Est-ce qu’il est raciste de mettre sur liste noire ?
Ou bien est-il raciste de mettre sur liste blanche (lorsque quelqu’un est retiré d’une liste noire) ?
Ou peut-être que c’est tout. Tout est raciste : de commencer et de finir avec les gens avec qui l’on n’est pas d’accord (quel que soit le sujet).
Cette pensée antifa plutôt directe a surgi en moi cette semaine lorsqu’un lecteur de mon site « Essays in Idleness », de l’ouest canadien, l’a trouvé bloqué. Au lieu de l’essai le plus récent, il y avait un message du service de sécurité (privé) du fournisseur d’accès qui fournissait cette ridicule explication :
« Catégorie : haine et racisme »
Par une amusante coïncidence, mon informateur, un prestataire de services en ligne, était familier de ce genre de travaux. Il continue le sujet sur le territoire d’Alice au pays des Merveilles, territoire où des décisions de censure de ce type sont prises, par des gens qui sont « officiellement » intraçables et inaccessibles, également pour « raisons de sécurité ».
Évidemment, par l’octroi de l’anonymat, ceux qui mettent sur liste noire se voient aussi octroyer la possibilité d’agir au-dessus des lois. Si une décision de mise sur liste noire se révèle odieuse et embarrassante pour leur employeur (par exemple si on lui donne beaucoup de publicité), la société reconnaît officiellement « une erreur ». Le fait que les mille petites « erreurs » se produisent toutes à une extrémité de l’hémisphère politique est simplement une de ces coïncidences étranges et répétées, comme l’évolution darwinienne.
En tant que Canadien, moi-même qui écris selon des positions pas toujours politiquement correctes, ce n’était pas vraiment ma première expérience de la liste noire. Ce qui m’a frappé cette fois est la manière désinvolte dont cela s’est fait ; à quel point cette opération à un coup est spécieuse. Le coupable ne prend aucun risque ; et même lorsque son acte est inversé, la salissure qu’il a produite demeure.
Un petit aperçu de notre brillant avenir.
Alors que j’écrivais une chronique dans un journal (du courant dominant), j’ai été mémorablement poursuivi par une plaideuse amatrice d’Ottawa qui a porté contre moi littéralement des centaines de plaintes officielles chronophages contre moi, toutes invariablement futiles. Par sa persévérance, elle a pu faire entendre ses « réclamations » contre moi par le Conseil de la Presse d’Ontario, par exemple, dont l’une comportait l’assertion que ma chronique paraissait dans un journal laïc, même si je me reconnaissais comme « catholique romain ».
La tactique fut efficace. Après plus d’une décennie, fatiguée de la quantité extraordinaire de temps passé et de frais de justice que je leur coûtais pour me défendre, en tant que leur conservateur symbolique, la direction du journal m’a offert une somme d’argent suffisante simplement pour que je m’en allasse. (Son alternative était de me transférer à un travail de bureau.) Je fus critiqué par des alliés pour avoir accepté l’offre.
Mais c’est comme Winston Churchill, qui aurait répondu à la dame au visage aigri qui lui disait que si elle était son épouse, elle aurait mis du poison dans son thé : « Si j’étais votre mari, je le boirais. » (La répartie est en fait beaucoup plus ancienne).
Comme dans beaucoup de mariages, le processus est la punition, et l’objet des gens aigris est de vous épuiser. Ainsi que je l’ai découvert, pour de plus petites cibles dans le monde d’Internet, les attaques en déni de service sont de la routine. Mais les mêmes personnes, intégrées dans des sociétés de service sur Internet, trouvent maintenant que les mots « Haine et racisme », auxquels il est impossible de répondre, sont plus efficaces.
*
Il y a peu de jeux auxquels deux personnes ne peuvent pas jouer ; ou alors mal.
Pour les besoins du raisonnement, laissez-moi observer que tous les gauchistes et les progressistes prennent leurs consignes de Satan, et que chacun est adhérent d’un sabbat de sorcières.
Il y a ceux qui le nient, mais regardez : cette négation même prouve qu’eux aussi travaillent pour les puissances démoniaques.
