Les chrétiens devant la révolte - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Les chrétiens devant la révolte

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Notre excellent confrère Henrik Lindell s’indigne de l’absence de réaction officielle de notre Église face à la révolte des gilets jaunes. Mgr Xavier Malle, évêque de Gap, lui répond par une belle citation de Frédéric Ozanam : « Car si la question qui agite aujourd’hui le monde autour de nous n’est ni une question de personnes ni une question de formes politiques, mais une question sociale ; si c’est la lutte de ceux qui n’ont rien et de ceux qui ont trop, si c’est le choc violent de l’opulence et de la pauvreté qui fait trembler le sol sous nos pas, notre devoir, à nous chrétiens, est de nous interposer entre ces ennemis irréconciliables. » (1836)

L’indication est précieuse, car l’exemple de ce catholique du XIXe siècle, béatifié par Jean-Paul II à l’occasion des JMJ de Paris, est typique d’un engagement social inspiré par une sérieuse réflexion à la lumière de l’Évangile. La situation critique de notre pays exige sans aucun doute au plus vite l’engagement des chrétiens sur le terrain, plus que des déclarations de principe qui ne rejoindraient pas vraiment une société qui attend d’abord des solutions de sortie de crise.

On peut, certes, envisager une déclaration justifiée par la gravité des événements, appelant à la paix civile, au dialogue social en référence aux obligations propres à l’État et à celles propres aux parties en conflit. Serait-elle entendue ? Ce n’est pas certain et il y aurait sans doute des initiatives prioritaires qui seraient bienvenues dans le contexte actuel. Pensons notamment à la connaissance précise du terrain de la France périphérique, tel que le définit un Christophe Guilluy. Nos diocèses ruraux en font partie intégralement et leurs évêques ne cessent de le labourer, en liaison avec les prêtres et les fidèles, proches de toutes ses réalités, ses responsables et la vie quotidienne des habitants. Ils pourraient être consultés avec profit par les autorités civiles, dans le cadre des consultations qu’Emmanuel Macron et son gouvernement envisagent.

Par ailleurs, les chrétiens solidaires des revendications des gilets jaunes, du fait même de la culture qui est celle de la doctrine sociale de l’Église, devraient être en quête des médiations qui manquent aujourd’hui cruellement au mouvement. Jacques Julliard écrit à juste titre dans son carnet du Figaro : « Leur incapacité à s’organiser, à faire régner l’ordre dans leurs propres rangs, à formuler des revendications et à désigner des représentants pour les porter, c’est le degré zéro de l’intelligence sociale. » Sans vouloir revendiquer le moins du monde on ne sait quel leadership, n’y a-t-il pas un appel particulier non à dominer mais à servir, en aidant la revendication à se structurer, à clarifier ses objectifs et entrer dans les cadres d’une négociation raisonnable ?

L’esprit de l’Évangile peut inspirer ainsi des hommes et des femmes de bonne volonté, en aidant par priorité la révolte actuelle à ne pas s’enliser dans une guerre civile qui est la pire des solutions.