Simone Veil - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Simone Veil

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La seule fois que j’ai vu Simone Veil, c’était à la réception donnée par le cardinal Lustiger le jour de son entrée à l’Académie française. Je n’ai pas été étonné, sachant la proximité de ces deux personnes, marquées à jamais par la tragédie de l’extermination du peuple juif. Toute explication malveillante, serait, en effet, hors de propos. Sur l’avortement, je savais les convictions absolues du cardinal et avais pu les vérifier dans telle circonstance sur laquelle je ne veux pas revenir. Il y avait donc ce fait que Simone Veil était une personnalité exceptionnelle, que l’on ait apprécié ou non ses positions politiques. Ayant vécu ce qu’elle avait vécu dans sa chair et dans son âme à Auschwitz, là où la maman de Jean-Marie Lustiger avait été assassinée, il n’était pas étonnant qu’avec le cardinal il y ait eu une communion qui tenait aux fibres les plus profondes de la survivante et de l’orphelin.

Cela explique d’ailleurs mon trouble, qui n’a pas cessé depuis la dépénalisation de l’avortement en 1975. Giscard d’Estaing avait compris qu’en envoyant Simone Veil sur ce front ô combien délicat, il réalisait un coup de génie. Dans cet exercice, une militante féministe idéologisée aurait été désastreuse. Simone Veil avec son passé de déportée, sa modération, était inattaquable. Quiconque s’opposerait à elle apparaîtrait odieux, voire inhumain. L’opinion, passablement ébranlée par une campagne de sensibilisation très efficace, ne pourrait que plébisciter cette femme courageuse, bientôt convertie par les médias en icône intouchable.

Il y avait le contenu de la loi qui, sur le moment, ne fut pas très bien perçu autant par les adversaires que par les partisans. Contrairement à ce qu’on affirme encore aujourd’hui, l’avortement n’était pas reconnu comme un droit de la femme. Il constituait une sorte de concession compassionnelle, en raison d’une situation critique, douloureuse. Dans le préambule de la loi, le principe de la primauté du respect de la vie était rappelé. Était-ce dû à la pugnacité de Jean Foyer, qui menait alors le combat de l’opposition ? Jean Foyer, ancien garde des Sceaux du général de Gaulle et autre grand ami du cardinal Lustiger. Peut-être ! On connaît la suite. La loi de Simone Veil a été progressivement transformée, voire trahie. L’avortement est devenu un droit inaliénable et toute objection de conscience stigmatisée, au point d’encourir les rigueurs de la répression pénale. Il y avait dans cette évolution une logique initiée, qu’on le veuille ou non, par une transgression majeure. Et c’est Simone Veil qui l’avait permise. Était-ce inévitable ? Il faudra y revenir.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 3 juillet 2017.