Le père Michel Sales - France Catholique
Edit Template
Funérailles catholiques : un temps de conversion
Edit Template

Le père Michel Sales

Copier le lien

Lundi matin, dans l’église Saint-Ignace des pères jésuites de Paris, une assemblée fervente entourait le cardinal André Vingt-Trois pour la célébration des obsèques du père Michel Sales. Michel Sales, une très belle figure de prêtre, de religieux et de théologien ! Dans ce moment difficile pour l’Église de France, il nous est bon, sans doute, de méditer sur le sens de l’existence d’une telle personnalité pour échapper à un climat de dénigrement, parfois mêlé de quelque masochisme. Il est vrai que dans son cas, il était difficile d’attirer les projecteurs des médias. Son souci n’était sûrement pas de briller aux yeux du monde, lui qui avait passé son temps à l’étude désintéressée de la pensée chrétienne. Personnellement, c’est dans la proximité du cardinal de Lubac que j’ai connu le père Sales. Il était déjà privé de la vue, et c’était toujours assisté d’un compagnon qui le guidait qu’on le rencontrait dans les couloirs de la rue de Grenelle et là où il exerçait son activité.

Cette cécité n’empêchait pas l’étude. J’étais étonné de la précision et de l’étendue de son information, lorsqu’il m’est arrivé de le consulter. Rien ne lui échappait. Il avait une connaissance imparable de l’œuvre de ses deux grands maîtres : Henri de Lubac déjà nommé et Gaston Fessard, indissociable du premier. C’est Michel Sales qui avait publié le livre posthume de Fessard intitulé Le mystère de la société. Il lui avait donné une longue introduction où il replaçait l’ouvrage dans l’économie générale de la pensée du théologien. Nulle réflexion ne pouvait être plus précieuse dans la controverse des dernières années sur la famille et le mariage. Bien au-delà de toute la littérature contemporaine, il retrouvait les assises philosophiques et anthropologiques de l’amour humain, en les référant au dessein de Dieu, sans lequel cet amour ne saurait s’accomplir.

Ainsi le labeur du théologien, avec l’enseignement qui le prolongeait au centre Sèvres ou à la faculté Notre-Dame, n’était pas voué au huis clos universitaire. Il avait la vertu d’éclairer tous les chrétiens en quête d’approfondissement, ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté, en recherche du sens de leur présence en ce monde.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 mai 2016.