À la traîne derrière les Russes ? - France Catholique
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À la traîne derrière les Russes ?

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Les Russes ont eu plus que leur dose. L’an dernier au Conseil des Droits de l’Homme de Genève, ils lancèrent une procédure devant aboutir à une résolution liant les droits de l’homme aux valeurs traditionnelles. Ils déclenchèrent presque immédiatement un tohu-bohu hostile de la part des opposants habituels: l’Union Européenne, les États-Unis, avec le soutien des O.N.G. spécialistes des « droits de l’homme » et des groupuscules homosexuels.

Les pays occidentaux sont fort habiles à faire échouer ce qu’ils n’aiment pas. Le projet initial de résolution des Russes déclarait que les droits de l’homme ont leurs racines dans la force morale des valeurs traditionnelles. Il comportait un discours sur le droit à la vie, l’importance de la famille dans la société, et le rôle des principales religions, langage qu’on aurait aisément trouvé sous la plume de Tony Perkins [Président du Family Research Council (Conseil de recherche sur la Famille) à Washington].

Les États « penchant à gauche » accusèrent le projet de résolution des Russes de négliger la relation entre les valeurs traditionnelles et les violations des droits de l’homme. En particulier, les États-Unis et quelques pays Européens soutinrent que les droits des femmes, des homosexuels et des transsexuels étaient sapés par les valeurs traditionnelles.
Une nouvelle « étude » fut lancée, et aboutit à effacer toutes les références aux droits de la famille et de la religion. En plus, le nouveau projet visait les valeurs traditionnelles comme destructrices des droits des femmes et des minorités.

Comme d’habitude aux Nations Unies la gauche était contente. Mais pas les Russes, ni beaucoup d’autres. On devait délibérer à Genève sur le nouveau projet la semaine dernière. Et là, les Russes frappèrent un grand coup avec une assurance culturelle conservatrice capable de donner des frissons aux Européens et à la clique LGBT [Lesbiennes, gays, bi- et trans-sexuels] du Département d’État [Affaires Étrangères U.S.].

Les Russes, ignorant superbement les opposants, demandèrent une mise aux voix, et gagnèrent. Ils étaient fort loin d’être seuls. La résolution fut co-signée par plus de soixante gouvernements et fut adoptée par le Conseil des Droits de l’Homme par 25 contre 15, et sept abstentions.

Le nouveau document redonne du souffle aux valeurs traditionnelles pour la compréhension des droits des hommes et montre bien que les droits de l’homme sont universels, et non pas « fluctuants » comme la gauche voudrait faire croire.

Au moment du vote, le Ministre Russe des Affaires Étrangères fit une déclaration que mon collègue de C-FAM [Catholic Family and Human Rights Institute = Institut Catholique de la Famille et des droits de l’homme] Stefano Genarrini a qualifiée de « débordante de confiance ». Il insista: « La Fédération de Russie, en accord avec ceux qui partagent ces opinions, continuera à soutenir au sein du Conseil des Droits de l’Homme le lien intangible entre les droits de l’homme et les valeurs morales traditionelles.»
Poursuivant, il critiqua les actions de l’Union Européenne et des États-Unis, déplorant en particulier « les attitudes négatives de ces pays, leur refus de travailler sur le texte, et les arguments développés contre le projet de résolution. »

Nous assistons à présent aux Nations Unies à un réveil de l’ours Russe dans le domaine social. Beaucoup de gouvernements sont las de l’agressivité de la gauche sexo, maintenant bien incrustée dans la bureaucratie de l’ONU et l’usine à gaz des droits de l’homme.

La plupart des États-membres sont las d’entendre la ritournelle sur la santé sexuelle et sur les « droits ». En fait, lors du récent sommet « Rio+20 » sur l’environnement, la Russie a tracé la voie en rejetant le discours sur les droits « de la reproduction », attitude entraînant la dénonciation par la gauche, y-compris Hillary Clinton, des conclusions de Rio.

Depuis bien des années nous assistons à des tentatives pour accorder à l’homosexualité et à ses variantes de nouvelles protections de la loi internationale. Plus de la moitié des membres de l’Assemblée Générale de l’ONU s’y oppose, et particulièrement la Russie.

Beaucoup de pays sont inquiets, ou même effrayés, à l’idée de tenir tête à la pression. Nombre d’entre eux dépendent des largesses de l’ONU, de l’Union Européenne et des États-Unis. Le Ministère des affaires étrangères US a effectué des démarches à l’ONU et proféré des menaces à propos d’un vote au Conseil des Droits de l’Homme sur les violences à l’encontre d’homosexuels.

La Jamaïque, par exemple, politiquement et culturellement hostile à l’homosexualité, a cédé sous la pression et — sans voter « pour » — s’est réfugiée dans l’abstention.

Mais la Russie n’est pas intimidée par l’ONU, l’Union Européenne ou les U.S. La Russie est essentiellement soucieuse de sa propre dépopulation et a entamé un débat sur la légalité de l’avortement. Le peuple Russe ne trouve pas normale l’homosexualité. Et en même temps, la Russie semble heureuse d’avoir trouvé un champ de bataille face à ses concurrents géopolitiques.
La position en pointe de la Russie est précieuse en de nombreux domaines. Elle soulage la pression exercée sur le Saint-Siège, qui a toujours été mal à l’aise d’être considéré comme le chef de file dans ce combat. Le Saint-Siège préfère apporter un soutien moral, s’exprimer au bon moment — mais pas être en tête. De plus, un fait important : la Russie n’est pas un État musulman. Les États musulmans agissant seuls par le biais de l’Organisation de la Conférence Islamique sont caricaturés en Ayatollahs dans le domaine social.

On pourra rétorquer: « très bien, mais des conservateurs dans le domaine sociétal doivent-ils faire cause commune avec un adversaire des États-Unis en géopolitique ? » On pourra demander si nous avons conscience des troubles internes de la Russie, et que penser de la « révolte des Pussy » ?

Si le monde était parfait, les démocraties occidentales et l’ONU devraient être les plus actifs soutiens des enfants à naître au lieu de promouvoir l’avortement. Défendre le mariage traditionnel au lieu de promouvoir des pratiques sexuelles barbares en « droits de l’homme ».

La Russie est bien loin de la perfection, mais dans le domaine de la politique de société, elle est de nos jours largement meilleure que nous.


Photo : Le drapeau Russe.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/following-the-russians.html