À l'instant choisi par Lui. - France Catholique
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Pâques. La foi des convertis
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À l’instant choisi par Lui.

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Deux jours avant Noël, le Bréviaire du 23 décembre cite un écrit du début du IIIème siècle, par un prêtre romain, St. Hippolyte. Il traite de l’hérésie d’un certain Noetus. Hippolyte était originaire de Smyrne, en Asie Mineure ; il fit le tour du bassin méditerranéen. Pourquoi, peut-on se demander, un tel texte juste avant Noël ? Il s’agit précisément de qui était Jésus, de ce qu’il faisait.
Noetus était dans le sillage du philosophe grec Héraclite et du poète Hésiode.

Selon eux, tout se passe en un flux constant. Noetus tirait de l’Évangile de Jean que le Père devint son propre Fils et souffrit pour nos péchés. La pensée humaine semble perpétuellement tentée, afin de louer Dieu, de négliger le monde et les biens matériels. En toute logique, cette approche rejette aussi toute distinction dans la Divinité.

Hippolyte nous dit qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Les Écritures sont nettes à ce sujet. Voici l’explication initiale d’Hippolyte sur la Trinité: « Le Père a Sa volonté, le Fils pense selon la volonté du Père, acceptant l’enseignement qu’Il veut nous transmettre selon l’Esprit Saint. » On pourrait penser ainsi que le Père décide de créer le Fils.

« Les Saintes Écritures sont pour nous un don de Dieu et devraient être suivies selon Son intention : ne les maltraitons pas en les interprétant selon nos idées préconçues. » Voici un bon conseil. Nous allons au-devant des ennuis si nous imposons nos idées sur Dieu pour qu’Il finisse par être semblable à nous. Mais c’est nous qui avons été créés à Son Image.

« Dieu seul existait, rien que Lui n’existait lorsqu’Il décida de créer le monde. » Ce passage n’est valable que si nous gardons à l’esprit l’idée que la « solitude » philosophique de Dieu énoncée par Aristote ignorait la vie intérieure au sein de la Trinité. Ce qui est vrai. « Il le pensa (le cosmos), le voulut, parla du Verbe, et le créa. Il apparut instantanément, exactement selon Sa volonté. » Cette interprétation semble parfaitement scientifique.

« Il nous suffit d’être conscients d’une chose : l’éternité de Dieu n’est donnée à nul autre. » On pourrait ajouter : « sauf à ce qui est en la Divinité ». Ce préalable amène Hippolyte au Fils : « Tout fut par Lui, et sans Lui rien ne fut.

À l’instant choisi par Lui, de la façon choisie par Lui, Dieu manifesta Son Verbe, et par Lui créa l’univers. » Cette déclaration explique pourquoi on peut dire que le monde, le cosmos, est bâti selon un ordre qui lui est propre selon la volonté de Dieu. C’est cet ordre que nous découvrons quand nous étudions ce qui se passe, comment et pourquoi tout fonctionne — certes pas selon nos désirs.

Le Verbe était « caché » au monde. Envoyant Son propre Fils, le Père a envoyé le Seigneur dans le monde, porteur de Sa pensée. Déclaration frappante, Il a envoyé le Logos — par qui fut créé le monde — dans le monde, Dieu L’a rendu visible, afin que le monde puisse Le voir. « Cette pensée venue dans notre monde nous a été révélée comme le Fils de Dieu Toutes choses sont venues par Lui, mais Lui seul est issu du Père.»

La Loi et les Prophètes nous parviennent du Fils. Ceux qui marchaient derrière le Fils, marqués par l’Esprit Saint, inspirés par la puissance du Père — les Disciples — étaient chargés de proclamer les intentione du Père et Sa volonté.
Ainsi, le Verbe fut manifesté, comme Saint Jean le déclare, quand, résumant les annonces des prophètes Il déclare que c’est par le Verbe que fut créé l’univers.

Dieu Se manifeste toujours à l’instant de Son choix, d’une manière qui Lui est propre. Nous connaissons un « moment choisi par Lui » — du temps de César Auguste, époque où le monde était « en paix ». Nous connaissons le lieu — l’Enfant est né à Bethléem de Judée. Et finalement Il souffrit, mourut, et ressuscita. Noetus répond à la question de la souffrance en faisant entendre que souffre le Père, Lui-même uni en tout à Son Fils.

Alors, pourquoi nous mêler d’Hippolyte, Noetus, Héraclite, au temps de Noël ?

Si nous ne pensons pas convenablement, nous ne croirons pas convenablement. Si nous ne croyons pas convenablement, nous risquons de ne pas penser convenablement.

Par l’envoi de Son Fils dans le monde, le Père, Seigneur du monde, y a envoyé Sa pensée. Peu après, dans le temple, Syméon déclara : « Mes yeux ont vu Ton Salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples. » Ce qu’il nous faut voir, de nos yeux et de nos esprits est la pensée envoyée au monde, le Logos, le Seigneur, le Verbe fait chair.

23 décembre 2014.

Source : At a Moment of His Own Choosing

Tableau : Madone à l’Enfant – Filippino Lippi – 1484