Pourquoi ne ferions-nous pas passer des lois contre la sorcellerie, comme l’avaient fait les anciens puritains du Massachusetts ? Après tout, les puritains y étaient l’avenir brillant. Et jusqu’à ce que nos manifestations publiques et nos groupes de pression fassent passer ces lois, nous serions justifiés d’utiliser ce que l’on appelle « l’action directe ».
Je peux presque sentir le recul de mes lecteurs. Mais qu’est-ce qui ne va pas, gentil lecteur ? Es-tu partisan de la sorcellerie ? Est-ce que tu ne prendrais pas tes consignes du Diable, toi aussi ?
Si l’on rend les balais illégaux, il n’y a que des sorcières qui chevaucheront des balais. Ou quelque chose comme ça.
À présent, il faut que je fasse un aveu. Moi-même, je brûle vraiment des sorcières. Pourtant, je suis aussi opposé aux opérations « antifa » du genre chemise brune qui sécurisent le monde pour les sorcières. (Bien que je devrais ajouter également les sorciers, ou les féministes vont m’en vouloir, et aussi, les sorcières transgenres).
C’étaient dans les croyances de nos ancêtres, si l’on en revient aux enseignements catholiques des Pères de l’Église, que la prudence doit s’appliquer lorsque l’on fabrique des lois. Il y a beaucoup de choses mauvaises qu’il n’y aurait pas de sens à poursuivre comme des crimes, car il se produirait alors des choses pires encore que si elles restaient légales.
La liberté de parole peut être considérée comme mauvaise, si l’on passe en revue les choses dont on parle librement ces jours-ci. Les supprimer semble une évidence. Mais, l’expérience a prouvé de manière répétée que lorsque l’on fait cette tentative, les résultats sont effroyables.
Les gens les plus haineux et obsédés par la race que l’on puisse imaginer finissent par juger ceux qui ne le sont pas, et prennent plaisir à les condamner pour « haine et racisme ».
Ainsi que Thomas Jefferson l’affirme (ce « gauchiste en limousine » n’est pas mon ex-président préféré), une presse libre n’est pas une jolie chose. Nous pourrions bien avoir besoin de lois dans les cas les plus extrêmes et prêtant à conséquence, mais aussi démontrables, de libelle et de diffamation. Mais nous devons supporter le quotidien, si nous sommes sains d’esprit. Cela me semble être une façon de penser solide, catholique, sur laquelle on peut s’appuyer.
Mais est-elle « activement » catholique ? Est-elle, par exemple, cohérente avec les déclarations des papes depuis un ou deux siècles, ou avec les conseils généraux sur ce qui doit être toléré, issu des Écritures et de la Tradition ?
Laissez-moi répondre de manière provocante : « Oui ». La libre parole humaine – qui est différente de la Liberté avec laquelle parlait le Christ mais n’en est pas complètement disjointe -, est quelque chose dont nous devons nous accommoder. Nous avons eu intérêt, depuis le début et jusqu’à aujourd’hui, à préserver de l’espace pour la discussion publique, au sein de laquelle on peut de temps en temps glisser la Vérité.
Mais il est plus fondamental encore de DIRE cette Vérité, concernant Dieu et l’homme, indépendamment de ce qu’un quelconque censeur juge être publiquement acceptable.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/11/09/on-hate-racism/
Image: La nuit de Walpurgis par Paul Klee, 1935 [Tate, Londres]. En Allemagne, Walpurgisnacht (Avril 30) est le moment où les sorcières se réunissent en haut d’une montagne pour converser intimement avec Satan. Klee pensait aux Nazis qui l’avaient contraint à l’exil deux ans plus tôt.
David Warren est un ancien rédacteur en chef du magazine Idler et chroniqueur pour des journaux canadiens. Il possède une vaste expérience du Proche et de l’Extrême-Orient. Son blog, Essays in Idleness, est maintenant accessible à l’adresse : davidwarrenonline.com.
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Racisme et catholicisme
- SCIENCE ET TOLÉRANCE : THÉORIES « MAGNIFIQUES »
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE