À propos de Jérôme Kerviel - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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À propos de Jérôme Kerviel

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Jusqu’à présent, je m’étais gardé de toute intervention sur le cas Jérôme Kerviel, bien qu’il relève de l’extraordinaire et nous renvoie à cet univers fascinant et tout puissant de la finance. C’est tout de même une sacrée affaire que celle d’un employé de banque qui engage la responsabilité directe de celle-ci et l’entraîne dans une opération dont le coût est une perte sèche de 4,9 milliards d’euros. Je ne suis, d’aucune façon apte à juger sur le terrain technique, et même sur celui de la déontologie, le cas Jérôme Kerviel et celui de la Société générale, sa banque qui lui reproche une prise de risques inconsidérée. Je n’ai, par ailleurs, aucune envie de me lancer dans un réquisitoire contre le système bancaire, même si je me pose bien des questions sur l’extrême financiarisation de l’économie et les dysfonctionnements qui ont amené la grave crise de ces dernières années.

J’ai des amis qui ont des fonctions importantes dans ce domaine et je ne soupçonne ni leur compétence, ni leur honnêteté. Il n’empêche que l’aventure de Kerviel prend de singulières dimensions, à la suite de ce périple qui l’a amené place Saint Pierre à Rome auprès du pape François, et qui l’a conduit jusqu’à la frontière française, entouré d’un comité de soutien où figurent un évêque, que je connais bien, Jean-Michel di Falco et un prêtre devenu son compagnon de marche, le père Patrice Gourier. L’Église n’est sans doute pas unanimement engagée, mais la détermination de l’évêque et du prêtre ne laisse pas indifférents. Elle est vivement contestée par ceux qui trouvent insupportable qu’on semble ainsi s’opposer à une décision de justice. Mais la justice elle-même a modifié sa position, avec la décision récente de la cour de cassation qui annule les dommages et intérêts de 4,9 milliards auquel l’ex trader avait été condamné. Par ailleurs, je suis intrigué par l’évolution personnelle de Jérôme Kerviel. Surtout, je serais vivement intéressé par une réflexion de fond, à laquelle participeraient toutes les parties prenantes sur une question déterminante pour la vie de notre société. Celle du rôle et de la finalité de l’instrument financier.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 19 mai 2014.