Un modèle pour les évêques - France Catholique
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Un modèle pour les évêques

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Enluminure du XIIIe siècle représentant le meurtre de Thomas Becket.

Enluminure du XIIIe siècle représentant le meurtre de Thomas Becket.

J’ai écrit ici sur saint Thomas More comme modèle pour les laïcs de l’Église catholique. Mais les évêques aussi ont besoin d’un modèle, surtout en ces temps-ci. Après tout, ils sont chargés d’aider leurs ouailles à grandir en sainteté et d’enseigner clairement aux laïcs les vérités de la foi catholique.

Ils sont responsables de ce qui est enseigné dans les écoles catholiques de leur diocèse et, surtout, dans le séminaire diocésain. Ils supervisent également le travail des prêtres dans le diocèse et, si nécessaire, ont le devoir d’exercer la discipline.

Même si un laïc n’entend jamais personnellement l’évêque parler, il ou elle devrait ressentir les effets des conseils et de la supervision de l’évêque sur les prêtres du diocèse, et de sa réponse attentive aux exemples flagrants de fausse prédication, de mauvais exemple, de laxisme moral, d’erreur dans l’exposé de la théologie catholique, ou d’une permissivité dangereuse et destructrice dans la tolérance de styles de vie malsains et de comportements scandaleux au sein des membres du Corps mystique de Dieu.

La clarté dans l’enseignement de l’Évangile, la fidélité dans sa mise en pratique et le courage de dire la vérité à temps et à contretemps devraient être les caractéristiques de tous les évêques. Cela se fait à la fois en proclamant la vérité et en dénonçant le mensonge.

En tant que bergers du troupeau du Christ, les évêques nourrissent les fidèles avec une saine doctrine et les protègent contre les loups qui les menacent. Étant donné la grande importance de leur rôle – et sa difficulté même dans les meilleurs moments – nous devrions prier quotidiennement pour nos évêques.

Le Catéchisme de l’Église catholique a beaucoup à dire sur le rôle crucial de l’évêque dans la vie chrétienne. En tant que membres du Magistère, ils doivent « préserver le peuple de Dieu des déviations et des défections et lui garantir la possibilité objective de professer la vraie foi sans erreur. Ainsi, le devoir pastoral du Magistère a pour but de veiller à ce que le peuple de Dieu demeure dans la vérité qui libère. » (CEC 890)

Le Catéchisme souligne également la mission de l’évêque d’être un exemple de vie chrétienne : « L’évêque et les prêtres sanctifient l’Église par leur prière et leur travail, par leur ministère de la parole et des sacrements » (CEC, 890)

Bien que les talents administratifs et la capacité de gérer un budget de taille significative puissent s’avérer utiles pour gérer la multitude de personnes et de projets qui font partie des diocèses d’aujourd’hui, ils ne figurent pas dans la description de poste initiale d’un évêque et ne compenseront pas tout manquement à la charité, au sacrifice de soi, au courage ou à l’adaptation à l’esprit du temps.

Ceci est particulièrement important aujourd’hui, car l’esprit du temps dans notre propre pays est maintenant si antithétique à la foi et à la pratique chrétiennes. Les pouvoirs en place semblent de plus en plus enclins à forcer des confrontations avec l’Église sur des questions de moralité et de liberté religieuse.

Et c’est là qu’intervient l’exemple de saint Thomas Becket. Becket, confident et chancelier d’Henri II, était intelligent, ambitieux et – jusqu’à ce qu’il devienne archevêque de Canterbury – ne laissait guère présager qu’il finirait martyr pour des principes religieux.

Les défis politiques particuliers auxquels l’Église était confrontée à son époque découlaient de la détermination de l’État à participer à la nomination des évêques et à la gestion de leurs relations avec Rome. Saint Thomas Becket savait exactement dans quoi il s’engageait lorsque, grâce au soutien insistant d’Henri II, il fut choisi comme archevêque de Canterbury.

Quelques années plus tard, il était en exil pour avoir résisté à la réduction des tribunaux ecclésiastiques et à la restriction des droits et de la liberté des évêques imposées par Henri. Après plusieurs années, une réconciliation difficile a eu lieu et Thomas est rentré en Angleterre. Mais la persistance de sa défense énergique des droits de l’Église conduit à la célèbre explosion de colère d’Henri : « Personne ne me débarrassera-t-il de ce prêtre turbulent ? »

Les mots exacts d’Henri et son intention de meurtre – surtout un meurtre qui pouvait aussi directement lui être imputé – peuvent être contestés. Mais quatre chevaliers se lancent à la poursuite de Thomas et l’affrontent dans la cathédrale de Canterbury, où ils lui portent des coups mortels à la tête.

Alors qu’il tombait à terre, on l’entendit dire : « Seigneur, je remets mon esprit entre tes mains. » Et puis, « Pour le nom de Jésus et pour défendre son Église, je suis prêt à mourir. » Quelle fin appropriée pour un successeur des apôtres !

De nombreux évêques au cours des siècles ont donné leur vie en martyrs, mais aucun aux États-Unis, où nous avons eu la chance de jouir d’un haut degré de liberté religieuse. Nous devons tous être prêts à reconnaître, cependant, notre propre moment de vérité, s’il vient, et à y répondre courageusement.

La chrétienté n’existe plus. L’Europe a répudié son long et fructueux mariage avec le christianisme, et ses anciens rejetons coloniaux font de même.

Bien que notre situation soit encore bien meilleure que celle des chrétiens de Syrie, d’Irak et de nombreuses autres parties du monde, elle se détériore rapidement. C’est pourquoi il est si important que les évêques d’aujourd’hui étudient l’exemple de saint Thomas Becket et de tant d’autres martyrs, dont beaucoup étaient membres de l’épiscopat. Pour le chrétien fidèle, le meilleur est toujours à venir, puisque le ciel nous attend.

Il vaut la peine de regarder l’ancienne version cinématographique de Becket, qui a été nominée pour douze Oscars et qui mettait en vedette deux grands acteurs : Richard Burton dans le rôle de Beckett et Peter O’Toole dans celui d’Henry.

En attendant, prions pour nos évêques – et demandons l’intercession de saint Thomas Becket – pour que, quoi qu’il arrive, nos évêques aient le courage d’être des témoins fidèles jusqu’au bout.