Des lecteurs malicieux qui collectionnent mes articles m’écrivent parfois pour savoir si, par hasard, le texte numéro tant ne serait pas en contradiction avec le numéro tant ?
C’est ainsi que M. Gardair (Bordeaux) me demande si l’article que j’avais consacré à l’Homme de Boskop (l’Homme plus humain que l’Homme), ne supposait pas déjà qu’une autre espèce humaine, différente de la nôtre, nous avait précédés en Afrique australe, et si, par conséquent, ce que j’ai dit récemment sur l’Homme de Néandertal considéré comme « autre espèce humaine » (le Deuxième homme, FcE n° 1558) ne venait pas tout mélanger. « L’Homme de Boskop n’aurait-il été qu’un canular ? » demande M. Gardair1.
Certes non, ce n’est pas un canular ! On en a trouvé de nombreux exemplaires, à Gamble’s Cave, à Naivasha, à Taforalt, à Fish Hoek, etc., dans la même région d’Afrique australe. Mais ce type d’homme, qui avait un cerveau très supérieur en moyenne au nôtre, était un Homo sapiens sapiens. Il était « plus évolué » morphologiquement que nous, sans quitter notre lignée, c’est-à-dire que nous ressemblons plus que lui à des singes ! (a). Evidemment, on se demande pourquoi il n’a pas survécu, plutôt que nous. Peut-être était-il adapté à un futur trop perdu dans le lointain ? Dix autres hypothèses pour le moins viennent à l’esprit, aussi incertaines les unes que les autres. L’Homme de Boskop témoigne du mystère de l’homme et de ses origines. Dans le cadre général de l’évolution, il n’a rien de particulièrement surprenant : c’est même une règle que, dans une famille d’êtres donnée, certaines lignées évoluent plus vite que d’autres, disparaissent ou l’emportent. Loren Eiseley, qui a beaucoup étudié l’Homme de Boskop, se demande s’il ne préfigure pas notre propre destinée : ne disparaîtronsnous pas nous aussi après l’avoir « rattrapé » ? Mais ce n’est là (et Eiseley le sait) qu’un songe majestueux et terrible, que rien ne prouve2.
Et même, si l’on y réfléchit, le propre de l’homme, c’est d’être inadapté. Ou mieux encore : c’est d’être adapté au futur. Car, que voyons-nous ? Que tout notre effort vise à changer notre condition, à l’« améliorer ».
L’Histoire prouve, par sa seule existence, que le royaume de l’homme n’est pas de ce monde. Ou au moins que son royaume se situe dans la part inaccessible de ce monde, celle qui n’existe pas encore, le Futur. Le lecteur, dont la pensée va plus vite que ma pointe Bic, m’aura même déjà corrigé : ce futur vers lequel toujours nous courons, nous savons bien qu’en aucun cas il ne saurait nous assouvir ! Les auteurs de littérature fantastique ont mille fois imaginé (b) des sociétés « parfaites », où la douleur et la mort ont été maîtrisées, où tout amour est partagé, d’où tous les tourments de l’humaine nature ont été bannis.
J’aime bien certains de ces auteurs, et notamment celui que je cite en note, et parfois je me prends à rêver que je vis dans leurs utopies. Mais, même en rêve, cela ne saurait durer. Très vite, j’en reviens à me poser les questions que ce monde-ci ne saurait résoudre : comment me débarrasser de ce corps mortel ? Comment atteindre au Bien parfait, infini ? Et, dès lors, je me dis que, décidément, s’il est bon de vivre, il ne l’est pas moins de vieillir, de voir cette immense fantasmagorie perdre son éclat, s’éteindre, mourir. Donec in te requiescam…3
Il faut respecter le mystère de l’Homme de Boskop, puisque nous ne pouvons imaginer ses pensées. « Il y a plus de choses dans le ciel et sur la Terre, Horatio, que dans toute votre philosophie. » Et « il y
a plusieurs maisons dans le royaume »4. Pour en revenir à la question précise de M. Gardair, ces « hommes du futur », qui ont habité l’Afrique australe il y a 8 000 ou 10 000 ans, n’étaient qu’une pointe avancée et éteinte prématurément de notre famille sapiens sapiens. Si les plus récentes suppositions sur 1’Homme de Néandertal sont exactes, le cas de celui-ci est bien plus troublant, puisqu’il n’appartiendrait pas à la lignée qui aboutit à l’homme actuel. Cet homme au cerveau très développé, qui ensevelissait ses morts en les entourant des symboles de la survie, de la croyance en une âme immortelle et de l’amour qu’il leur avait porté, cependant aurait une origine différente de la nôtre5.
