Les preuves historiques de l'existence du Christ - France Catholique
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Marie, secours des chrétiens
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Les preuves historiques de l’existence du Christ

Philosophe, Frédéric Guillaud démontre non sans humour que la thèse reprise par Michel Onfray est démentie par les faits et par les historiens, croyants ou non. Vrai homme et vrai Dieu, Jésus n’est pas un être de fiction !
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Jésus parmi les docteurs, 1587, Frans Francken, cathédrale d’Anvers, Belgique.

Jésus parmi les docteurs, 1587, Frans Francken, cathédrale d’Anvers, Belgique.

Ce n’est pas la première fois que Michel Onfray parle de Jésus. Il l’avait déjà fait dans son Traité d’athéologie (2005), dans Décadence (2017) et, très récemment, dans Anima (2023). Notre essayiste y revient – encore – avec Théorie de Jésus. On aurait pu espérer quelques nouveautés. Mais non. L’ouvrage est tout entier consacré à défendre la même thèse : l’inexistence historique de Jésus.

Je ne voudrais pas abuser de l’argument d’autorité, mais cette vieille lune a le même degré de crédibilité au sein du monde universitaire – je veux dire au sein des biblistes, des philologues, des archéologues – que l’astrologie, par exemple. Même les idéologues soviétiques, à la fin des années 1960, avaient fini par reconnaître que nier l’existence de Jésus était trop absurde pour qu’on poursuive dans cette impasse : « La propagande athée des années 1920 à 1940, lisait-on dans la revue Novy Mir en 1968, s’est trompée de direction, en reprenant servilement les thèses de l’anticléricalisme bourgeois contre l’existence de Jésus. »

« Méthode hypercritique »

Pourtant, Onfray persiste et signe. « Il n’existe, écrit-il, aucune preuve de l’existence historique de Jésus dans les textes des historiens juifs ou romains contemporains du siècle incriminé ou du siècle suivant. » C’est faux, puisqu’on dispose de neuf sources non chrétiennes des Ier et IIe siècles, fort bien établies, qui évoquent le Christ : Flavius Josèphe, Tacite, Suétone, Pline le Jeune, Celse, Galien, Lucien de Samosate, Mara Bar Serapion et le Talmud de Babylone. Face à cela, Onfray adopte ce que les historiens nomment la « méthode hypercritique » : tout témoignage, aussi sûr soit-il, est par principe révoqué en doute, accusé gratuitement d’être un faux, un truquage, le colportage de ragots ou une interpolation tardive – interpoler consistant à introduire dans un texte des mots qui n’y figuraient pas.

Par l’application systématique d’une telle méthode, on pourrait mettre en doute l’existence d’à peu près n’importe quel personnage historique de l’Antiquité. Aussi, pour que le procédé ne soit pas trop voyant, Onfray a la prudence de laisser croire à ses lecteurs qu’il n’existe que trois sources, au lieu de neuf. Ce faisant, il oublie par exemple de citer Celse, un violent polémiste anti-chrétien qui, bizarrement, n’a jamais songé à nier l’existence du Christ et dont il est peu probable que les œuvres aient été fabriquées par des faussaires médiévaux.

Le « Talmud de Babylone »

Mais Onfray oublie surtout les écrits juifs, en particulier le Talmud de Babylone – un commentaire de la Torah – qui évoque la condamnation et l’exécution de Jésus la veille du jour de Pâques, dans le Traité du Sanhédrin (43a). Il serait en effet bien difficile de faire croire que les juifs, dont la tradition ne s’est jamais interrompue, ignoraient ce qui se passait dans la Jérusalem du Ier siècle. Quant à prétendre que les écrits de la Synagogue ont été trafiqués par de méchants moines catholiques, il y a un pas que Michel Onfray lui-même se garde de franchir. Le mieux est donc de faire comme si tout cela n’existait pas. Mais voilà : cela existe. Et Jésus aussi.

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