C’est l’histoire d’un projet unique en France. L’histoire de quelques couples d’amis qui, à l’occasion d’un pèlerinage à Rome avec leur curé, en 2016, plaisantent autour d’une bière sur la façon d’agrandir un internat et un patronage gérés par la paroisse. Et qui sont devenus trop petits devant leur succès grandissant.
Apprenant que l’ancien hôpital pluriséculaire Saint-Julien est mis en vente par la mairie, en plein cœur de Laval, ils se prennent à rêver à un projet de plus large dimension que la seule dimension éducative. « Et si nous rachetions Saint-Julien pour y mettre nos jeunes, nos enfants, mais aussi d’autres personnes en situation de fragilité ? » L’idée est lancée, pensée sans limites, puis mise par écrit. Naissent alors, outre le patronage et l’internat, une résidence sénior, un café solidaire ouvert sur la ville et tenu par des personnes handicapées. Ainsi qu’une maison de santé qui permettra aux séniors de bénéficier d’une offre de soins sur place. Avec, au cœur de cet espace de vie, une chapelle, animée par les prêtres de la paroisse, résidents ou de passage.
Les initiateurs du projet prennent rendez-vous avec la mairie, propriétaire des 6 000 m² de l’ancien hôpital et de son parc, sur les bords de la rivière Mayenne. « Nous avons un projet, mais pas d’argent », ose ce groupe d’amis emmené par leur curé. Tels Pier Giorgio Frassati avec sa compagnie des « types louches » qui n’ont qu’un seul objectif : aider les plus fragiles dans la joie et la convivialité. Mais quand la folie rejoint la confiance, la Providence fait le reste.
Au même moment, un entrepreneur sarthois visite Saint-Julien et lâche à son guide, en passant par la magnifique chapelle qui menace de tomber en ruine : « Pourquoi ne confiez-vous pas ces bâtiments à une communauté religieuse ? » Le contact est alors établi avec ces « fous lavallois » déjà fortement engagés professionnellement dans la société civile – on y trouve entre autres un DG, un avocat, une institutrice, un général à la retraite, un expert-comptable, un kiné… L’entrepreneur, Michel Lelièvre, un promoteur immobilier spécialisé dans la rénovation de l’ancien, est touché par le projet de ces chrétiens motivés par le service du bien commun. Lui aussi est rattrapé par ce projet fou. Il décide de mettre l’argent sur la table pour acheter les bâtiments et le terrain au nom de la SCI Saint-Julien dont le Fonds de dotation éponyme, composé des fondateurs du projet, est actionnaire majoritaire.
Aujourd’hui, le projet est en passe de devenir réalité grâce à la motivation de la vingtaine de bénévoles qui réfléchit depuis deux ans au montage de chacun des cinq pôles. Les travaux de rénovation débutent en janvier 2019 et l’ancien hôpital devrait être en mesure d’accueillir, d’ici fin 2020, 300 personnes chaque jour dans ce lieu de vie où respect, bienveillance, paix et foi seront au cœur du projet. Malgré un budget pharaonique – 11 millions d’euros – basé uniquement sur des dons et des emprunts. Mais avec l’espérance chevillée au corps pour ces hommes et ces femmes bénévoles, engagés au nom de leur foi au service des plus petits, et dont la devise annonce déjà la couleur de ce que sera l’Espace Saint-Julien : « Un seul cœur, une seule âme ».
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Jean-Paul Hyvernat
- « Un curé est marié à sa paroisse »
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Du Vrai, du Vécu sur Bernard Baray, ou le centenaire du peintre de L’Isle-Adam, des Cœurs Vaillants et des vies des saints