Les schémas que les préhistoriens prêtent à son arbre généalogique semblent ne rejoindre le nôtre, en remontant vers le passé, qu’à des niveaux très anciens, qu’on ne saurait dire « humains », sans d’inextricables discussions sur ce que l’on entend par « humain ». Notre cousinage remonterait dans le passé jusqu’à des époques où l’homme vrai n’existait encore nulle part. Hâtons-nous d’ajouter que ces schémas ne relèvent que de la conjecture. Ce qui semble à peu près certain, c’est que nous sommes plus anciens que lui. Il serait parvenu à l’humanité après nous. Mais, même de cela, il est prudent de douter encore, nous rappelant ce que disait l’abbé Breuil du berceau de l’humanité, que c’est un berceau à roulettes6.
À propos des datations de la paléontologie, un autre lecteur, M. P. Ray, de Versailles, dit la perplexité que lui inspire le rapprochement de la définition que j’ai souvent donnée de l’évolution : « L’ordre dans lequel les fossiles sont disposés dans les roches », avec un texte paru dans Science et Vie (c), où l’auteur explique que « les constituants minéraux des roches (étant) rarement significatifs d’une époque, certains fossiles constituent, au contraire, d’excellents repères stratigraphiques. Alors, demande M. Ray, « j’aimerais savoir si c’est l’âge des roches qui permet de constater que les fossiles sont disposés dans un ordre de complexité croissante ou si c’est l’hypothèse de cette complexité croissante qui permet de dater les roches contenant les fossiles ».
Excellente question ! N’y aurait-il pas là quelque énorme pétition de principe ? Ne se serait-on pas, par hasard, mis l’idée de l’évolution en tête parce qu’on aurait d’abord classé les roches d’après leurs fossiles ?
Mais non. Le rédacteur de Science et Vie a parfaitement raison d’écrire, que c’est grâce aux fossiles que, dans la pratique la plus courante, on identifie les repères stratigraphiques, c’est-à-dire que l’on repère les niveaux d’une roche. Si l’on procède ainsi, c’est qu’on sait par ailleurs que le fossile est un parfait repère, et que le fossile est facile à reconnaître. Mais, « par ailleurs », qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que, quand la roche n’a pas bougé, quand ses strates superposées sont couchées bien proprement l’une sur l’autre comme les pages d’un livre, comme cela se voit magnifiquement, par exemple, dans le grand canyon du Colorado, aux États-Unis, on voit au premier coup d’œil ce que j’ai dit : les fossiles les plus « évolués » sont en haut, les moins « évolués » en bas.
Tous les endroits privilégiés du monde (en France, les Causses, par exemple), où l’on peut observer une stratification plane, que rien n’est venu bouleverser, se confirment les uns les autres par leurs fossiles. À des milliers de kilomètres de distance, on voit les mêmes êtres au même niveau. Comme ces empilements ne sont jamais exactement contemporains, ils permettent, en se recouvrant les uns les autres par le haut et par le bas, de connaître l’empilement tout entier qui, sauf erreur, n’a subsisté nulle part.
Cette reconstruction de l’empilement tout entier, un géologue est capable de la faire n’importe où dans le monde. Les résultats sont identiques (aux différences paléoclimatiques près). Elle est confirmée par les nombreux autres procédés de datation (d). Aussi, pourrait-on remplacer le mot « évolution » par celui de « chronologie ».
Personne ne le fera, car cette chronologie montre qu’il y a eu évolution : les êtres vivants actuels descendent des fossiles. Je dirais d’ailleurs plutôt qu’ils en montent, puisqu’ils sont de plus en plus complexes à mesure que le temps, avec la lente majesté d’une action divine, s’écoule. C’est là le grand mystère de tout ce qui vit. C’est là que la science ouvre à d’autres pensées.
