La passion des puissances occidentales pour l’avortement et l’euthanasie est littéralement fascinante. Comment expliquer que ces deux sujets figurent si haut dans l’échelle de leurs préoccupations ? On entend, ici et là, quelques hypothèses. Certains avancent que les innovations « sociétales » – comme on dit – sont utilisées par les États mondialisés pour détourner l’opinion des sujets sociaux comme la montée des inégalités, la désindustrialisation, le chaos migratoire, la ruine des services publics. C’est l’effet « diversion ».
D’autres imaginent que ces avancées sont au service de projets de gestion économique de long terme : l’avortement serait ainsi promu pour faire baisser la natalité, et l’euthanasie pour réduire les coûts du vieillissement de la population. Tout cela n’est pas complètement absurde. On ne serait effectivement pas étonné que, d’ici quelque temps, les compagnies d’assurances refusent le remboursement des soins palliatifs mais offrent, avec un grand sourire, la gratuité de l’euthanasie.
Ces explications, toutefois, ne vont pas au fond des choses. La première ne nous dit pas pourquoi ce sont précisément ces sujets-là qui servent de diversion, et non le lancer de nains ou le tatouage rituel. Quant à la seconde, elle prête à nos gouvernants un très peu crédible souci du long terme ! Surtout, l’une et l’autre négligent le fait que les élites dirigeantes et les franges avancées du système économico-médiatique sont sincèrement convaincues de la haute valeur morale de ces innovations sociétales.
La plus haute valeur de l’UE
On ne saurait, là-dessus, les soupçonner de duplicité : l’avortement et l’euthanasie sont vraiment voulus pour eux-mêmes, et de longue main. Les loges maçonniques s’en vantent d’ailleurs suffisamment, qui en préparent l’avènement depuis des décennies – pour ne pas dire des siècles. Le droit à l’avortement est quasiment devenu la plus haute valeur de l’Union européenne, sa fierté devant l’histoire et son message au monde. C’en est au point que l’auteur de la loi sur l’avortement a fait en France l’objet d’une divinisation laïque – elle repose désormais au Panthéon pour ce seul mérite – et que l’on envisage très sérieusement d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution. La mort des enfants dans le ventre de leur mère apparaît ainsi comme devant figurer parmi les plus hautes conquêtes morales de l’humanité, une conquête si précieuse, si fragile, si belle, si chérie, si intangible, qu’il faille la graver dans le marbre de la Loi fondamentale.
Subversion du Décalogue
Il faut donc se rendre à l’évidence : le « sociétal » est tout simplement le sacré contemporain. Nos chefs sont les desservants de ce nouveau culte. Les plus haut placés en sont même, si l’on peut dire, les prophètes puisqu’il leur revient de graver les nouvelles Tables de la Loi, sous la dictée, non de Dieu, mais de la liberté absolue. Car, il faut y venir, le but final est la subversion complète du Décalogue par une humanité révoltée. Bien sûr, les défenseurs de l’euthanasie et de l’avortement, dégoulinant de miel et de pommade, vous parleront de « dignité », de « compassion », de « libre disposition de son corps », mais tous leurs mots sont menteurs : le fœtus n’est pas une partie du corps de la mère, une photographie suffit pour constater qu’il s’agit d’un être humain à part entière ; de même, la dignité d’un être humain ne tient pas à sa beauté, à sa force physique, à son aspect présentable et bien peigné, mais à son existence comme personne, aussi faible et diminuée soit-elle. Et si la compassion doit nous inspirer quelque chose, ce n’est pas de conseiller gentiment aux malades de débarrasser le plancher, mais d’accompagner leurs derniers jours. Hitler aussi parlait de « vie digne d’être vécue » et de « mort miséricordieuse » pour les inutiles.
Une haine inhumaine
Notez bien que les puissances terrestres qui travaillent à renverser la loi de Dieu ne sont pas toujours conscientes du mal qu’elles font. Certaines ignorent vraiment ce qu’est un fœtus. Leur intelligence est mystérieusement obscurcie. Tout se passe comme si elles étaient inclinées, par aveuglement, par confusion intellectuelle, par paresse aussi et par légèreté, à toujours prendre la pente du pire, à toujours délaisser les solutions respectueuses de la personne – comme les soins palliatifs par exemple – pour réclamer le renversement direct et complet des interdits les plus sacrés.
Qui est derrière cette frénésie ? On pourrait dire, à la façon de Mgr Gaume, au XIXe siècle, faisant parler la Révolution : « Je ne suis ni l’émeute, ni le trouble, ni le pillage, ni l’incendie. Je suis la haine de tout ordre que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et Dieu tout ensemble. Je suis Dieu détrôné et l’homme à sa place, l’homme devenant à lui-même sa fin. » Mais c’est encore trop peu dire. Car vouloir ainsi le règne absolu de l’homme, c’est vouloir aussi les conséquences : le massacre à grande échelle, le piétinement des plus faibles, la réduction des invisibles – il faut pour cela une haine de l’humanité dont l’homme lui-même n’est peut-être pas capable en pleine advertance.
Ainsi, comme dit saint Paul : « Ce n’est pas contre des adversaires de chair et de sang que nous avons à combattre, mais contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes » (Ep 6, 12). L’aveuglement des progressistes, après tout, pourrait bien être une menée du Diable qui « cherche à obscurcir la raison de l’homme pour le faire consentir au péché » (saint Thomas d’Aquin, Somme théologique I-II, 80, 2) et qui, à cause de son envie, s’efforce d’empêcher le perfectionnement des hommes. Tout cela n’était-il pas annoncé ? « Quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait mis au monde l’enfant… Furieux contre la femme, le dragon s’en alla faire la guerre au reste de sa descendance, à ceux qui respectent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 13-17).
Pour aller plus loin :
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- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
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- SCIENCE ET TOLÉRANCE : THÉORIES « MAGNIFIQUES »
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