Parlons censure - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Parlons censure

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A plusieurs reprises, on m’a dit que nous devions faire certaines choses parce que « tout le monde » les fait.

Dans mon jeune âge, j’ai été exposé pour la première fois à cette forme de raisonnement et au revers de la médaille : nous ne devons pas faire certaines choses parce que « personne » ne les fait. Cela m’a frappé comme étant un argument faible. J’ai pris note mentalement de ne jamais l’utiliser.

Mais il est plus fort qu’il n’y paraît au premier abord. Dans n’importe quelle société, si la grande majorité agissait entièrement selon son bon plaisir, on aurait l’anarchie : une authentique anarchie et non celle que Hollywood célèbre dans des films. La vie humaine ne vaudrait pas grand chose, et quiconque désirerait survivre plus d’une journée devrait se déplacer lourdement armé.

C’est peut-être pour cela que Dieu a créé la plupart d’entre nous conformistes, pour cela que le monde est visiblement ordonné, et que l’homme est plus ou moins capable de distinguer le haut du bas, le bien du mal, le beau du laid et ainsi de suite. Mais Dieu nous a également donné la liberté et les conséquences de nos choix, pas seulement pour nous mais également pour les autres.

L’honorable lecteur pourrait soupçonner que j’argumente en faveur de la censure. C’est bien le cas.

C’est dans la nature de toute culture, de toute société, de toute civilisation (choisissez votre arme) d’introduire des panneaux. Ouvrez bien les yeux, et vous pourrez les voir partout, même le long des routes pavées. Nous avons des lois, aussi, pas toujours placardées, mais disponibles à l’examen public. Et il y a des lois non écrites.

Considérez la loi : « tu ne tueras pas ». Elle a été énoncée dans le détail, avec des exceptions, et les meurtres peuvent être jugés dans nos tribunaux mais nous n’avons pas vraiment inventé la loi. Elle était écrite dans nos cœurs ; elle a été inscrite par Moïse sur une tablette longtemps avant notre naissance.

Nous usons du code pénal simplement pour affiner cette « loi naturelle » ; nous utilisons des hommes de loi et des législateurs pour la contourner, cela dut-il se montrer gênant dans certaines circonstances. L’avortement, l’euthanasie et quoi que ce soit qui pourrait suivre font maintenant partie des exceptions.

Liberté est notre mot d’ordre. Etre libéré des enfants, être libéré des grands-parents – partant toujours du principe qu’ils sont indésirables – font maintenant partie de nos « biens » faits de main d’homme. Etre libéré de contraintes telles qu’être un homme ou une femme, être riche ou pauvre, ou de tout autre accident pouvant toucher notre être ont été ajoutés à la liste des mots d’ordre.

Il est vrai qu’il demeure quelques « traditionalistes », dont je suis, qui regrettent la chute de l’ordre moral et parfois, même ceux qui la prônent ont des sursauts de conscience qui nécessitent d’être supprimés. Mais dans l’ensemble, la société est « progressiste ». Nous allons de l’avant pour aller de l’avant.

Dans les temps anciens – je fais référence ici à une quasi antiquité, remontant à mon enfance – nous suivions les idées dont nous avions hérité et gardions secrets nos petits crimes. Aujourd’hui, nous avons commencé à les mettre sur Facebook.

« Pourquoi pas ? »

Récemment, une jeune femme de ma connaissance a décidé de se tuer. Elle avait le cancer ; les choses ne se présentaient pas bien. Son cas m’a choqué de deux façons particulières. D’abord, c’était une âme courageuse qui exerçait un excellent métier où l’on fait face à l’adversité. Deuxièmement, elle faisait partie du courant « conservateur » et avait gaiement subi les foudres pour des opinions « politiquement incorrectes ». Elle avait même des penchants pour le christianisme.

Pourtant, elle a subitement opté pour le plan de sortie, et a rapidement trouvé des « appuis » parmi ses « amis » qui se sont rassemblés autour du lit d’exécution avec des sourires d’encouragement. Quand j’ai posé des questions, en tête à tête, sur son choix entre la vie et la mort, son argument était en effet : « tout le monde le fait ».

L’infamie est tombée dans l’oubli, s’est évanouie. Les avocats du meurtre des vieux et des malades, même jeunes et dépressifs, ont balayé l’infamie. Retourner la loi devient un jeu d’enfant. Et par la même occasion, la loi a été changée, déprécier la vie humaine devenant un important « pas en avant », la majeure partie de la société s’est laissée convaincre.

Dans un certain sens, « tout le monde le fait ». C’est commode. Ils ne se font pas tous exécuter, car certains instincts humains ont survécu, mais ces « tout le monde » voudraient avoir le « choix » s’ils se trouvaient le désirer.

La souffrance n’est pas drôle. Je l’admets. La notion selon laquelle elle pourrait avoir une raison morale, et pas uniquement physique, s’est éteinte. L’idée que le suicide est « le meurtre de soi-même » est maintenant tournée en ridicule. Les vieilles lois qui l’interdisaient ne pouvaient plus être imposées (la personne commettant le suicide s’en sortant impunément, d’un point de vue désinvolte). Elles ne pouvaient punir que ceux qui « aidaient ».

Beaucoup de choses autrefois « impensables » étaient pensables depuis le début. Le meurtre est un bon exemple. L’infanticide, par exemple, est quelque chose qui a dû passer par la tête de nombreuses mères quand leurs enfants s’insurgeaient. Mais à la place on pique une crise, on va jusqu’à casser quelque chose ou on tourne la chose en plaisanterie. Vous ne voudriez pas vraiment faire ce qui était « impensable ».

C’était impensable de justesse, parce que les lois de Dieu étaient renforcées par les lois de l’Etat et de la culture. Vous n’alliez pas par là parce que « personne n’y va ». Excepté ceux qui le faisaient et devenaient en conséquence tristement célèbres.

Parmi les parodies de la Droite (laissons un instant la Gauche de côté), il y a cette idée que la censure est l’ennemie de la liberté. Ceux de cette tendance sont enclins à déclarer que tout le monde a droit à son opinion, à l’exception de ceux qui crient « au feu ! » dans les cinémas. Laissons tous ceux qui ne sont pas d’accord avec quelque chose argumenter, et ensuite nous voterons.

Nous devrions avoir appris de notre équipée sauvage depuis les années soixante (ou depuis le Jardin d’Eden, au cas où nous souhaiterions remonter à la source) que cette vision est naïve. Certaines choses auraient dû rester aussi « impensables » qu’elles l’étaient dans ces temps anciens, oppressivement chrétiens, quand les contestataires étaient « censurés ».

Il n’y a rien de mal dans la censure. Même les tenants de la Gauche sont fiers de ce qu’ils censurent : le racisme, le sexisme, la transphobie et autres. Malheureusement, avec leurs définitions perverses, ils donnent une mauvaise image de la censure.

La véritable question n’est pas de savoir si la censure est une bonne chose, mais de savoir ce que nous devrions censurer.

David Warren est ancien rédacteur du magazine Idler et chroniqueur dans des journaux canadiens. Il a une profonde expérience du Proche-Orient et de l’Extrême-Orient.

Illustration : « Une famille malheureuse ou Le suicide » par Octave Tassaert, 1852 [musée Fabre, Montpellier, France]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/04/26/on-censorship/