Aimé MICHEL
(a) Voir le chapitre de L. Eiseley dans le livre de W. L. Thomas : Fossil Man and Human Evolution (Chicago University Press, 1956).
(b) Par exemple dans certains épisodes du Cycle du fleuve, de l’écrivain américain Philip José Farmer, où l’auteur parvient (mais en vain) à contenter même les nostalgiques du passé.
(c) Science et Vie, numéro spécial Minéraux et Fossiles, 1976, p. 114.
(d) On trouvera un exposé simple et complet des méthodes de datation dans le livre du professeur de Cayeux : la Science de la Terre (Bordas, Paris, 1969, page 71 et suivantes)7.
Chronique n° 263 parue dans France Catholique-Ecclesia – N° 1562 – 19 novembre 1976
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— Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 1er juin 2015
— Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 1er juin 2015
- Je ne connais pas de chronique intitulée l’Homme plus humain que l’Homme (m’aurait-elle échappé ? cela n’est pas impossible quoique cela me surprenne ; peut-être qu’il ne s’agit pas d’un titre mais du simple rappel du sujet ?) Quoi qu’il en soit, c’est au moins la troisième fois qu’Aimé Michel revient sur cet Homme de Boskop. La première fois c’est dans la chronique n° 99, Le futur antérieur – Sur la pluralité des mondes, l’Incarnation et un “homme du futur” tôt disparu (31.10.2011) où il aborde la question avec assez de détail. La seconde fois c’est dans la chronique n° 122, Les préhumanités : question pour l’homme – La découverte du crâne KNM-ER-1470 et l’inévitabilité d’un homme (07.05.2012) et la troisième dans la n° 258, Le pot au noir de l’ascendance humaine – De l’asymétrie des acides aminés au peuplement de l’Amérique (11.05.2015). Quant à l’autre chronique citée par le lecteur, la n° 260, Le deuxième homme – L’homme de Neandertal, où il n’est pas question de l’Homme de Boskop, elle a été mise en ligne il y a deux semaines.
- J’ai signalé dans la première des chroniques citées dans la note précédente (n° 99) et rappelé dans les deux autres que la thèse de « l’homme du futur » de Loren Eiseley et de ses émules avait été critiquée par Ronald Singer dès 1958. Dans son article, Singer contestait l’existence des « hommes de Boskop ». Selon lui, il s’agissait d’un regroupement artificiel dû à la sélection d’un petit ensemble de gros crânes prélevés dans un plus vaste échantillon de crânes de tailles diverses. J’ignore si Loren Eiseley a répondu à la critique de Ronald Singer (elle est postérieure aux deux textes d’Eiseley : son chapitre dans l’ouvrage universitaire de 1956 que cite Aimé Michel en note a, et son livre L’immense voyage qui est de 1957) mais je peux sans difficulté me faire son avocat posthume (Eiseley est mort en 1977). Je ne contesterai pas l’interprétation de Ronald Singer qui n’est pas dépourvue de vraisemblance et qui montre bien au passage les difficultés soulevées par l’étude de vestiges fossiles. Mais cela ôte-t-il toute valeur aux observations de Loren Eiseley ? Je n’en suis pas si sûr. Relisons en effet sa description (j’en donne de larges extraits dans la note 3 de la chronique n° 99) qui établit la rétraction du visage, le vaste front, « le crâne et le visage sont dans le rapport étonnant de cinq à un » contre trois à un chez un Européen, l’étroitesse de la base du crâne, la mâchoire petite, les dents également petites « joliment proportionnées à leurs mâchoires délicates ». Ce n’est pas simplement parce que leur cerveau est plus volumineux que ces spécimens doivent retenir notre attention, c’est à cause de l’ensemble de leurs caractères. Tous ces caractères sont corrélés entre eux et correspondent précisément à ce que deviendrait le crâne humain si l’on extrapolait les tendances évolutives qui se sont manifestées jusqu’ici dans notre lignée. C’est pour cela qu’on peut les qualifier de « plus évolués ». Comme le résume fort bien Aimé Michel « non seulement le cerveau de ces hommes était plus évolué que le nôtre, mais il en est de même de leurs autres traits, en particulier de la forme de leur front, de celle de leur