La mort de l’astrophysicien Stephen Hawking est pour nous l’occasion de nous incliner devant une personnalité exceptionnelle. Je ne m’aventurerai pas à parler de son travail scientifique, faute de la compétence nécessaire. Mais je retiendrai l’exemple du courage exceptionnel d’un homme qui a su surmonter les pires handicaps de la maladie, en manifestant un génie intellectuel reconnu par ses pairs. À l’heure des jeux paralympiques, on pourrait parler d’une performance physique et morale, mais ce serait insuffisant eu égard à un véritable prodige. Stephen Hawking a, en effet, défié jusqu’aux lois de la médecine, en infirmant toutes les prévisions raisonnables à l’égard de la maladie neurovégétative dont il était affecté. Cette terrible maladie de Charcot semblait le condamner à ne vivre que quelques années de plus. Deux à trois ans, disaient les médecins. Ne déclarait-il pas lui-même : « Mes espoirs ont été réduits à zéro quand j’avais vingt-et-un an. Tout ce qui est arrivé depuis n’est que du bonus. » Ce bonus a duré plus d’un demi-siècle, puisqu’il nous a quittés à soixante-seize ans.
La leçon qu’il nous donne est un défi à la tentation bien contemporaine de l’eugénisme. N’y a-t-il pas aujourd’hui, par les possibilités de la technique, avec le tri des embryons, cette tentation de choisir le type parfait, qui correspond à nos choix, et du même coup une volonté d’éliminer tout ce qui ne correspond pas à nos critères. Mais à ce compte, on a déjà pu démontrer qu’un Beethoven n’aurait jamais eu le droit à l’existence, accumulant tous les défauts génétiques, ceux qui ne se pardonnent pas. Nous garderons, pour notre part, l’image très impressionnante, de cet homme, paralysé dans son fauteuil, privé même de toute parole articulée et ne s’exprimant que par un étonnant synthétiseur vocal. Ainsi l’esprit pouvait-il dominer toutes les faiblesses d’un corps affaibli à l’extrême.
Stephen Hawking, bien qu’il se déclara athée, faisait partie de l’Académie pontificale des sciences. Il avait rencontré quatre papes dans sa vie : Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et François. À noter pour lui la difficulté d’aborder la question de l’origine de l’univers en termes scientifiques. Cela avait amené Jean-Paul II à déclarer qu’en dehors de la création du monde par Dieu, on ne pouvait trouver dans la Bible aucun renseignement sur l’origine et la formation de l’univers. Un univers qui n’est pas le siège des dieux, mais le lieu créé pour servir l’Homme et la gloire du Créateur.