Quel nouveau catholicisme social ? - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Quel nouveau catholicisme social ?

Vice-président de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), Joseph Thouvenel est à l'origine d'un Appel du 9 janvier, publié par nos confrères de La Vie et signé par une vingtaine d'intellectuels chrétiens de tous âges et de différentes sensibilités, pour « un nouveau catholicisme social ». Gérard Leclerc, Tugdual Derville, Patrice de Plunkett, Guillaume de Prémare, Gautier Bès, Denis Moreau, Patrice Obert, Marie-Joëlle Guillaume sont parmi les premiers signataires.
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Lors de ses récentes rencontres avec les maires, le président de la Répu­blique a évoqué quatre « fractures » : sociale, économique, territoriale et démocratique. Ce qui rejoint votre analyse. Le constat est donc partagé ?

Joseph Thouvenel : Presque, car Emmanuel Macron ne dit rien des fractures familiales et culturelles. Pourtant elles sont essentielles. Nous somme un certain nombre à penser que la famille est le socle de la société, le lien premier, d’accueil, d’humanisation, le berceau de la vie et de l’amour. C’est là que l’enfant prend ses repères, forge sa morale, son caractère, apprend le don réciproque fait d’apprentissage de la responsabilité et de la solidarité.

La famille est tout simplement le centre de la vie sociale, l’élément d’équilibre entre dérives individualistes et collectivistes. Depuis des années, elle est attaquée matériellement et dans son essence même : congé parental raboté, avec pour conséquence la chute de la natalité, dénigrement de la structure familiale, présentée comme passéiste alors qu’elle est naturelle. Je crains que le silence présidentiel soit révélateur d’un inquiétant désintérêt pour la famille.

La question sociale est-elle vraiment plus grave qu’au XIXe siècle, ainsi que vous l’affirmez dans votre appel ?

Il y a déjà des similitudes. Voir la dénonciation par Albert de Mun, en 1884, de ces théories économiques « qui ont proposé l’accroissement indéfini de la richesse comme but suprême de l’ambition des hommes, et qui, ne tenant compte que de la valeur échangeable des choses, ont méconnu la nature du travail, en l’avilissant au rang d’une marchandise qui se vend et s’achète au plus bas prix ». Cette critique paraît singulièrement d’actualité. Si certains, à l’époque, pouvaient être aveuglés par le mythe du progrès scientifique gage de bonheur, il est évident aujourd’hui que les avancées de la science ne sont qu’un outil. Qui peut être utilisé à bon escient ou se révéler destructeur.
La technologie numérique et les biotechnologies, alliées à la perte de sens, peuvent basculer au service de la tyrannie. L’achat et la vente d’êtres humains sont banalisés : de riches égoïstes utilisent les progrès médicaux pour chosifier le corps des femmes pauvres. Quand l’esclavage est ainsi réhabilité, transformant l’autre en objet de consommation, imagine-t-on un instant que le corps social n’en sera pas profondément affecté ? Quand la technologie est utilisée pour nier l’humanité de l’autre, c’est tout simplement le retour à la barbarie primaire, « l’électricité en plus » comme aurait dit Lénine.

Retrouver l’intégralité de l’entretien dans notre magazine.