mâchoire, de celle de leurs dents ». Peu importe si tous les individus n’ont pas manifesté tous les caractères décrits par Eiseley, cela ne diminue en rien l’intérêt de ceux qui l’ont fait. L’extrapolation vers le futur de ces tendances n’était qu’une expérience de pensée mais ces fossiles sud-africains en offrent la réalisation effective, c’est un cadeau inattendu de la nature à accueillir avec l’attention qu’il mérite. Mais ce n’est pas là son seul intérêt. Loren Eiseley mentionne sans insister deux autres enseignements de ces crânes. Le premier est que « ceux qui soutiennent l’opinion que, par la suite du volume crânien atteint aujourd’hui et d’un pelvis limité, le cerveau de l’homme ne peut plus grandir davantage, sont dans l’erreur ». En effet, la tête du bébé humain ne peut guère être plus grosse à la naissance, mais rien ne lui interdit de continuer à grossir après. Le second enseignement est de plus grande portée : « Leurs dents menues, leurs mâchoires, écrit-il, sont le témoignage d’une hâte à se transformer, étrange et interne » (c’est moi qui souligne), « aucun élément de leur environnement ne les explique ». Eiseley suggère ici que l’évolution n’est pas sous la seule dépendance de l’environnement mais obéit aussi à une logique interne. En l’occurrence certains ensembles de gènes déterminent l’ordre, la vitesse et la durée de croissance de différentes parties de la tête au cours de l’ontogenèse. Le même mécanisme génétique qui développe le haut du crâne et accroît le volume du cerveau, réduit la taille du visage et des mâchoires. Ce mécanisme semble lancé depuis des millions d’années, largement indifférent aux conditions du milieu tout en étant bien sûr toujours sous la dépendance de la sélection qui élimine les individus et les espèces les moins bien adaptés.
- Donec in te requiescam : jusqu’à ce qu’en toi je repose.
- À Horatio surpris de voir le spectre de son père, Hamlet rappelle (acte I, scène 5 de la pièce éponyme) que la réalité (le ciel et la terre) est bien plus vaste que ce qu’on en connait (la philosophie). Peu avant son arrestation, Jésus annonce à ses disciples « je ne suis plus avec vous que pour peu de temps » puis déclare (évangile de Jean, chap. 14, v. 2) : « Il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon Père ; sinon, vous aurais-je dit que je vais vous préparer une place ? ». Ces paroles empruntent de mystère évoquent un au-delà du monde d’ici, le monde de l’esprit, à la fois vaste et divers, bien différent du Ciel de nos imaginations.
- Plusieurs de ces affirmations n’ont pas été confirmées par les recherches ultérieures, à commencer par la dernière. Comme on l’a vu il y a deux semaines (voir note 8 de la chronique n° 260), l’homme de Néandertal et l’homme moderne sont tous deux issus de la même souche, à savoir Homo erectus qu’on appelait jadis pithécanthrope (homme-singe en grec). On admet que les Néandertaliens ensevelissaient leurs morts, mais les entouraient-ils aussi des symboles de la survie ? Certains préhistoriens en doutent qui, par exemple, contestent le lit de fleurs du squelette Shanidar 4 (voir note 10 de la chronique n° 260) et soutiennent que les pollens analysés par Arlette Leroi-Gourhan auraient été apportés par le vent. D’autres rejettent cette explication, comme Yves Coppens (lors de son cours du 26 mai dernier à l’Institut de Paléontologie Humaine à Paris, auquel j’assistai) car si le vent était en cause on s’attendrait à un mélange de pollens ce qui n’est pas le cas (Yves Coppens fustige au passage « les réfutateurs trop humains pour être honnêtes » qui en semant le doute acquièrent une notoriété imméritée). Quoi qu’il en soit, la dernière qualité énumérée par Aimé Michel, l’amour porté non à un défunt mais à un proche vivant, a pu recevoir confirmation grâce à un autre squelette de cette même caverne de Shanidar dans le Kurdistan irakien. Son examen approfondi a permis de faire des constatations remarquables dont on a tiré des déductions que Sherlock Holmes n’aurait pas reniées. Voici ces constatations telles qu’elles sont