ce qu’est un foyer – le père, la mère et leurs enfants. La transcendance passe par le foyer.

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James V. Schall, qui a été professeur à l’université de Georgetown durant 35 ans, est l’un des auteurs catholiques les plus prolifiques en Amérique.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/07/21/on-the-boys-in-the-boat/