rapportées par Erik Trinkaus et Pat Shipman dans Les hommes de Neandertal (traduit de l’américain par Jacqueline Henry, préface de Yves Coppens, Éd. du Seuil, Paris, 1996 ; livre qui raconte l’histoire de leur découverte et des représentations changeantes qu’on s’en fit). Ce squelette, le premier à avoir été exhumé, était celui d’un homme de 30 à 45 ans au moment de la mort, un âge fort avancé pour un homme préhistorique car peu de Néandertals vivaient jusqu’à 40 ans et pratiquement aucun n’atteignait 50 ans. Pourtant la vie de cet homme avait été très dure. Ses os révélaient de nombreuses et sérieuses fractures, toutes cicatrisées. Il avait reçu un coup sur le côté gauche de la tête qui avait fracturé l’orbite, déplacé l’œil et probablement provoqué une cécité de ce côté. Il avait aussi subi un coup violent sur le côté droit du corps qui avait si sévèrement abimé le bras droit qu’il en était tout atrophié et inutilisable ; les os de l’omoplate, de la clavicule et de l’avant-bras étaient plus petits et plus fins que du côté gauche. Le bras et la main droite manquaient, probablement pas en raison d’une mauvaise préservation du fossile mais plutôt d’une atrophie avec perte ou d’une amputation. Le pied droit et la jambe étaient aussi lésés. Le pied présentait une fracture cicatrisée d’un de ses os associée à une maladie dégénérative avancée de plusieurs os de la cheville et du gros orteil, ce qui devait limiter sa mobilité et la rendre très douloureuse. Le genou droit et diverses parties de la jambe gauche présentaient aussi des lésions pathologiques provenant du même trauma ou résultant de la claudication imposée par les lésions du pied et de la jambe droite. Selon Ralph Solecki, un homme si sévèrement blessé n’aurait pas pu survivre sans soins ni soutien. Que le bras droit ait été blessé intentionnellement ou non, un homme manchot, borgne et estropié n’aurait pu chasser ou trouver sa nourriture. Qu’il ait pu survivre plusieurs années après son trauma témoigne de la compassion et de l’humanité de l’homme de Néandertal. Cette interprétation contribua beaucoup à faire oublier celle de Marcellin Boule d’un Néandertal simiesque. Des découvertes ultérieures sont venues confirmer l’interprétation de Solecki, comme le crâne de Salé (Maroc) étudié par J.-J. Hublin, daté d’environ 400 000 ans. Il s’agit du crâne d’une jeune femme née fortement handicapée par une paralysie partielle du cou, et les restes d’Atapuerca (Espagne), datés de 500 000, de deux jeunes adultes, l’un sourd, l’autre atteint d’inflammation osseuse (J.-J. Hublin et B. Seytre, Quand d’autres hommes peuplaient la terre, Champs Sciences n° 998, Flammarion, Paris, 2011, p. 127)
- Le berceau à roulette s’est stabilisé en Afrique depuis quelques dizaines d’années. Les arguments en faveur de cette thèse longtemps controversée sont fondés sur l’étude d’un nombre croissant de fossiles et l’analyse génétique des populations humaines actuelles.
- Les méthodes physiques de datation ont l’avantage d’exprimer le temps en années, alors que les méthodes antérieures fondées sur l’empilement des couches (stratigraphie) ne donnaient qu’une chronologie relative. Les plus fiables sont les méthodes nucléaires (carbone 14, uranium 234/thorium 230, potassium/argon…) mais il en existe bien d’autres : dendrochronologie (cernes annuels des arbres), paléomagnétisme (conservation dans les argiles cuites de l’orientation changeante du champ magnétique de la Terre), racémisation des acides aminés (voir chronique n° 258), thermoluminescence et résonance de spin électronique (mesures de l’irradiation reçue), etc. Chacune de ces méthodes a son domaine d’application propre et ses limitations. On en trouvera une présentation d’ensemble par Georgette Delibrias dans J. Garanger, dir., La Préhistoire dans le monde, PUF, 1992, pp. 141-162, ou sur le site http://www.hominides.com/html/dossiers/methode-datation.php par exemple. Sur l’éminent géologue André de Cayeux, voir par exemple la note 9 de la chronique n° 257, Le Dieu des savants, mise en ligne le 25.02.2013.